Le Maire de Paris, Bertrand Delanoë, a affirmé jeudi que la « vérité » doit être dite sur les victimes « injustes » des massacres de centaines d’Algériens le 17 octobre 1961 dans la capitale française, soulignant qu’un peuple ne s’abaisse jamais s’il regarde la vérité en face.
« Du point de vue de la Mémoire, il n’y a rien de malsain à dire la vérité. Si des fautes graves ont été commises, on le dit. Cela ne vous abaisse pas, au contraire, ça vous grandit », a-t-il déclaré à la presse, après s’être recueilli, au pont Saint Michel, à la mémoire des victimes de la répression sanglante.
Le Maire socialiste a, à cet effet, rendu hommage à l’ancien président français, Jacques Chirac, qui avait reconnu la responsabilité de son pays dans la déportation.
« Le président (Ndlr Chirac) a été très critiqué quand il a reconnu la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs. Je crois qu’il a grandi la France lorsqu’il l’a fait », a-t-il dit, alors qu’il venait, en compagnie de l’ambassadeur d’Algérie en France, Amar Bendjemaa, de poser une gerbe de fleurs à même la plaque commémorant les tragiques évènements.
« La colonisation est un acte condamnable. Un peuple qui domine un autre, qui l’exploite économiquement, qui pratique la répression, c’est une faute », a affirmé l’édile, estimant que jamais un peuple s’abaisse s’il regarde la vérité en face.
« Tous les peuples, dans leur histoire, ont connu des moments de tragédie et, parfois, des comportements particulièrement condamnables de leurs dirigeants », a-t-il fait valoir, estimant qu’un peuple « se grandit lorsqu’il regarde la vérité en face ».
A la question de savoir s’il reviendrait, l’année prochaine, se recueillir au même endroit à la mémoire des victimes, le Maire sortant a répondu : « Bien sûr », rappelant que lorsqu’il était arrivé en mars 2001 à la Mairie de Paris, il avait dit qu’il « n’allait pas perdre de temps (il apposera la plaque commémorative quelques mois après) parce qu’il y a une blessure, un manque de netteté sur un drame ».
Selon l’Association des moudjahidine de la Fédération du FLN en France 1954-1962, la chasse à l’homme sanglante déclenchée contre les Algériens le 17 octobre 1961 à Paris a été accompagnée de 12.000 à 15.000 interpellations dont 3.000 envoyés en prison, tandis que 1.500 ont été refoulés vers leurs douars d’origine.
Des chiffres corroborés par des historiens, qui parlent de 300 à 400 morts par balles, par coups de crosse ou par noyade dans la Seine, de 2.400 blessés et de 400 disparus suite à la répression policière de ce mardi pluvieux d’octobre 1961.