Le Global Innovation Index (GII) 2025, publié par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), dresse un constat sans appel. L’Algérie se classe 115ᵉ sur 139 pays, loin derrière plusieurs économies de la région.
Dans le Maghreb, le Maroc (57ᵉ) et la Tunisie (76ᵉ) confirment leur avance, tandis que l’Égypte (86ᵉ) maintient un rythme plus soutenu.
Ce classement, qui évalue la capacité d’un pays à produire et diffuser l’innovation, met en lumière les faiblesses structurelles d’un système national encore peu connecté aux exigences de la recherche appliquée et du secteur productif.
Malgré la présence d’universités dynamiques et d’une jeunesse instruite, l’écosystème algérien reste freiné par la lourdeur administrative, le manque de financement ciblé et l’insuffisance de passerelles entre l’université et l’entreprise.
Plusieurs spécialistes soulignent que l’innovation ne se décrète pas. Elle se construit dans la durée, par la cohérence entre vision politique, environnement économique et liberté académique. À ce niveau, l’Algérie a encore un long chemin à parcourir pour transformer son potentiel humain en moteur de progrès technologique et industriel.
Pour d’autres observateurs, cette situation n’est pas seulement technique, mais aussi culturelle. Népotisme, clientélisme et lourdeurs administratives freinent la compétitivité intellectuelle et la créativité, transformant l’excès de diplômes en capital dormant.
Innovation : pourquoi l’Algérie peine encore à décoller ?
Ce classement traduit la faiblesse du capital-innovation algérien, souvent limité à des initiatives isolées, sans stratégie nationale cohérente.
Les universités, pourtant riches en talents, peinent à collaborer avec le secteur privé. Le manque de financements dédiés à la recherche appliquée, combiné à la rareté des partenariats internationaux solides, limite la production scientifique et technologique locale.
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Le professeur Zoubir Benleulmi, spécialiste du management de l’innovation établi à Paris, relativise néanmoins cette note sévère. Selon lui, l’image donnée par le classement pourrait être « injuste ». « Certaines données concernant l’Algérie sont manquantes dans le rapport. Ce qui peut fausser la mesure réelle du niveau d’innovation du pays », estime-t-il.
Cependant, il reconnaît que des efforts restent nécessaires pour bâtir un environnement propice à la créativité, à la recherche et à la valorisation des savoirs.
Global Innovation Index (GII) : les leaders mondiaux de l’innovation en 2025
À l’échelle mondiale, le classement du GII 2025 reste dominé par les économies les plus développées. Mais marque aussi l’entrée remarquée de la Chine dans le top 10.
Voici le Top 5 mondial en 2025 :
- Suisse : en tête pour la 15ᵉ année consécutive, grâce à la performance exceptionnelle de son secteur créatif et à la qualité de ses institutions.
- Suède : elle se distingue par une forte sophistication des entreprises et une recherche scientifique de pointe.
- États-Unis : le pays reste un géant en matière de R&D privée, soutenu par la puissance de ses universités et de ses startups.
- Corée du Sud : elle atteint son meilleur classement historique, portée par un investissement massif dans la recherche et l’éducation.
- Singapour : toujours parmi les meilleurs grâce à un écosystème favorisant l’innovation technologique et les collaborations internationales.
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Derrière ce peloton de tête, la Chine fait une percée historique en intégrant le top 10 pour la première fois. Tirée par ses performances en matière de technologies et de dépôts de brevets.
En définitive, au-delà du classement, le Global Innovation Index met surtout en lumière la nécessité pour l’Algérie de repenser son approche du savoir et de la recherche. Les réformes amorcées dans le secteur de l’enseignement supérieur ou de l’économie numérique vont dans le bon sens. Mais leur impact dépendra de la capacité à créer un environnement réellement favorable à l’innovation.