Une dépêche de l’agence de presse marocaine, MAP, a indiqué, vendredi soir, que la délégation marocaine s’était retirée des obsèques de Ben Bella en signe de protestation contre la présence du chef de l’État sahraoui.
En déléguant une importante délégation, composée notamment du Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, et de Taïeb Fassi Fihri, conseiller du souverain marocain, aux obsèques de Ahmed Ben Bella, le roi du Maroc pensait-il que l’Algérie allait empêcher le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) d’assister à cette cérémonie funèbre ? Il était tout à fait logique que la Rasd, qui est reconnue par la quasi-totalité des États africains, en sa qualité de membre de l’Union africaine, soit représentée à ces obsèques, d’autant plus que la qualité de ses relations avec Alger est connue de tous.
Mais il fallait aussi que cette présence soit gérée par la partie algérienne sur le plan protocolaire, pour éviter une telle situation ? Il n’en demeure pas moins que les faits sont là, implacables, avec des photos montrant le Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane, non loin du président sahraoui.
Les deux hommes n’étaient séparés que par la présence, entre eux, du chef d’état-major de l’ANP, le général des corps d’armées Gaïd Salah. Les images montrent que la délégation marocaine a pris part aux obsèques, du moins au début, et n’a quitté les lieux qu’un peu plus tard, contrairement à ce qu’avance l’agence de presse officielle marocaine.
Cependant, la MAP affirme que ce n’est qu’une fois arrivée au cimetière d’El-Alia que la délégation marocaine s’est retirée “immédiatement” des funérailles après s’être rendu compte de la “présence protocolaire” d’une délégation du Front Polisario “conduite par Mohamed Abdelaziz”.
La même source a indiqué qu’avant l’inhumation du corps, la délégation marocaine s’était pourtant recueillie devant la dépouille du président défunt qui était exposée au Palais du peuple à Alger. La MAP ajoute que la délégation marocaine a regagné “l’aéroport d’Alger où elle a été saluée comme à son arrivée par le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia”. Toujours, selon les médias marocains, “la délégation a été accueillie, à son arrivée, par le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, avant de se rendre ensuite au Palais du peuple, pour se recueillir sur la dépouille du président défunt et participer au déjeuner offert par les autorités algériennes en l’honneur des délégations du Maroc, de la Tunisie, conduite par le président de la République tunisienne, Moncef Marzouki, et mauritanienne, conduite par le Premier ministre, Moulay Ould Mohamed Lakdaf”.
Il semblerait qu’en déléguant à Alger une représentation de ce niveau, en plus des messages de condoléances qu’il a adressés au président algérien et à la famille de Ahmed Ben Bella, le roi du Maroc nourrissait les espoirs d’un réchauffement des relations maroco-algériennes. Mais le conflit du Sahara occidental vient rappeler les difficultés de normalisation totale des relations entre le Maroc et l’Algérie malgré le début, récemment, d’un rapprochement entre les deux pays.
M T