Matmour : «Algérie-Allemagne serait pas mal aussi»

Matmour : «Algérie-Allemagne serait pas mal aussi»

Avec du recul, le mondialiste Karim Matmour revient sur la qualification des Verts au Mondial, il nous parle de ce parcours et des favoris à la CAN dans le groupe de l’Algérie. Il souhaite aussi affronter certaines équipes au Mondial sud-africain.

A tête reposée, parlez-nous de la qualification au Mondial…

Même avec du recul, on vit toujours dans l’ambiance de la qualification. On a vécu tellement de choses difficiles durant notre parcours que la joie est grande, l’engouement aussi. On est fiers d’avoir contribué au rassemblement de tout un peuple.

Mais vous n’aviez pas eu assez de temps pour profiter de la fête, n’est-ce pas ?

Oui, moi personnellement. Il fallait que je rentre en Allemagne, puisque j’ai joué un match, avant-hier au Soudan, on est rentrés sur Alger, et le vendredi, il fallait que je réponde à la convocation de mon club. Donc, on n’avait pratiquement pas le temps d’en profiter amplement.

A ce qu’on sache, vous n’avez pas eu le temps de faire une virée chez votre famille ?

Effectivement, j’avais envie de faire une petite virée chez ma famille à Tiaret, mais ce n’était pas possible. Mon club m’avait déjà accordé un jour supplémentaire de repos. Donc, le vendredi, il fallait que je rentre en Allemagne.

Revenons à cette qualification en Coupe du monde, certes elle était difficile comme vous le dites, mais méritée, vu votre parcours…

Exactement, notre qualification n’était pas facile, on a vécu des moments et des matchs plus qu’intenses, c’est ce qui a donné plus de saveur à notre qualification. On était réguliers durant notre parcours, on a joué à notre football, et si on avait gagné des matchs, c’est parce qu’on le méritait. Dieu merci, on n’a pas utilisé des méthodes extra-sportives pour arriver à nos fins ; on s’est sacrifiés, on a travaillé durement pour arracher cette qualification. Maintenant, en toute honnêteté, on a le droit de la savourer.

Revenons un peu en arrière, tout au début de la compétition, peu de gens avaient cru à la qualification au Mondial…

Personnellement, je l’avais déjà annoncé il y a 2 ans, j’ai dit que notre objectif restera la Coupe du monde. C’est vrai que certaines personnes n’en croyaient pas. Si j’avais dit ça, c’est que j’y ai cru en notre groupe, j’ai remarqué à l’époque qu’il y a des potentialités. On avait un groupe qui se composait de joueurs de qualités.

Mais au début on ne sentait pas une équipe coriace comme celle qui livré bataille récemment…

C’est tout à fait normal, on était en pleine construction, on se cherchait, c’était la période où l’important était de bâtir une équipe. C’était aussi le moment où le staff technique testait ses éléments. Certains ne se connaissaient. Avec le temps, cette équipe a bien mûri et une osmose est née entre les joueurs. Une composante de jeunes qui a su relever le défi et arriver à sa fin. Croyez-moi, ce n’était pas du tout facile.

Jusqu’à présent certains croient toujours qu’on n’est pas qualifiés au Mondial, comprenez-le, c’était un rêve difficile à réaliser…

On a prouvé alors que tout est possible, il suffit juste d’avoir confiance en soi.

Comme je viens de vous le dire, moi j’y ai cru dès le début, on a ensuite mis tous la main dans la main pour réaliser le rêve de tout un peuple et c’était ça notre joie à la fin du parcours.

Avec le temps, la pression montait. Ne pas aller au Mondial aurait été un échec…

Oui, au début, les favoris étaient les Egyptiens, mais avec le temps et la succession des matchs, on a prouvé qu’on méritait d’aller en Afrique du Sud plus qu’eux. C’était trop serré pour arracher cette qualif’. L’Egypte ne nous a pas lâchés ; la preuve, il a fallu jouer un match barrage pour en déterminer le vainqueur. On était mieux qu’eux et ils le savaient, c’est pour cette raison qu’ils ont utilisé d’autres moyens pour nous battre. Mais on a tenu le coup. Au bout du compte on a notre billet en poche.

Parlons du match contre l’Egypte au Caire. Avec tout ce qui s’est passé là-bas, certains spécialistes, algériens surtout, ont crié haut et fort pour dire qu’il fallait boycotter ce match.

Qu’est-ce que vous en pesez vous en tant que joueur ?

