Maroc, Rentrée sur fond de grogne sociale

Maroc, Rentrée sur fond de grogne sociale
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Le gouvernement islamiste d’Abdelilah , arrivé au pouvoir au Maroc il y a huit mois dans le contexte du Printemps arabe, est confronté à une première rentrée délicate.

Une rentrée marquée à ce titre par une grogne sociale, indicateurs économiques en berne et rumeurs de dissensions internes et un indice de confiance des ménages qui s’est à nouveau détérioré au deuxième trimestre 2012.

Moins d’un an après leur succès historique aux législatives, dans la foulée de l’adoption d’une nouvelle Constitution voulue par le roi Mohammed VI, les islamistes du PJD doivent en effet gérer une situation économique dégradée sur le chômage des jeunes, qui atteint 30%, un problème à prendre «très au sérieux».

A Rabat, les manifestations de diplômés chômeurs restent coutumières. Plus largement, un appel à manifester avait été lancé au cœur de l’été, avec parmi les revendications «la cherté de la vie», quelques semaines après une hausse de 20% du prix de l’essence. En proie à d’autres dossiers délicats (tourisme, éducation nationale, régionalisation), le gouvernement entend miser sur le dialogue social. Outre la réception des syndicats, Abdelilah Benkirane est attendu prochainement devant la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Dans ce cadre, M. Benkirane, premier ministre issu du Parti justice et développement (PJD), a programmé cette semaine des rencontres avec plusieurs organisations syndicales du royaume. Vendredi dernier s’est aussi tenue une réunion de la coalition sur la «rentrée politique et sociale». Depuis l’interdiction fin août d’une cérémonie de clôture de la jeunesse de son parti sur une place de Tanger (nord), ses relations avec le ministre de l’Intérieur Mohand Laenser (qui n’est pas du PJD) sont décrites comme difficiles, sur fond de lutte de pouvoir au sein et hors du gouvernement. Pour rappel, en mai dernier, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Casablanca, l’une des plus grandes pour protester contre le gouvernement et réclamer une amélioration de la situation sociale. Cette même manifestation a été organisée à l’appel de la Confédération démocratique du Travail et la Fédération démocratique du Travail, deux syndicats proches de l’Union socialiste des forces populaires (USFP, opposition parlementaire). Du rond-point de Dakar à celui de Mers Sultan, au cœur de la capitale économique, des milliers de manifestants avaient sillonné les grandes artères de la plus grande ville du Maroc, en scandant des slogans hostiles au gouvernement. Des centaines de jeunes du Mouvement du 20 février, né dans le tumulte du Printemps arabe et appelant à des réformes profondes de la monarchie, avaient également participé à cette manifestation, où les islamistes étaient quasiment absents. «Il y a plus de 50 000 personnes qui manifestent pour appeler le gouvernement à ouvrir un dialogue véritable face à la tension sociale dans notre pays», avait indiqué à l’AFP Hassan Tariq, un député UFSP présent à la manifestation. «Il y a un message d’unité syndicale et un message clair au gouvernement Benkirane pour qu’il clarifie sa stratégie gouvernementale», avait-il dit.

R. I.