Le Maroc, le tout nouveau membre du Conseil onusien des droits de l’Homme, sera assurément mis à rude épreuve.
Elu en novembre 2013 au Conseil onusien des droits de l’Homme par l’Assemblée générale, pour un mandat de 3 ans, le Royaume a toutes les peines du monde pour se défaire de l’infâme statut de tortionnaire. « Au Maroc, on réprime, on torture, on assassine dans l’impunité totale », relèvent les militants de l’Association marocaine des droits de l’homme, rappelant la liste des noms de responsables (certains toujours en poste) pour lesquels elle dispose de fortes présomptions sur leur implication dans des crimes d’ enlèvements, d’assassinats, d’arrestations arbitraires et de tortures.
Des militants des droits de l’homme en France, dénonçant « l’impunité des tortionnaires » et le « silence » des médias, des intellectuels et des partis dominants, estiment que la « torture au Maroc est une politique d’Etat ». A l’appui : « les cas concrets » dont l’affaire scandaleuse du champion du monde de kick boxing, Zakaria Moumni, enlevé, emprisonné, torturé et enfin gracié pour avoir simplement réclamé ses droits est la plus poignante. Cette réalité intrinsèque a été validée par le rapporteur spécial de l’ONU, Juan Mandes, qui, au terme de sa mission effectuée du 15 au 22 septembre 2012, a évoqué un « recours accru aux actes de torture et de mauvais traitements ».
Qui en douterait encore de la nature tortionnaire et coloniale du Royaume disposant du soutien de certains pays européens au regard de son rôle « comme tête de pont et allié stratégique dans le maintien de la Françafrique », du poids des « intérêts des entreprises du CAC 40 » et de la défense de l’Europe forteresse assaillie par la vague des immigrants clandestins ? Aux antipodes de l’Europe de la « complicité » avérée, les euros-députés sont montés au front pour interpeller le Maroc, en tant que nouveau membre du Conseil onusien, pour la poursuite des négociations en vue d’une solution pacifique et durable au Sahara occidental.
Dans une résolution adoptée, il y a 2 jours, le parlement européen a réitéré « le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, décidée par un référendum démocratique, conformément aux résolutions des Nations unies ». Sept parlementaires de différentes tendances politiques vont se rendre, début avril, dans les territoires occupés pour une mission d’évaluation de l’accord conclu entre l’UE et le Maroc. Cette initiative a été jugée positive par le représentant du Front Polisario à Bruxelles, Mohamed Ali Zerouali, qui a stigmatisé la spoliation des richesses naturelles sahraouies. L’Europe parlementaire plus en adéquation avec les droits légitimes des Sahraouis ?
Larbi Chaabouni