Rareté, surenchère sur les prix, fraude sur la facturation, passe-droits, laisser-aller des pouvoirs publics sont autant d’obstacles et de goulets d’étranglement auxquels sont confrontés les entrepreneurs du bâtiment pour s’approvisionner en ciment. Une situation qui exacerbe la tension sur ce matériau, dont les prix imprévisibles sont difficiles à supporter par les entreprises. Une fois de plus, les spéculations faussent les calculs des décideurs.
En effet, après les produits alimentaires et les fruits et légumes, c’est au tour du prix du ciment de s’envoler pour atteindre les sommets, avec 750 DA le sac. Le marché du ciment connaît ces derniers temps une flambée sans précédent. En effet, de 320 DA, le sac de ciment est passé à 750 DA, soit du simple au double.
Selon M. Boulanouar El Hadj Tahar, porte-parole de l’Union générale des commerçants et artisans algériens, cette situation était prévisible à cause des spéculateurs qui sont responsables de cette flambée, la production au sein des usines étant tout à fait normale. D’où les interrogations sur cette flambée inattendue. Le marché parallèle est pointé du doigt, les lobbies du ciment ont frappé fort, profitant de la forte demande enregistrée chaque année à cette période où les chantiers se multiplient.
Une forte demande influe sur la disponibilité de ce produit, qui, dès lors, ne peut que faire l’objet de spéculations. Dans bon nombre de wilayas, qui connaissent une forte demande de ciment en raison des nombreux chantiers de réalisation de logements sociaux et de différentes infrastructures, les entreprises de construction subissent les conséquences de cette hausse des prix du sac de ciment. Ce manque de disponibilité du produit est aussi dû, selon M. Boulanouar, aux arrêts techniques de maintenance simultanés programmés au mois d’avril dans les cimenteries de Meftah (Blida), Oued Sly (Chlef) et Beni Saf (Aïn Témouchent). Le même responsable soutient que ces cimenteries devraient programmer leur maintenance à des dates différentes et alternées pour éviter l’arrêt de l’approvisionnement du marché, lequel est très sensible. Tout comme il est nécessaire que les services de contrôle multiplient leurs sorties sur le terrain pour lutter contre la spéculation qui a des répercussions négatives sur la réalisation de nombreux projets structurants, mais aussi sur le développement en général.
Mais d’où viennent les quantités écoulées dans le marché sachant que les importateurs ont été contraints d’arrêter leur activité en raison de la hausse du prix du ciment dans les marchés internationaux parce qu’ils ne peuvent pas rentabiliser leur commerce à cause du prix administré ?. Les bons de ciment se revendent aux transporteurs par des rabatteurs, et ainsi de suite, jusqu’au consommateur, soit une chaîne d’intermédiaires qui font grimper le prix de la poudre noire sans que personne arrive à mettre un terme à cette hausse injuste et illégale. Les vendeurs de ciment pointent du doigt les spéculateurs.
Touat Sandra