Je dirais sincèrement que cette catégorie de gens avait raison, ce n’est pas du tout normal que des joueurs sont blessés lors d’une agression la veille et le lendemain ils ont un match important à livrer. C’est inadmissible. Mais bon, on croyait toujours en nos capacités même avec ce qui s’est passé, on pouvait gagner et se qualifier au Caire.

Pendant le match, on maîtrisait la situation même si on avait encaissé le premier but dès l’entame du match.

Sachez que les Egyptiens n’ont rien fait tout au long des 93 minutes, si ce n’est le dernier but qui a différé notre qualification de 4 jours.

On a appris que vous aviez demandé à l’entraîneur Saâdane de vous dispenser de cette rencontre du Caire, est-ce vrai ?

Non, ce n’était pas dans ce contexte-là. C’est vrai que je ne voulais pas jouer, mais pas par peur ou par rapport à la pression. Tout simplement, c’était ma façon à moi de contester ce que nous avons vécu. Ce n’était pas normal pour moi que des joueurs soient agressés et blessés la veille du match qualificatif au Mondial. D’ailleurs, quand j’ai dit à Saâdane que si c’était Thierry Henry qui fut blessé la veille d’un match aussi important, l’équipe de France n’aurait jamais pu prendre part au match. Je suis sûr que le match serait annulé.

Malgré cela, il y avait quand même des risques énormes dans le cas où vous étiez qualifiés au Caire, n’est-ce pas ?

Au Caire, il y avait une pression terrible. Avec les incidents de la veille, on sentait qu’il y avait quelque chose d’autre qui se tramait. Maintenant avec du recul, je dirais heureusement qu’on ne s’est pas qualifiés en Egypte, quoiqu’on avait la possibilité de le faire.

Au Soudan, c’était une tout autre ambiance…

Je ne vous cache pas qu’on avait quitté l’Egypte écœurés. Mais à notre arrivée à Khartoum, avec l’ambiance des Soudanais qui nous ont soutenus, et l’afflux des supporters algériens, on a vite repris le moral, et on s’est dit entre nous que la qualification ne pouvait pas nous échapper.

Le match à Oum Dorman n’était pas du tout facile, non plus…

C’est clair, c’était un match déterminant. Il ne fallait surtout pas décevoir notre public qui a fait plus de 5 000 kilomètres pour nous soutenir. Certes, la manière n’y était pas dans cette rencontre, le plus important à nos yeux c’était d’assurer le résultat. On a prouvé que nous étions plus forts que les Egyptiens et on méritait d’aller au Mondial.

Sur le plan personnel, vous n’avez pas brillé face à l’Egypte comme on s’y attendait et par rapport aux autres matchs.

Je n’en disconviens pas ; l’astuce est que lors de ces deux matchs, notre équipe n’a pas joué à son jeu habituel.

C’était des matchs de combat, de volonté et de détermination.

Moi, ce jeu-là n’allait pas avec ma technique, ce n’est pas que je n’étais pas motivé mais le jeu lui-même ne me convenait pas. Moi j’aime bien le jeu technique avec une grande maîtrise du ballon. Voilà la raison de ma «carence».

Le tirage au sort de la CAN a été fait, certains ont avancé qu’on est les favoris, vous partagez cet avis ?

Pour moi, tous les pays d’Afrique se valent, le foot en Afrique a connu un véritable boom. Il n’y a plus de petites équipes, donc plus d’équipes faciles. Il faut prendre cette compétition très au sérieux.

Selon vous, qui seront les qualifiés du groupe ?

Sur le papier, je donnerais l’Algérie et le Mali par rapport à la qualité des joueurs que possède chaque équipe. Cela n’est qu’un avis, tout se jouera sur le terrain.

En Coupe du monde, quel pays souhaitez-vous éviter ?

En Coupe du monde, il n’y aura que les meilleurs. Personnellement, j’aimerais bien affronter la France. Un match Algérie-France passionnerait beaucoup de monde et pas seulement dans nos deux pays. Cela étant, un Allemagne-Algérie serait pas mal non plus. Surtout que nous sommes plusieurs internationaux algériens à évoluer en Allemagne. Cela rappellerait aussi des souvenirs, ceux du Mondial espagnol en 1982.

Vous êtes sûrement au courant de ce que disent les Egyptiens contre l’Algérie.

Je dirais que c’est désolant qu’un match de foot devienne une affaire politique et menace les liens qui liaient les deux peuples. Je suis vraiment déçu. Il faut remettre les choses dans leur contexte, sans plus. Le football est seulement un sport censé réunir les peuples, pas les diviser.

Un mot sur le public algérien ?

Il est tout simplement formidable, il a contribué à plus de 80% à notre succès. Il mérite de vivre d’autres sensations.

