Une expo montre comment la cartographie a accompagné la conquête du pays
Culture – Loisirs – Marseille : dessine-moi l’Algérie au Mucem
Des oeuvres contemporaines alternent avec des cartes et des peintures orientalistes.
Made in Algéria », la nouvelle exposition du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) devrait attirer de nombreux Provençaux d’origine algérienne ou pied-noir. « Nous montrons la naissance d’un territoire : comment l’invention de la cartographie a accompagné la conquête de l’Algérie », explique Zahia Rahmani, commissaire de l’événement monté en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France. Cette expo à la fois politique et érudite montre des documents rares, restaurés pour l’occasion, cartes militaires du château de Versailles et du centre historique de la Défense, peintures d’Orientalistes, en alternance avec des oeuvres contemporaines. Mieux vaut la découvrir avec un guide pour l’apprécier à sa juste mesure.
Un magnifique portulan de François Ollive, cartographe marseillais ouvre la première salle. Une carte militaire de 1541 illustre la première tentative de Charles Quint d’aborder ce territoire. Parmi les curiosités, on découvre la carte de l’espion de Napoléon, Vincent-Yves Boutin, envoyé à Alger pour penser un débarquement. Ces cartes alternent avec des tableaux de peintres orientalistes, présentés comme des éléments de propagande de la conquête: « Ce sont en quelque sorte les artistes « embedded » de l’époque. Plus que des batailles, leurs toiles décrivent des territoires inhabités et illimités pour exalter l’esprit de conquête », commente Zahia Rahmani devant les toiles de Jean Antoine Siméon Fort ou d’Horace Vernet. « Elles sont pleines de force. La peinture des grands espaces est parfois surréaliste. »
Certains documents attirent l’oeil comme cet « avis aux ouvriers » placardé dans les rues de Paris pour les inciter à s’installer en Algérie en échange de 2 hectares de terre.
Dans chaque salle, une oeuvre contemporaine sert de contrechamp aux documents historiques. Dans les premières salles, on n’a pas été captivé par les pièces proposées. L’émotion vient avec les portraits de l’écrivain-photographe Mohammed Dib : ces clichés de 1946 des habitants de Tlemcen, jeune fille en costume de fête, jour de marché… donnent de l’humanité à l’exposition .
Celle-ci s’accompagne d’un important volet de rencontres et événements artistiques programmés de février à mars. Brigitte Fontaine ouvrira ce cycle de manifestations avec une lecture-concert en hommage à Kateb Yacine, le 26 février.