« Les normes de conformité des matériaux de construction utilisés sur le marché national ne sont pas toujours respectées dans les processus de production », estiment des organismes du secteur du BTP spécialisés dans le contrôle, cités par l’agence aps.
En effet, les normes appliquées en Algérie pour les produits les plus utilisés «comme le ciment, le béton, les granulats et le rond à béton sont notamment des normes algérienne (NA), internationale (ISO) et européenne (EN)», expliquent le Centre d’études et de services technologiques de l’industrie des matériaux de construction (Cetim) et le Centre national d’études et de recherches intégrées du bâtiment (Cnerib).
Les défaillances enregistrées par le Cetim sont souvent «la non conformité des produits aux exigences normatives comme la norme algérienne 5026 de marquage et d’emballage», selon le Cetim, ajoutant que «le retard dans l’application des normes adoptées par les pouvoirs publics et la commercialisation de produits déclassés comme les ciments maçonnés dont la résistance est inférieure à l’unité de mesure exigée 32,5 (MPA) sont également parmi les cas de défaillances constatés sur les matériaux de construction ».
Le Cetim, tout en rappelant qu’il existe un dispositif juridique fixant les normes de matériaux de construction notamment le ciment régi par l’arrêté interministériel du 4 juin 2003 relatif aux spécifications techniques et aux règles applicables aux ciments, précise, par ailleurs, que ce texte définit, entre autres, trois classes de résistance normale du ciment à savoir les classes 32,5, 42,5 et 52,5.
DU CIMENT MÉLANGÉ AU TOUT-VENANT
M. Abdelkrim Selmane de l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA) alerte, pour sa part, que concernant la conformité du ciment, «certains revendeurs de ciment en vrac fraudent sur la qualité de ce matériau en le mélangeant avec du sable ou du tout-venant » soutient-il.
Pour le ciment importé, il a relevé que les «opérations de contrôle au niveau des ports étaient rigoureuses, de même que pour les autres matériaux de construction importés », ajoute-t-il.
Organisme chargé surtout de mettre au point et de développer les matériaux de construction, le Cnerib mène plusieurs actions notamment en ce qui concerne l’activité de délivrance d’avis techniques sur les procédés de construction, le contrôle de la qualité des matériaux ainsi que les essais sur les matériaux et les expertises d’ouvrages.
En 2012, il a examiné une quarantaine d’avis techniques dont onze ont été délivrés et acceptés. Parmi les principaux aspects contrôlés par cet organisme, les études de composition de béton, les essais sur granulats et adjuvants, l’enduit de peinture et les aciers utilisés dans la construction.
Le Cnerib procède également, dans le cadre de ses activités, au contrôle du béton sur chantiers, des analyses de l’eau et des essais sur panneau isolant et sur brique creuse afin de s’assurer de la qualité et de la conformité de ces matériaux.
Sur la qualité des matériaux de construction commercialisés sur le marché, le président de l’UGEA, Abdelmadjid Dennouni, a estimé que ces produits « répondent aux normes exigées par les différents organismes de contrôle. Le ciment, le sable, le rond à béton, le bois et autres matériaux importés sont généralement conformes aux normes en vigueur car les contrôles dont ils font l’objet sont stricts », selon M. Dennouni.
En revanche, pour le président de l’Union nationale des entrepreneurs du bâtiment (UNEB), Salim Gasmi, entre «10 et 25% de matériaux de construction, la plupart importés d’Asie, ne répondent pas aux normes en vigueur».
El-Houari Dilmi