Avec 107 sièges sur 395, les islamistes du Parti justice et développement (PJD) vont diriger le gouvernement pour la première fois dans l’histoire du royaume.
Aussitôt après l’annonce des résultats officiels, hier soir, le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, 57 ans, a réitéré son allégeance au roi Mohammed VI.
«Le roi est le chef de l’Etat et aucune décision importante ne peut être prise en Conseil des ministres sans sa volonté», a-t-il dit au cours d’une conférence de presse au siège de son parti à Rabat. Sauf surprise, Abdelilah Benkirane devrait être désigné dans les prochains jours par le souverain pour former un gouvernement de coalition.
Le Parti Istiqlal (indépendance) de l’actuel Premier ministre, Abbas El Fassi, a obtenu 60 sièges, suivi par le Rassemblement national des indépendants (RNI) du ministre de l’Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar, 52 sièges, selon les chiffres définitifs du ministère de l’Intérieur. «C’est une victoire franche, mais on a besoin d’alliances pour travailler ensemble», a déclaré à l’AFP Abdelilah Benkirane après l’annonce officielle des résultats. Le PJD comptait 47 députés dans la précédente chambre de 325 membres. «On va attendre la nomination par le roi Mohamed VI d’un chef de gouvernement pour commencer les concertations avec les autres partis politiques», a ajouté M. Benkirane. Devant le siège de son parti où régnait une ambiance festive parmi plusieurs centaines de militants, M. Benkirane a déclaré : «Notre objectif est d’assurer la stabilité du pays tout en revendiquant des réformes avec fermeté.» La victoire du PJD, qui était le premier parti d’opposition, intervient un mois après celle du mouvement islamiste Ennahda en Tunisie, pays à l’origine des mouvements de révolte dans le monde arabe. Le parcours du PJD, parti conservateur qui affiche une «référence islamique et monarchiste», a été fulgurant, passant de neuf députés seulement en 1997, à une situation où il représente à lui seul aujourd’hui plus du quart du Parlement, un scénario inédit. Au siège du PJD, des centaines de militants ont laissé éclater leur joie, chantant et applaudissant à tout rompre. Des militants, des journalistes, mais aussi des familles, se sont retrouvés dès le début de l’après-midi au siège du parti, dans le quartier huppé des Orangers, à Rabat. «M. le secrétaire général du parti donnera bientôt une conférence de presse», annonce fièrement un militant. En début de soirée, quelques dizaines de voitures arborant le drapeau marocain sillonnaient les quartiers de Rabat en klaxonnant, leurs passagers lançant des hourras et des bravos «Moi, je suis pour le PJD, car c’est la voix du peuple. Il parle au nom du peuple», dit à l’AFP un jeune rencontré devant le siège du parti.
R. I. / Agences