Il y a un an presque jour pour jour, La Stampa publiait le témoignage anonyme d’un homme présenté comme un « haut fonctionnaire d’un gouvernement occidental ».
Interrogé par le journaliste Valerio Pelizzari, il affirmait que l’enlèvement des sept religieux, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, avait été planifié par les services secrets algériens, désireux d’en faire endosser la responsabilité aux islamistes du GIA.
Toujours selon ce témoin, les moines auraient ensuite été victimes d’une « bavure » de l’armée.
Des militaires qui survolaient une région montagneuse à bord d’hélicopètres les auraient tués par erreur avant de décapiter les cadavres pour faire disparaître les corps criblés de balles et ne laisser que les têtes.

Cette version des faits ressemble étrangement – tout au moins sur le volet « bavure » – à celle développée par le général Buchwalter, le 25 juin, dans le bureau du juge parisien Marc Trévidic.
Le général français est-il pour autant le témoin inconnu du quotidien turinois ?
Le magistrat ne lui a pas posé la question. Sollicité par LEXPRESS.fr, le journaliste italien refuse de dévoiler l’identité de sa source.
« La personne qui avait accepté de parler avec moi avait posé comme condition la protection de son anonymat. Je respecterai ma promesse », explique Valerio Pellizarri, qui s’intéresse à cette affaire depuis douze ans.
Il déclare ne pas avoir lu l’intégralité des propos du général Buchwalter, et donc ne pas pouvoir dire s’ils correspondent parfaitement, ou non, aux informations qu’il avait lui-même obtenues.
D’après lui, le témoignage a été recueilli en Finlande, au cours de deux entrevues.
Dans son article, il précise que sa « source » travaillait en Algérie en 1996, année de l’enlèvement et de la mort des sept moines.
Pellizzari écrit qu’ »elle avait des relations personnelles avec d’importants personnages locaux, mais pas avec le monde opaque des services secrets. Elle le répète avec une fermeté courtoise. C’est une personne qui peut clairement écrire sa profession sur sa carte de visite, sans ambiguïté ».
Le général Buchwalter, un saint-cyrien réputé sérieux et fiable, a été attaché défense à l’ambassade de France en Algérie de 1995 à 1998.
C’est également un ancien agent du SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage), puis de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure, qui a remplacé le SDECE en 1982).
Valerio Pellizarri reste vague sur les conditions dans lesquelles le « haut fonctionnaire » a accepté de témoigner, anonymement, dans La Stampa.
Il aurait été rassuré par la réputation de Valerio Pellizzari, journaliste d’investigation reconnu dans son pays.
Lors de ces rencontres, son interlocuteur n’aurait fourni aucun document à l’appui de ses accusations à Valerio Pellizarri, qui ne les lui a pas demandés.
Le journaliste assure en revanche avoir « contrôlé » et « recoupé » les informations obtenues.
De son côté, le général Buchwalter assure avoir alerté par écrit ses supérieurs sur les révélations qui lui avaient été faites par un ami algérien dont le frère pilotait l’un des deux hélicoptères impliqués dans la « bavure ».