Avec du recul, le mondialiste Karim Matmour revient sur la qualification des Verts au Mondial, il nous parle de ce parcours et des favoris à la CAN dans le groupe de l’Algérie. Il souhaite aussi affronter certaines équipes au Mondial sud-africain.

– A tête reposée, parlez-nous de la qualification au Mondial…

– Même avec du recul, on vit toujours dans l’ambiance de la qualification. On a vécu tellement de choses difficiles durant notre parcours que la joie est grande, l’engouement aussi. On est fiers d’avoir contribué au rassemblement de tout un peuple.

– Mais vous n’aviez pas eu assez de temps pour profiter de la fête, n’est-ce pas ?

– Oui, moi personnellement. Il fallait que je rentre en Allemagne, puisque j’ai joué un match, avant-hier au Soudan, on est rentrés sur Alger, et le vendredi, il fallait que je réponde à la convocation de mon club. Donc, on n’avait pratiquement pas le temps d’en profiter amplement.

– A ce qu’on sache, vous n’avez pas eu le temps de faire une virée chez votre famille ?

– Effectivement, j’avais envie de faire une petite virée chez ma famille à Tiaret, mais ce n’était pas possible. Mon club m’avait déjà accordé un jour supplémentaire de repos. Donc, le vendredi, il fallait que je rentre en Allemagne.

– Revenons à cette qualification en Coupe du monde, certes elle était difficile comme vous le dites, mais méritée, vu votre parcours…

– Exactement, notre qualification n’était pas facile, on a vécu des moments et des matchs plus qu’intenses, c’est ce qui a donné plus de saveur à notre qualification. On était réguliers durant notre parcours, on a joué à notre football, et si on avait gagné des matchs, c’est parce qu’on le méritait. Dieu merci, on n’a pas utilisé des méthodes extra-sportives pour arriver à nos fins ; on s’est sacrifiés, on a travaillé durement pour arracher cette qualification. Maintenant, en toute honnêteté, on a le droit de la savourer.

– Revenons un peu en arrière, tout au début de la compétition, peu de gens avaient cru à la qualification au Mondial…

– Personnellement, je l’avais déjà annoncé il y a 2 ans, j’ai dit que notre objectif restera la Coupe du monde. C’est vrai que certaines personnes n’en croyaient pas. Si j’avais dit ça, c’est que j’y ai cru en notre groupe, j’ai remarqué à l’époque qu’il y a des potentialités. On avait un groupe qui se composait de joueurs de qualités.

– Mais au début on ne sentait pas une équipe coriace comme celle qui livré bataille récemment…

– C’est tout à fait normal, on était en pleine construction, on se cherchait, c’était la période où l’important était de bâtir une équipe. C’était aussi le moment où le staff technique testait ses éléments. Certains ne se connaissaient. Avec le temps, cette équipe a bien mûri et une osmose est née entre les joueurs. Une composante de jeunes qui a su relever le défi et arriver à sa fin. Croyez-moi, ce n’était pas du tout facile.

– Jusqu’à présent certains croient toujours qu’on n’est pas qualifiés au Mondial, comprenez-le, c’était un rêve difficile à réaliser…

– On a prouvé alors que tout est possible, il suffit juste d’avoir confiance en soi. Comme je viens de vous le dire, moi j’y ai cru dès le début, on a ensuite mis tous la main dans la main pour réaliser le rêve de tout un peuple et c’était ça notre joie à la fin du parcours.

– Avec le temps, la pression montait. Ne pas aller au Mondial aurait été un échec…

– Oui, au début, les favoris étaient les Egyptiens, mais avec le temps et la succession des matchs, on a prouvé qu’on méritait d’aller en Afrique du Sud plus qu’eux. C’était trop serré pour arracher cette qualif’. L’Egypte ne nous a pas lâchés ; la preuve, il a fallu jouer un match barrage pour en déterminer le vainqueur. On était mieux qu’eux et ils le savaient, c’est pour cette raison qu’ils ont utilisé d’autres moyens pour nous battre. Mais on a tenu le coup. Au bout du compte on a notre billet en poche.

– Parlons du match contre l’Egypte au Caire. Avec tout ce qui s’est passé là-bas, certains spécialistes, algériens surtout, ont crié haut et fort pour dire qu’il fallait boycotter ce match. Qu’est-ce que vous en pesez vous en tant que joueur ?

