L’attaquant algérien de l’Eintracht Francfort, Karim Matmour, est actuellement en stage avec son équipe à Doha. Nous avons profité de sa présence dans la capitale qatarie pour converser un moment avec lui.
Comme à son habitude, Matmour répond sans détour et n’élude aucune question. Il nous parle de sa rencontre avec Belhadj, Ziani et Meghni et nous fait une comparaison entre le football européen et le championnat qatari. Par ailleurs, il évoque l’amère élimination des Verts de la CAN et parle du futur de l’équipe nationale algérienne.
– Dans quelles conditions s’effectue votre préparation, ici à Doha ?
– Et bien, on s’entraîne dans de bonnes conditions, il y a des moyens de préparation ici au Qatar que certains pays en Europe n’ont pas. Donc, vous conviendrez que nous sommes dans de très bonnes conditions pour nous préparer. Vous n’êtes pas sans savoir que les conditions climatiques actuelles en Europe ne nous permettent pas de nous préparer comme il se doit.
– Vous n’avez pas été trop utilisé lors de la phase aller. On imagine un peu votre envie de reprendre votre place dans le onze ?
– Pour moi, il y a plusieurs paramètres dans le football. Si je n’ai pas trop joué, c’est justement il y a eu un de ces paramètres défavorables qui a fait que je ne sois pas trop utilisé. Je n’étais pas au point, ni physiquement ni mentalement, mais aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre. Comme vous devez le savoir déjà, j’ai été opéré du nez qui m’a pris beaucoup d’énergie et m’a affaibli. Donc voilà, je n’étais pas au mieux de ma forme. Mais là, j’ai récupéré, je me sens mieux, je suis à cent pour cent, j’ai de bonnes sensations. Bien sûr que je vais travailler d’arrache-pied pour être dans le onze majeur et pour arracher une place qui me permettra d’avoir un temps de jeu assez conséquent.
– Le sélectionneur a souvent martelé qu’avec lui, il va se passer des services des joueurs qui n’ont pas beaucoup de temps de jeu. Un commentaire ?
– Je trouve cela tout ce qu’il y a de normal, il s’agit bien de l’équipe nationale. C’est la sélection, et à ce titre, il me semble convenable et sérieux que seuls ceux qui sont aptes à apporter à l’équipe seront convoqués. Je pense honnêtement qu’il a raison de faire ça.
– La CAN-2012 bat son plein, celle-ci se fera sans les grosses cylindrées du continent, dont l’Algérie. Des regrets ?
– C’est vrai, la CAN a débuté aujourd’hui (rires)… Vous savez, étant en stage ici, je n’ai pas eu assez de temps de regarder cela. C’est vrai que le fait qu’on n’y soit pas est très frustrant pour nous. Après, il faut être honnête, nous ne méritions pas d’aller à cette CAN. Nous n’avons pas fait de bons matches en qualification… Voilà. Je crois que nous n’étions pas prêts après la Coupe du monde, et c’est normal donc qu’on soit sortis.
– Maroc-Tunisie a vu la victoire des Tunisiens par deux buts à un. Vous attendiez-vous un peu à une victoire tunisienne ?
– L’atout majeur de la Tunisie, c’est qu’elle dispose d’un groupe assez homogène par rapport au Maroc. C’est une équipe très équilibrée. Il ne faut pas voir la Tunisie que nous avons joué à Blida. Franchement, je ne suis pas surpris par la victoire des Tunisiens.
– Votre coéquipier en sélection, Djamel Mesbah, vient de signer un contrat de quatre ans et demi au Milan AC. Un commentaire là-dessus ?
– Oui, on est très contents pour lui. Avant tout, on est fiers en tant qu’Algérien. Quand un des nôtres signe dans un grand club comme le Milan AC, c’est déjà une grande fierté pour nous, il faut dire la vérité. Et puis, en tant que son coéquipier en équipe nationale, je suis très content pour lui, parce que c’est quelqu’un qui a été très patient durant sa carrière. Il n’a jamais brûlé les étapes, il fait les choses comme il se doit. Djamel est quelqu’un de très sérieux, je sais qu’il va travailler très dur au Milan. J’espère seulement qu’il va gagner sa place dans l’équipe.
– Vous avez assisté à deux matches depuis votre arrivée au Qatar. Quel regard portez-vous sur le niveau, en comparaison avec l’Europe ?
– Oui, j’ai assisté à deux matches, mais je ne peux apporter de jugement très précis, parce qu’il est vrai que j’ai vu des joueurs qui ont un très bon niveau. Dans chaque pays, le niveau est différent. Mais je pense que la différence, c’est qu’ici, il n’y a pas la pression du public, c’est ce qui explique le rythme des matches. Après, il n’y a pas une grosse différence entre l’Europe et le Qatar.
– Bien sûr, vous avez rencontré vos «potes» de l’équipe nationale, racontez-nous ?
– Oh ! Il n’y a pas grand-chose à dire, sauf qu’ils sont venus me voir à l’hôtel, on a discuté et beaucoup rit. Je suis allé chez eux, ils m’ont raconté leur nouvelle vie ici au Qatar, c’était très sympa quoi ! Sinon, on s’est revu avec beaucoup de plaisir, voilà c’est tout.
– Est-ce qu’on vous verra un jour évoluer dans le championnat qatari ?
– Incha Allah, c’est le mektoub comme on dit chez nous, après je ne sais pas… En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’en venant ici, ma vision sur le Qatar a changé. Là aujourd’hui, je trouve quand même assez intéressant…
– Il y a les qualif’ pour la CAN et la Coupe du monde qui arrivent à grands pas…
– Chaque chose en son temps. Il y a d’abord la qualification à la CAN-2013 qui arrive, ce sera sur deux matches en aller et retour, deux finales qu’il faut gagner pour espérer aller d’abord à la CAN. On verra bien ensuite avec la Coupe du monde.
– Le match de la Gambie se profile à l’horizon, vous y pensez déjà ?
– On y pense oui, mais nous ne sommes pas déjà dans le match. Il reste quand même un mois pour bien préparer ce match. Nous sommes assez motivés pour réussir un truc sérieux là-bas. On va y aller pour la victoire incha Allah. On sait que la Gambie est une équipe assez difficile à manier sur ses terres, mais nous sommes décidés à bien débuter. En tout cas, moi, je suis très confiant pour ce match-là.
– Et pour l’avenir de Mourad Meghni, ici au Qatar ?
– Oui, je l’ai vu… C’est vrai, sa situation est un peu délicate. J’ai eu le temps de discuter avec lui comment ça passe pour lui, il m’a expliqué qu’il n’est pas blessé, et qu’après une année et demie de blessure, il avait besoin d’une très grosse préparation. A chaque fois, il partait en France pour s’entraîner plus dur et se renforcer. Pour anticiper les blessures, c’est un peu ce qui lui a nuit ici. Et le système des quotas des trois joueurs étrangers par équipe, cela n’est pas trop facile pour lui. Surtout qu’on attend beaucoup des joueurs pros qui arrivent d’Europe. Enfin, je souhaite qu’il puisse rebondir tout de suite et retrouver sa forme optimale. A. B.