Écrit par Salim bennour
Le patron de presse marocain Taoufik Bouachrine a été condamné à 12 ans de prison ferme dans la nuit de vendredi à samedi pour des violences sexuelles qu’il a toujours niées, au terme d’un procès mouvementé qui a divisé l’opinion.
L‘affaire qui a été jugée à huis clos depuis le 8 mars à Casablanca a passionné la presse locale du fait de la personnalité de l’accusé et de la gravité des charges, « traite d’êtres humains », « »abus de pouvoir à des fins sexuelles» », « viol et tentative de viol ». Arrêté en février dans les locaux de son journal au cours d’une opération spectaculaire de police et incarcéré depuis, le directeur du quotidien indépendant « Akhbar al-Yaoum » était jugé par la chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca qui l’a reconnu coupable de tous les chefs d’accusation. L’influent journaliste risquait 20 ans de prison. Ses avocats avaient plaidé pour son acquittement. Invité à prendre une dernière fois la parole vendredi, l’accusé a dit qu’il était « victime d’un procès politique à cause de sa plume », a dit à l’AFP un de ses avocats Mohamed Ziane. « Calme et sûr de lui », il a déploré que « dans le monde arabe on ne comprenne toujours pas ce que c’est que la liberté de la presse », selon son avocat. Il a affirmé qu’il payait ses écrits contre des personnalités politiques marocaines, comme le milliardaire Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, et contre le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane. Il a assuré avoir « appris de sources gouvernementales que l’ambassade d’Arabie saoudite à Rabat s’était plainte auprès du chef du gouvernement de deux de ses éditos critiques », selon son avocat Abdelmoula El Marouri.
Dans ses dernières déclarations, le patron de presse a une nouvelle fois nié être l’homme filmé dans les vidéos qui de plus, montrent « des scènes de relations consenties », selon un de ses avocats. L’affaire a connu plusieurs rebondissements depuis l’ouverture du procès: quatre femmes citées comme « victimes » par l’accusation ont démenti être concernées. L’une d’elle a été condamnée à six mois de prison ferme pour avoir accusé la police d’avoir falsifié sa déclaration, une peine confirmée en appel cette semaine. D’autres ont refusé de se présenter devant le tribunal. Taoufik Bouachrine avait déjà fait l’objet de poursuites: en 2009 pour une caricature jugée irrespectueuse de la famille royale et du drapeau national, en 2015 pour un article attentatoire «à la réputation du Maroc», début 2018 pour «diffamation» à l’encontre de deux ministres.