Les islamistes du parti justice et développement (PJD) ont largement remporté les élections législatives anticipées du Maroc organisées vendredi 25 novembre. Selon les premiers résultats partiels communiqués samedi à la mi-journée par le ministre de l’intérieur, Tayeb Cherkaoui, sur 288 sièges pour lesquels le résultat est connu, le PJD en rafle 80. Il devance nettement le deuxième parti arrivé en tête, l’Istiqlal, qui remporte 45 sièges et dont le dirigeant, Abbas El-Fassi, était jusqu’ici le chef du gouvernement. Viennent ensuite le rassemblement national des indépendants (RNI) de l’actuel ministre ministre de l’économie, Salaheddine Mezouar, avec 38 sièges, puis le PAM (parti de l’authenticité et de la modernité), dernier né de la classe politique, créé par un proche du roi Mohammed VI, Fouad Al-Himma, avec 33 sièges, et enfin l’union socialiste des forces populaires (USFP), avec 29 sièges.
«Ce n’est pas une victoire du PJD, c’est un raz-de-marée», a déclaré au Monde le chef du parti du progrès et du socialisme (PPS), Mohamed Nabil Benabdallah (ils ont 11 sièges). Dans l’immédiat, les négociations devaient commencer samedi après-midi entre le PJD et la Koutla, l’alliance formée par l’Istiqlal, l’USFP et le PPS, pour tenter de former une majorité au Parlement.
La coalition libérale baptisée G8 et qui réunit notamment le RNI et le PAM a déjà déclaré qu’elle se positionnerait désormais dans l’opposition. «Le PJD assumera ses responsabilités, sachant que la nouvelle Constitution garantit des droits importants à l’opposition», a indiqué au Monde M. Mezouar.
Le taux de participation s’élève à 45,4 % sur 13,5 millions d’électeurs marocains inscrits sur les listes électorales. Le ministre de l’Intérieur s’est félicité de la bonne tenue du scrutin tout en indiquant que «le vote du 25 novembre est une étape dans le cadre de la mise en œuvre de la Constitution» adoptée cinq mois plus tôt par référendum.
Ce sera donc aux islamistes du PJD de mettre en œuvre cette étape après un scrutin qui marque une forte poussée de son influence dans tout le pays, en zone urbaine surtout mais aussi dans le milieu rural. Cette victoire des islamistes marque un nouveau tournant pour la région après celle du parti d’Ennadha en Tunisie. C’est une révolution en douceur au Maroc, soumis à un mécontentement social grandissant, et où le palais royal se trouvait confronté depuis des mois à la contestation populaire menée par le Mouvement du 20 février.
L. M