Matmour «Comme Steven Gerrard, je paye l’après-Mondial»

Matmour  «Comme Steven Gerrard, je paye l’après-Mondial»

«Je me suis battu pour cette EN» l«Benchikha ne m’a pas encore téléphoné» > «Le Maroc ? Je n’attends qu’un signe…»

Il a été l’un des éléments les plus brillants de l’équipe nationale lors des éliminatoires jumelées CAN et CM-2012. Karim Matmour a été un des artisans de l’historique qualification de l’Algérie au Mondial sud-africain.



Joueur professionnel jusqu’aux bouts des ongles, Karim Matmour, qui a souffert tout au long de la saison, nous parle dans cet entretien de ses déboires, de ses ennuis et du contrecoup qu’il a subi cette année. Mais l’homme est très fort mentalement et résiste avec force conviction aux vents contraires. Aujourd’hui, pour notre Matmour national, le plus dur est passé et l’avenir ne pourra lui être qu’ensoleillé.

– Mönchengladbach est pratiquement sûr de jouer en Bundeslinga 2 la saison prochaine. Un commentaire ?

– Il reste quand même un mince espoir, mais espoir quand même. Mathématiquement, nous ne sommes pas encore relégués, alors on va se battre jusqu’au bout. Ne dit-on pas tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir ? Alors c’est cet espoir qui nous donne encore de la force pour nous battre jusqu’à la fin et de tout faire pour tenter de sauver le club de la relégation.

– Vous avez été très discret cette saison, on ne vous a pratiquement pas vu du tout. Après une saison euphorique avec l’EN, vous avez connu par la suite beaucoup de difficultés à faire la Une, qu’est-ce qui s’est passé ?

– Il ne s’est rien passé si ce n’est un contrecoup que j’ai reçu. Du moins c’est ce que je me dis quand je vois la saison que je fais. Et puis, les années d’après Coupe du monde sont généralement comme cela pour certains joueurs. J’en veux pour preuve ce qui arrive à Steven Gerrard qui, lui aussi, vit des moments compliqués. Il n’y a pas que lui, d’autres joueurs en Bundesliga sont dans le même cas. J’avais des ennuis de santé. Je me suis blessé et ensuite le club avait fait des changements en mon absence. Des choix que je respecte, mais qui ont fait que je perde ma place. C’est comme ça, j’ai fait des choix, je les assume, un point c’est tout. Je ne vais pas remettre en question certains de mes choix faits avec force conviction.

– Justement, on connaissait Matmour, un des pions essentiels du Borussia Mönchengladbach, et subitement, vous ne l’êtes plus…

– Comme je viens de vous le dire, j’étais blessé. Entre-temps, le club avait opéré des changements dans l’équipe, et là, j’ai perdu ma place, mais je ne me lamente pas sur mon sort. Il y a plus important dans la vie. Quand je vois ce qui se passe dans le monde, je me dis que vaut ma petite personne devant les graves événements qui secouent le monde actuellement, le Japon et tous les malheurs que vivent les gens

là-bas ? Voyez-vous, aujourd’hui, moi, je relativise et je me dis qu’il y aura certainement des jours meilleurs. Dans la vie, il faut savoir prendre du recul par rapport à certaines choses, c’est ce que je fais. Mais mon travail, je le fais et je le fais quotidiennement avec toute la rigueur voulue, ce n’est pas parce que je ne joue pas que je vais m’arrêter de travailler ou de ne pas le faire comme il se doit.

En tout cas, et pour l’anecdote, sachez que cette semaine, j’ai joué vendredi et samedi. Vendredi, j’étais avec l’équipe première à Mayence, j’ai joué quelques petites minutes vers la fin. Nous sommes rentrés la nuit même à Mönchengladbach que nous avons rallié à 3h30. Je suis rentré chez moi pour dormir un peu et à 14h j’ai joué avec la réserve tout le match. Cela m’a fait beaucoup de bien parce que ça me fait quand même un temps de jeu dans les jambes. Ceci pour vous dire que je suis compétitif et fin prêt. Dieu merci, mes ennuis de santé sont oubliés. Je suis en forme, je touche du bois.

– Vous êtes passé par des moments difficiles quand même, même si on relativise tout le temps…

– Oui, mais cela fait partie aussi de la vie d’un footballeur. Il y a des hauts et des bas. Et quand on est au plus mal, il faut savoir relativiser et faire en sorte que tout va, parce qu’il y aura forcément du soleil après la pluie.

– Est-ce que vous avez eu des contacts avec le sélectionneur ?

– Non, aucun. Avec des gens de la Fédération, oui. J’ai eu quelques-uns au téléphone, mais pas le sélectionneur.

L’équipe nationale vous manque-t-elle ?

– (Il pousse un long soupir) Oui… Beaucoup. Je me suis battu pour cette équipe. Je me suis tellement battu qu’elle est en moi aujourd’hui. Comment pourrais-je vivre sans elle ? Cette équipe, je me suis battu pour elle et je me suis battu pour la rejoindre, parce que cela ne fut pas facile comme le pensent les gens. Et puis, j’y ai pris mes quartiers. J’yai vécu des moments très forts, alors comment pourrais-je ne pas ressentir ce manque, moi qui n’y ai plus joué depuis pratiquement une année maintenant ?

