D’abord amorphe puis totalement transfiguré dans une ambiance exceptionnelle, Marseille a perdu deux points dans la course au titre en concédant le nul à domicile face à Toulouse (2-2). Cédric Carrasso a peut-être joué un vilain tour à ses anciens coéquipiers.
Compte rendu du match :
Comment Marseille allait-il appréhender son contexte tellement paradoxal ? L’annonce du départ d’Eric Gerets pouvait avoir deux types de répercussion : transcender des joueurs désireux d’offrir un titre à un entraîneur apprécié, ou déstabiliser un groupe qui ne s’attendait pas à une telle nouvelle. Sur le plan comptable, l’OM avait un gros coup à faire face à des Toulousains en panne mais toujours en lice pour une place européenne : repousser Bordeaux à cinq longueurs avant le match des Girondins dimanche.
Des Marseillais stériles
Le public marseillais, en tout cas, avait choisi son camp : celui de supporter son équipe coûte que coûte, offrant un vibrant tifo en hommage à Eric Gerets. C’était l’ambiance des grands soirs au Vélodrome mais seulement dans les tribunes. Sur le terrain, les Olympiens paraissaient, eux, quelque peu paralysés par l’environnement. La faute en incombait aussi à des Toulousains parfaitement en place, proposant un bloc compact. Et comme la création marseillaise était restée aux vestiaires, il ne se passait pas grand-chose dans les surfaces de réparation. Niang était obligé de tenter une volée difficile (8e) et c’était tout lors de 25 premières minutes d’une grande pauvreté. Le Vélodrome bouillonnait enfin lorsque Valbuena feintait dans la surface mais trouvait sur sa route un Cetto suppléant au pied levé Carrasso (27e). La plus grosse occasion de la première période, sur l’un des deux tirs cadrés perdus dans la médiocrité ambiante, suivie un quart d’heure plus tard d’une chaude réplique toulousaine. Didot, qui avait frappé à côté du cadre à la 12e, servait un coup-franc sur la tête de Mathieu, manquant de peu de lober Mandanda (41e).
Une deuxième période de folie !
Après tout, ne rien montrer ou presque durant 45 minutes pour mieux surgir en deuxième période était devenu un classique côté marseillais ces dernières semaines. Les entrées de Ben Arfa et Zenden à la pause confirmaient ce scénario déjà vu avec une accélération d’entrée de l’international français (46e). De la vitesse, du mouvement, Marseille trouvait tout ce qui lui avait manqué auparavant mais il suffisait d’une mauvaise relance de Hilton, parfaitement exploitée par Gignac (0-1, 48e), pour doucher le Vélodrome. Le match basculait alors dans une sorte de quatrième dimension. Tandis que Gignac manquait la balle du KO (52e), l’OM se ruait sur les buts de Carrasso. L’ancien Marseillais multipliait les exploits devant Niang (54e), Zenden (55e, 63e) et Niang encore (63e) avant de s’avouer vaincu sur une tête du Sénégalais (1-1, 64e). L’OM, dans une ambiance exceptionnelle, ne pensait qu’à prendre l’avantage, ce qu’un énorme Carrasso refusait à Cheyrou (66e), Niang (69e) et Ben Arfa (71e). Obnubilé par son objectif, Marseille se faisait prendre en contre sur un corner, laissant Gignac inscrire un doublé (1-2, 72e). Mais les Olympiens n’avaient pas le temps de douter, la jambe de Cetto transformant un centre de Niang en égalisation dans la minute suivante (2-2, 73e). La folie avait définitivement enveloppé ce match, transformant la surface toulousaine en Fort Alamo dans les 20 dernières minutes. Mais ni Cheyrou (78e, 84e), ni Zenden (86e), ni Ben Arfa (89e) ne faisaient la différence. Marseille a perdu deux points importants dans la course au titre.
Le jeu et les joueurs :
Des occasions, des buts, des retournements de situation, du spectacle. Cela avait le goût des grandes heures de l’OM, avec une ambiance fantastique ! Et pourtant, Marseille ne pourra se satisfaire de ce résultat nul, même s’il a dû courir après le score à deux reprises. Parce qu’ils n’ont pas su prendre les choses en mains en première période, les Olympiens n’ont eu que 45 minutes pour tenter de l’emporter. Les entrées de Ben Arfa et Zenden ont totalement transformé le visage marseillais après la pause. Niang a pu alors trouver plus de liberté autour du point de fixation Brandao. Cheyrou est sorti de sa timidité du début, Kaboré a multiplié les bons centres, et c’est toute l’équipe qui a pilonné le but de Carrasso. Avec pour conséquence d’abandonner une défense livrée à elle-même. C’est seul toutefois que Hilton se troue sur le premier but de Gignac. Battu à deux reprises, Mandanda n’a bizarrement eu aucun arrêt à faire.
Tout le contraire d’un Carrasso absolument énorme. Si Marseille n’a pas enlevé les trois points, c’est de la faute de l’ancien chouchou du Vélodrome. Encore un paradoxe. Le portier toulousain a franchement évolué à un très très haut niveau. Parce que le TFC a aussi complètement subi en deuxième période après avoir bien contré le jeu marseillais en première période. Gignac, auteur de ses 20e et 21e buts, a montré qu’il avait l’étoffe pour répondre dans les grands rendez-vous. Braaten, par son impact physique, et Didot, par sa justesse technique, ont posé pas mal de soucis au milieu olympien. Après avoir bien résisté à Brandao, Cetto a quant à lui cédé en fin de match, étant malencontreusement à l’origine du deuxième but marseillais.