– Je dirais sincèrement que cette catégorie de gens avait raison, ce n’est pas du tout normal que des joueurs sont blessés lors d’une agression la veille et le lendemain ils ont un match important à livrer. C’est inadmissible. Mais bon, on croyait toujours en nos capacités même avec ce qui s’est passé, on pouvait gagner et se qualifier au Caire. Pendant le match, on maîtrisait la situation même si on avait encaissé le premier but dès l’entame du match. Sachez que les Egyptiens n’ont rien fait tout au long des 93 minutes, si ce n’est le dernier but qui a différé notre qualification de 4 jours.

– On a appris que vous aviez demandé à l’entraîneur Saâdane de vous dispenser de cette rencontre du Caire, est-ce vrai ?

– Non, ce n’était pas dans ce contexte-là. C’est vrai que je ne voulais pas jouer, mais pas par peur ou par rapport à la pression. Tout simplement, c’était ma façon à moi de contester ce que nous avons vécu. Ce n’était pas normal pour moi que des joueurs soient agressés et blessés la veille du match qualificatif au Mondial. D’ailleurs, quand j’ai dit à Saâdane que si c’était Thierry Henry qui fut blessé la veille d’un match aussi important, l’équipe de France n’aurait jamais pu prendre part au match. Je suis sûr que le match serait annulé.

– Malgré cela, il y avait quand même des risques énormes dans le cas où vous étiez qualifiés au Caire, n’est-ce pas ?

– Au Caire, il y avait une pression terrible. Avec les incidents de la veille, on sentait qu’il y avait quelque chose d’autre qui se tramait. Maintenant avec du recul, je dirais heureusement qu’on ne s’est pas qualifiés en Egypte, quoiqu’on avait la possibilité de le faire.

– Au Soudan, c’était une tout autre ambiance…

– Je ne vous cache pas qu’on avait quitté l’Egypte écœurés. Mais à notre arrivée à Khartoum, avec l’ambiance des Soudanais qui nous ont soutenus, et l’afflux des supporters algériens, on a vite repris le moral, et on s’est dit entre nous que la qualification ne pouvait pas nous échapper.

– Le match à Oum Dorman n’était pas du tout facile, non plus…

– C’est clair, c’était un match déterminant. Il ne fallait surtout pas décevoir notre public qui a fait plus de 5 000 kilomètres pour nous soutenir. Certes, la manière n’y était pas dans cette rencontre, le plus important à nos yeux c’était d’assurer le résultat. On a prouvé que nous étions plus forts que les Egyptiens et on méritait d’aller au Mondial.

– Sur le plan personnel, vous n’avez pas brillé face à l’Egypte comme on s’y attendait et par rapport aux autres matchs.

– Je n’en disconviens pas ; l’astuce est que lors de ces deux matchs, notre équipe n’a pas joué à son jeu habituel. C’était des matchs de combat, de volonté et de détermination. Moi, ce jeu-là n’allait pas avec ma technique, ce n’est pas que je n’étais pas motivé mais le jeu lui-même ne me convenait pas. Moi j’aime bien le jeu technique avec une grande maîtrise du ballon. Voilà la raison de ma «carence».

– Le tirage au sort de la CAN a été fait, certains ont avancé qu’on est les favoris, vous partagez cet avis ?

– Pour moi, tous les pays d’Afrique se valent, le foot en Afrique a connu un véritable boom. Il n’y a plus de petites équipes, donc plus d’équipes faciles. Il faut prendre cette compétition très au sérieux.

– Selon vous, qui seront les qualifiés du groupe ?

– Sur le papier, je donnerais l’Algérie et le Mali par rapport à la qualité des joueurs que possède chaque équipe. Cela n’est qu’un avis, tout se jouera sur le terrain.

– En Coupe du monde, quel pays souhaitez-vous éviter ?

– En Coupe du monde, il n’y aura que les meilleurs. Personnellement, j’aimerais bien affronter la France. Un match Algérie-France passionnerait beaucoup de monde et pas seulement dans nos deux pays. Cela étant, un Allemagne-Algérie serait pas mal non plus. Surtout que nous sommes plusieurs internationaux algériens à évoluer en Allemagne. Cela rappellerait aussi des souvenirs, ceux du Mondial espagnol en 1982.

– Vous êtes sûrement au courant de ce que disent les Egyptiens contre l’Algérie.

– Je dirais que c’est désolant qu’un match de foot devienne une affaire politique et menace les liens qui liaient les deux peuples. Je suis vraiment déçu. Il faut remettre les choses dans leur contexte, sans plus. Le football est seulement un sport censé réunir les peuples, pas les diviser.

– Un mot sur le public algérien ?

– Il est tout simplement formidable, il a contribué à plus de 80% à notre succès. Il mérite de vivre d’autres sensations.

A. I.

Ahmed Ifticen