Matériaux de construction : Un coup de frein à l’importation

Matériaux de construction : Un coup de frein à l’importation

Un nouveau dispositif réglementaire, qui sera bientôt prêt, interdit l’importation des matériaux de construction déjà fabriqués localement. Une mesure tendant à protéger et booster la production nationale, mais dont les conséquences ne sont pas toutes bénéfiques.

L’instruction imposant aux entreprises de réalisation d’utiliser des matériaux de construction «made in Algeria» permettra de faire passer le taux d’intégration dans les projets de l’habitat de 70% actuellement à 85%, indique à l’APS un responsable auprès du ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la ville.

En outre, une telle mesure devrait se traduire par une baisse de la lourde facture de leur importation. Jusque-là rien à redire. Pourtant si l’électroménager local a fait ses preuves et a su s’imposer devant des produits de même gamme par le simple fait de sa qualité et ses prix concurrentiels, plusieurs réserves sont émises sur la qualité mais surtout sur la fiabilité de certains produits manufacturés fabriqués localement. Dalles de sol tordues ou encore faïence déformée font partie de ces produits que certaines unités de production locales n’hésitent pas à mettre sur le marché, loin de toute forme de professionnalisme ni même de souci pour leur crédibilité. «Il n’est pas rare que sur 10 mètres carré de faïence locale, on puisse en jeter la moitié parce que tordue ou parce que mal finie», nous livre un maçon rencontré à Alger. «Les prix sont certes souvent plus intéressants, mais leur pose nous génère beaucoup de difficultés. D’ailleurs, un maçon vous demandera toujours la provenance de votre dalle de sol ou de faïence avant d’accepter de travailler pour vous», insiste-t-il. Pourquoi ? «Et bien simplement parce qu’un produit de qualité est moins contraignant à poser qu’un produit qui peut à tout moment, s’effriter ou se casser entre vos mains», assure Amar. Espérons que la circulaire portant sur cette disposition insiste sur cet aspect, d’autant que cette dernière précise bien qu’il s’agit d’interdire de recourir aux matériaux importés si le même produit est fabriqué localement mais aussi s’il «présente une qualité égale».

Le directeur de l’OPGI de Hussein-Dey évoquant le sujet, avance que le recours aux importations ne sera retenu qu’uniquement comme dernière option après s’être assuré de la non-disponibilité des produits locaux en termes de quantité mais aussi de qualité. Une précision qui devait pousser les producteurs qui ne se focalisent que sur l’aspect prix à revoir leur politique en y incluant la notion de qualité.

Lyes Sadoun