Si vous voyez un rebelle libyen brandir une guitare sur un champ de bataille au milieu des kalachnikovs et balles qui sifflent, sachez que c’est sûrement lui.
Lui ? C’est Massoud Abou Assir, devenu star internationale pour être le seul rebelle libyen à manier le manche de sa guitare pour bombarder les forces restées fidèles à Kadhafi de couplets assassins plutôt que de les arroser de plomb.
Depuis l’insurrection des Libyens contre le régime du dictateur Kadhafi, ce musicien de 38 ans n’a pas cessé de composer des chansons pour soutenir le moral des troupes rebelles. Et Massoud va jusqu’à les interpréter sur le champ de bataille, au cœur même des combats.
Originaire de Benghazi, à l’Est de la Libye, Massoud gèrait un petit café-restaurant et à ses heures perdues jouait de la musique avec son groupe. C’était avant février 2011, début de la rébellion. De son rock band, il ne reste que lui.
Bassiste capturé, batteur parti en guerre
Son bassiste a été capturé par les soldats de Kadhafi et son batteur, Omar Enazay, a troqué ses baguettes contre une Kalachnikov. Mais il en faut davantage pour décourager le rocker rebelle.
Massoud fait sa première incursion dans les médias en avril 2011 sur la ligne de front à Ajdabiya où se déroulaient d’intenses combats.
Plusieurs dizaines de rebelles font cercle autour de Massoud qui chante en s’accompagnant à la guitare, le fusil en bandoulière sous l’objectif d’une caméra de télévision présente sur les lieux pour immortaliser cette scène étrange.
Tandis que ses compagnons tapent frénétiquement des mains, l’un des rebelles empoigne sa kalachnikov et tire une salve en l’air pour marquer son enthousiasme. Un autre jette le drapeau des rebelles sur les épaules de Massoud.
Habillé d’une tenue de para, les cheveux longs et bouclés, Massoud affirme qu’il se bat non seulement pour la démocratie mais aussi pour pouvoir, un jour, chanter et jouer de la musique librement.
Son groupe qui s’était donné pour nom « La Libye de Demain » s’appelle désormais « La Libye Libre ».
Renvoyé de la télé de Kadhafi
Massoud avait bien essayé de passer à la télévision officielle libyenne à l’époque de Kadhafi mais il s’était fait rabrouer comme un malpropre. Pour espérer un passage à la télévision, il fallait impérativement chanter des chansons à la gloire du Guide libyen, chose à laquelle notre rebelle ne pouvait absolument pas se résoudre.
La dernière composition de cet émule de Bob Dylan est un plaidoyer adressé au président Barack Obama pour renforcer l’appui des Etats-Unis.
Son souhait ? « J’espère qu’Obama va entendre la chanson et se manifester rapidement. Il est temps pour lui de prendre sa revanche sur Kadhafi », dit-il.
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