Pourquoi vous dites que vous vous êtes battu pour rejoindre l’équipe nationale ?

– Parce que dans mon club, on m’avait dit qu’ils souhaiteraient me garder au club, alors que j’avais une CAN et une Coupe du monde à disputer. Disons que je suis parti un peu malgré eux. Donc, il a fallu livrer bataille pour pouvoir jouer ces deux importantes compétitions. C’est pourquoi je vous dis aujourd’hui que je me suis battu pour rejoindre cette équipe nationale.

– Si l’équipe vous manque beaucoup, sachez que vous aussi vous lui manquez. Beaucoup d’observateurs ne voient pas cette sélection jouer le match retour au Maroc sans vous. Un commentaire ?

– Cela me fait chaud au cœur d’entendre des choses pareilles, cela me comble aussi. Mais j’aimerais savoir ce qu’en pense le sélectionneur, parce c’est lui, et lui seul, qui établit la liste des joueurs à convoquer, c’est lui qui fait l’équipe. Bon, je ne vais pas dire que ça ne me fait pas plaisir de savoir qu’on pense que je dois être présent pour le match retour contre le Maroc.

– En abordant cet important match justement, vous êtes prêt à le jouer si toutefois vous serez convoqué ?

– Oui, bien sûr que je suis prêt. Je n’ai aucune contrainte, ni un quelconque empêchement. Je n’attends qu’un signe du sélectionneur. C’est un match important et j’aimerais tant apporter un plus à l’équipe.

Mais je dois, une fois de plus, vous rappeler que c’est au sélectionneur que revient la décision de me prendre pour ce match ou pas. Moi, pour ma part, je me sens parfaitement apte pour ce match. Sachant que l’équipe me manque beaucoup, je n’en serai que ravi de revenir en sélection, c’est une autre aventure qui commence et je n’aimerai pas être loin de l’équipe nationale, du moins je ne souhaite pas être en marge si vous voyez ce que je veux dire. Mais ce match est encore loin, il ne sert à rien de trop y penser. Il est dans un coin dans ma tête, mais chaque chose en son temps.

– Le sélectionneur ne vous a pas contacté. Mais on imagine qu’avec les joueurs, le contact n’a jamais été rompu…

– C’est sûr. Et puis, quand je disais à chaque fois qu’on m’interviewait qu’il y a une bonne ambiance dans l’équipe nationale, ce n’était pas que des paroles. Croyez-moi, avec les joueurs, du moins beaucoup d’entre eux, je n’entretiens pas seulement des relations professionnelles, mais bien plus que ça. Avec certains, j’ai des relations fraternelles, des relations familiales même. A partir de là, il est évident que le contact n’est jamais rompu entre nous. Pour moi, cette équipe nationale est une seconde famille. Quand je dis cela, je le dis dans le sens très profond du terme, parce qu’en équipe nationale, je me sens réellement chez moi, dans ma propre famille, ce n’est pas juste une expression, mais un fait réel.

– Vous êtes toujours lié par un contrat au Borussia Mönchengladbach, mais ne rentrant pas dans les plans de l’entraîneur, on pense que vous allez «bouger» cet été. Un commentaire ?

– J’ai un contrat qui court jusqu’en juin 2012 et croyez-moi, je compte bien l’honorer. De toutes les façons, pour l’instant, je ne me pose pas du tout la question de bouger ou pas. J’ai d’autres préoccupations aujourd’hui. Je ne vais pas m’encombrer avec un transfert, sachant que je suis encore sous contrat.

– Pourtant, sur un site spécialisé, football365 précisément, on a lu ce matin que trois clubs s’intéressent à vous, à savoir Alicante, Sochaux et Lorient…

– Première nouvelle. En ce qui me concerne, je n’ai pas connaissance de cet intérêt. Pour moi, il n’y a rien de tout cela, parce que comme je viens de vous le dire, je suis encore sous contrat et bouger n’est pas ma priorité.

– Même si vous ne jouez pas souvent ?

– Je ne joue pas maintenant, mais là on parle de l’année prochaine. Les équipes, du moins beaucoup d’entre elles, n’ont pas encore défini les objectifs de l’année prochaine et nul ne sait de quoi sera fait demain, alors… Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, je continue à travailler comme je l’ai toujours fait. On verra bien ce que nous réserve l’avenir.

Matmour joue 90 minutes avec les U23 du Borussia !

Après n’avoir pris part, vendredi dernier, qu’à une petite minute de jeu face à Mayence, Karim Matmour a été convoqué par l’entraîneur des U23 de Mönchengladbach pour le match de dimanche dernier dans le championnat de cette catégorie.

L’ailier droit de l’EN, qui manque terriblement de temps de jeu, a bénéficié de 90 bonnes minutes qui doivent être prises du bon côté, puisqu’elles lui permettent de renouer avec la compétition, lui qui ne joue presque plus avec l’équipe première du Borussia. Il n’est pas à écarter que c’est le sélectionneur national lui-même qui aurait demandé au joueur d’essayer de jouer des rencontres même avec la réserve afin de gagner des minutes de jeu bénéfiques pour le reste de la saison et surtout pour les Verts qui sont à quelques semaines d’un match important face au Maroc.