RABAT – Des affrontements ont opposé une partie de la nuit manifestants et policiers dans la ville d’Al-Hoceïma, où le mouvement de contestation populaire se durcit après une vague d’arrestations et de lourdes condamnations, des sources médiatiques.
« Une centaine d’habitants étaient descendus (jeudi soir) sur une avenue de la ville pour manifester. Il y a eu une intervention musclée des forces de l’ordre », a indiqué un témoin, cité par l’AFP.
« Des femmes ont été violentées, des manifestants ont été blessés, (…) il y a eu des course-poursuites dans les ruelles », a accusé cet habitant.
La veille, des heurts avaient déjà eu lieu dans la ville, au soir de la condamnation de 25 jeunes manifestants à 18 mois de prison ferme, verdict qui avait suscité la colère des proches des condamnés.
La province d’Al-Hoceïma, région livrée aux aléas du sous-développement, délaissée par le pouvoir, et dont la population a de tout temps dénoncé son exclusion des programmes de développement local, est secouée depuis octobre par un mouvement de contestation populaire après la mort dramatique, en octobre 2016, du jeune poissonnier, Mohcine Fikri, écrasé par le presse hydraulique d’un camion à ordures en tentant de sauver sa marchandise saisie par la police.
86 personnes ont été présentées à la justice, dont une trentaine ont été emprisonnées et sont accusées notamment « d’atteinte à la sécurité intérieure ».
Al-Hoceïma et des localités voisines sont depuis lors le théâtre de rassemblements nocturnes quotidiens pour exiger leur libération, qui se sont déroulés ces derniers jours dans un climat de plus en plus tendu face aux policiers déployés pour empêcher tout attroupement.
Les premières condamnations de mercredi « aggravent les blessures du Rif », titrait vendredi le quotidien arabophone Akbar Alyaoum, tandis que pour Al Massae, autre quotidien, les condamnations ont « provoqué des affrontements ».