Le secteur public des matériaux de construction a connu une paralysie quasi totale de ses activités durant ces dernières années. Conséquence : les entreprises publiques du secteur ont vu leurs chiffres d’affaires chuter d’une manière drastique. L’ancien code des marchés publics est à l’origine de cette situation qualifiée de «dramatique ».
L’information nous a été communiquée hier par une source syndicale autorisée de la Fédération nationale des matériaux de construction, bois et lièges (UGTA). C’était à l’occasion de la cérémonie de signature du protocole d’accord portant négociation du régime indemnitaire du groupe WoodManufacture. Une cérémonie qui a vu la présence du secrétaire général de l’UGTA, du président de la SGP- Industries manufacturières et des présidents des groupes. Selon nos sources, «la réalisation de milliers de logements a fait face à l’absence d’entreprises. A l’origine de cette situation, les entraves nées des dispositions contenues dans l’ancien code des marchés publics. Des projets qui, non seulement, auraient créé des centaines d’emplois mais surtout auraient réglé un tant soit peu l’épineux problème du logement. «Dans l’Algérie de 2011, des milliers de milliards de dinars ont été dégagés par l’Etat pour financer la construction de centaines de milliers de logements, de milliers de kilomètres de routes, d’autoroutes, de chemins de fer et d’innombrables autres infrastructures socioéducatives et culturelles. Pourtant, très souvent, nous lisons des appels d’offres infructueux, publiés dans les pages publicitaires de plusieurs titres de la presse nationale. Ces placards concernent surtout des projets de construction de logements, et d’infrastructures socioéducatives et culturelles pourtant importants pour améliorer les conditions de vie des citoyens. Cette situation est la conséquence directe de l’ancien code des marchés. Mieux, face à cette situation, les entreprises publiques du secteur étaient sur la point de mettre la clé sous le paillasson», a ajouté notre source. «Durant cette période, l’entreprise a accumulé des pertes en raison de l’inflation (hausse des prix des produits demandés chez les fournisseurs) tout en assumant les charges liées à l’exploitation comme le paiement des salaires des travailleurs.» C’est l’article 2, paragraphe 2 de l’ancien code des marchés publics qui était contesté par les gestionnaires du secteur public. Contrairement aux entreprises publiques, celles privées ne sont soumises à aucune procédure particulière pour effectuer des achats dépassant les huit millions de dinars. Tout en bénéficiant de l’argent public pour la réalisation d’un projet, l’entreprise privée est libre d’acheter là où elle veut et pour n’importe quel montant pour approvisionner ses chantiers. Il a fallu donc attendre l’amendement de ce code (décembre 2011) pour que les entreprises publiques, notamment celles du secteur des matériaux de construction, puissent reprendre l’esprit d’initiative managériale. En effet, le dernier amendement apporté au code des marchés publics a apporté de grands assouplissements aux entreprises publiques, facilitant la réalisation des grands projets. En somme, l’amendement apporté à l’article 2, qui faisait auparavant obligation aux entreprises de copier les mêmes procédures de contrôle interne et externe des marchés de l’Etat, est «significatif». L’article en lui-même a connu une grande modification de manière à ce que «les entreprises publiques adoptent seulement ce dispositif de contrôle ; elles ont donc plus de souplesse». «D’autres entreprises ont la possibilité de recourir au gré à gré», ajoute notre source. Hier, lors de la cérémonie portant protocole d’accord, gestionnaires et représentants syndicaux ont lancé un appel aux cadres syndicaux de base présents pour «plus de mobilisation et de travail pour rehausser la position de l’entreprise publique». Pour M. Ali Slimani, «les dernières mesures décidées par les pouvoirs publics en faveur du secteur économique sont de nature à impulser un nouvel élan à nos entreprises et à favoriser une mobilisation plus grande des travailleurs».
A. B.