Karim Matmour a été l’un des grands absents algériens du match Algérie- Maroc. Non pas qu’il soit blessé ou convalescent, tels Meghni, Halliche, Guedioura et Kadir, mais son faible temps de jeu avec le Borussia Mönchengladbach avait contraint le sélectionneur, Abdelhak Benchikha, à prendre la décision de ne pas le convoquer. Il ne s’en offusque pas et, après avoir suivi le match dans la peau d’un supporter, il compte bien être sur le terrain pour la confrontation retour.
On connaît Karim Matmour le joueur international, mais on ne connaît pas Karim Matmour le supporter des Verts. Racontez-nous comment vous avez vécu le match Algérie-Maroc…
(Rire) J’étais intérieurement très nerveux. C’est vrai que ce n’était pas du tout la même chose de regarder la sélection nationale jouer en spectateur, de loin. J’avoue même que, autant je suis serein et calme avant un match en tant que joueur, autant j’ai eu beaucoup de stress dans ma posture de supporter. Cela n’a pas été facile pour moi.
Vous avez suivi le match en famille ?

Non. J’étais avec des amis algériens dans un café à Düsseldorf. C’était sympa de regarder le match en groupe, mais aussi stressant. L’essentiel est que la victoire était au bout.
Réagissiez-vous comme le font les supporters, en vociférant, en chantant, en pestant contre un geste qui rate une passe, en vous tenant parfois la tête et en restant debout durant les dernières minutes du match ?
Vous le savez, je suis quelqu’un qui ne s’extériorise pas beaucoup, même dans ses moments-là. Mon stress était plutôt intériorisé. Il faut dire aussi que je voyais le match avec un regard différent de celui des supporters. Ces derniers s’empressent de porter des critiques et de se mettre en colère après un joueur, alors que moi, pour avoir connu les situations que mes coéquipiers vivaient sur le terrain, je savais pourquoi ils étaient amenés à faire ce qu’ils faisaient. Sur le terrain, dans le réel, le football se joue plus rapidement que lorsqu’on le regarde à la télévision. C’est facile de critiquer en étant bien au chaud devant son téléviseur, mais il faut savoir qu’un joueur vit des situations plus complexes que ce qu’on croit et il n’a parfois qu’une fraction de seconde pour prendre une décision.
Vous qui connaissez bien vos coéquipiers, leur potentiel et les difficultés qui surviennent dans ce genre de matches, comment appréciez-vous, avec du recul, leur prestation d’ensemble ?
On l’avait dit et répété avant ce match : l’essentiel était de gagner. Donc, il ne fallait pas être trop regardant sur la manière. Je retiens que l’équipe a fait une prestation solide et a bien tenu le coup. Déjà, après le but, je me suis dit qu’il fallait fermer le jeu et préserver le score plutôt que de prendre des risques qui pourraient se révéler fatals. Je pense que l’équipe a bien rempli la mission qui lui a été assignée. A présent, il faudra confirmer lors des prochains matchs.
Il y avait un nouveau joueur dans l’équipe, Mehdi Mostefa, qui en était à sa première titularisation en match officiel à un poste, arrière droit, où vous aviez déjà évolué en sélection. Que pensez-vous de sa prestation ?
Pour la précision, j’évoluais en sélection en poste d’arrière de couloir dans une configuration de 3-5-2 et non pas en défenseur latéral, comme Mehdi Mostefa. Cela dit, j’estime que, pour une première titularisation, il s’en est très bien sorti, surtout qu’il avait en face de lui un joueur de talent, Taarabt.
Même si vous n’avez pas été convoqué pour ce match, vous étiez certainement en contact avec vos coéquipiers. Etiez-vous convaincu qu’ils allaient montre preuve d’autant de combativité comme au bon vieux temps ?
Oui, je le savais bien avant le match. J’étais sûr qu’ils allaient se donner à fond car ils étaient raiment très motivés. Je craignais seulement une chose : que cette volonté de tout donner leur joue un mauvais tour sur le plan physique à la fin du match. Parfois, on veut tellement bien faire qu’on en perd ses moyens. Heureusement, les joueurs ont bien géré leurs efforts et tout s’est bien passé.
Ne craignez-vous pas qu’au match retour, ce soit les Marocains qui seront les plus motivés ?
C’est encore trop tôt pour se prononcer, mais je pense que nos joueurs savent ce qui les attend et ce qu’ils doivent faire pour bien négocier ce match. Je ne veux pas me poser la question de savoir comment les Marocains vont jouer. Ce qui est le plus important, c’est que notre équipe joue avec la même hargne, la même détermination et la même force.
Le coach national, Abdelhak Benchikha, vous a-t-il appelé ?
Il m’avait appelé plusieurs fois avant le match contre le Maroc, mais plus rien depuis. C’était sans doute normal parce que le prochain stage est encore loin. Cela dit, je refuse qu’on se focalise dès à présent sur ce match retour. Il reste encore deux mois et les joueurs ont des engagements avec leurs clubs. Je pense qu’il ne faut pas se prendre la tête avec ce match, quitte à en faire une montagne.
Quand même, vous ne cacherez pas que ce match occupe quand même une partie de vos pensées avec l’espoir d’y être convoqué !
C’est sûr que j’aimerais défendre les couleurs de mon pays, comme je l’ai toujours fait avec cœur et abnégation. C’est un devoir patriotique. C’était toujours avec honneur que de jouer pour la sélection. J’attends avec impatience d’être convoqué de nouveau. Cela dit, si cela ne se fait pas, je n’en ferai pas un drame. J’ai toujours eu comme credo de respecter les décisions des entraîneurs. Je respecterai donc la décision de Abdelhak Benchikha, tout en me mettant à sa disposition.
Si vous n’avez pas été convoqué pour le match de Annaba face au Maroc, c’est parce que vous ne jouez pas beaucoup avec votre club, le Borussia Mönchengladbach. Pensez-vous que ça va changer ?
Vous m’excuserez, mais je souhaite ne pas évoquer ma situation au sein de mon club.
Etes-vous quand même optimiste quant à la possibilité de voir Mönchengladbach se maintenir en Bundesliga (le club est lanterne rouge du championnat allemand, ndlr) ?
Mathématiquement, tout reste possible, surtout que nous ne sommes qu’à 5 points seulement de la position de barragiste. Cependant, il est impératif pour nous de battre Cologne ce week-end. Si nous n’obtenons pas la victoire, ce sera psychologiquement très dur. Confiant, oui je le suis car mes coéquipiers sont motivés pour bien terminer la saison.
Depuis le début de l’an 2011, plusieurs joueurs algériens ont retrouvé leur forme après des blessures ou des passages à vide : Yahia, Ziani, Ghezzal, Yebda, Mesbah, Lacen, Djebbour… Vous attendiez-vous à ce retour en forme ?
Pour moi, cela ne constitue nullement une surprise pour une raison bien simple : quand un joueur prouve sa valeur, il ne peut pas devenir mauvais du jour au lendemain. Chaque joueur est appelé à passer, au cours de sa carrière par des périodes difficiles. Je vis ce genre de situation actuellement, mais je sais que ce n’est pas irréversible. Il vient toujours le moment où chacun retrouve son vrai niveau. Moi, j’ai toujours cru en la valeur du joueur algérien, qu’il évolue en Europe ou en Algérie.
Optimiste donc pour un prochain retour en forme de Halliche, Meghni, Kadir et Guedioura ?
Je n’ai vraiment pas d’inquiétude à ce sujet. Ils reviendront très forts, comme ils l’étaient ou même mieux. Je connais assez leur mental et leur potentiel pour en être convaincu.