Marrakech, Grand-Stade, temps beau, affluence nombreuse estimée à 45 000 spectateurs, terrain en excellent état, éclairage parfait, arbitrage de M. Désiré Doué Noumandiez (Côte d’Ivoire) assisté de MM. Yéo Songuifilo et Alexandre Gognon. 4e arbitre : Dembélé Denis. Commissaire du match : Almamy Kabele Camara (Guinée).
Buts : Benatia (23’), Chamakh (35’), Hadji (61’), Essaidi (68’) Maroc
Avertissements : Chamakh (35’), Alioui (57’) Maroc, Mesbah (82’), Lemouchia (90+2’) Algérie.
Maroc : Lemyaghri, Al-Kaouthari, Al-Kaddouri, Benatia, Alioui, Hermach puis Chihani (75’), Khardja, Belhanda, Chamakh, Essaidi puis Boussoufa (81’), Hadji puis El-Arabi (85’).
Entraîneur : Gerets
Algérie : Mbolhi, Mostefa- Seba, Yahia, Mesbah, Bougherra, Lacen, Lemouchia, Yebda puis Matmour (46’), Ziani, Kadir puis Boudebouz (46’), Djebbour puis Soudani (71’).
Entraîneur : Benchikha
L’humiliation devait arriver un jour. Les Verts, mondialistes il y a un an, sont retombés dans leurs travers. Plus bas que terre. Avec déjà une élimination de la CAN-2012. Le Maroc a donné la leçon à Annaba, mais avait perdu sur une balle arrêtée. Une seule. Hier, les joueurs de Benchikha ont tout perdu. Les trois points mais aussi leur honneur par-dessus le marché. Derby couperet. Maroc-Algérie de ce 4 juin 2011 sentait surtout la poudre. L’ambiance d’avant-match si amicale a complètement changé à l’approche de l’heure H.
Les deux galeries si charnelles les unes des autres durant la veillée d’armes, place Djamaâ Lefna, ont changé de «refrain». Kassamanest sifflé et l’animateur du stade tend son micro aux foules et joint sa voix à celles des fans alaouites surexcités. «Chaâb yourid 3-0 », exigeaient-ils à l’unisson. Le sifflet initial de Noumandiez libère les 22 joueurs. Le premier ballon est algérien. Le coup franc de Ziani est mal négocié (1’). Celui d’El-Kaddouri chauffe le stade, gagné par une fine et fraîche brise des monts de l’Atlas (2’). Les Lions du même nom insistent par des balles aériennes à la recherche d’une tête, celle par exemple de Chamakh qui passe à côté (3’). La réplique algérienne sera cette tête rageuse de Yahia, sur le premier corner botté par Ziani, qui finira dans les décors (9’). Le duel a du mal à s’enflammer. Les «stratèges» ont pensé et les guerriers ont appliqué les consignes. Par prudence ou de peur de mal faire ? Les deux à la fois, si l’on juge par cette monumentale erreur de l’arrière-garde algérienne qui a permis à Benatia d’ouvrir la marque (23’). L’axe Yahia-Bougherra est coupable comme le sont les hommes de poteaux en pareille situation. Hadji donnera une nouvelle preuve sur le coup franc de Khardja, en se retrouvant esseulé dans les 6 yards, sa talonnade échouera dans les bras de Mbolhi (30’). Benchikha observe mais ne réagit pas.
Son cauchemar, et celui des milliers d’Algériens, finira par l’exaspération quand sur une passe profonde Benatia, encore lui, offre la balle de 2-0 à Chamakh et au Maroc (35’). Le «vœu du chaâb» n’est pas loin d’être exaucé. Le «Général» reconnaît ses torts et envoie Boudebouz et Matmour à l’échauffement. Ce duo prendra la place de deux éléments qui semblaient les moins effacés du premier acte. Benchikha a choisi et semblait assumer ses choix. La sortie de Yebda, très peu à l’aise à côté de Djebbour, intrigue. La seconde période commencera par deux alertes de Chamakh, très heureux de recevoir pareilles offrandes dans le périmètre de Mbolhi. Essaidi, qui a donné le tournis aux défenseurs algériens, est toujours libre comme le vent. En face, Mostefa-Seba est «charmé» par les couleurs de Marrakech, de son stade et des foules marocaines.
Les premières minutes de cette seconde manche a montré que l’auberge espagnole n’a pas gâté les Verts de Benchikha. Et Hadji saura comment manger son petit morceau en profitant d’une nouvelle bévue de la défense des Verts (61’). Les troupes du «Général» abandonnent le combat. La bataille était, cette fois, inégale entre le Lion du Rekem et le sergent de semaine. Essaidi, qui a fait voir de toutes les couleurs à Bougherra et Yahia, s’offrira le but du match : un 4e qui a failli être suivi par un 5e, encore plus beau n’était-ce le sauvetage de Mbolhi (72’). A la dérive, les mondialistes cherchaient à sauver leur honneur. La démonstration marocaine était telle que Lemyaghri, le gardien du WAC, a suivi le reste du match sur l’écran géant du Stadium de Marrakech. Il appréciera surtout les sauvetages de son vis-à-vis qui repoussera, notamment, un ballon lifté de Boussoufa (88’). Les Fennecs se sont perdus dans le désert.
M. B
À CHAUD : Benchikha Abdelhak (entraîneur national) : «Nous n’avons pas profité de nos temps forts »
«Je félicite le Maroc pour sa victoire. Nous avons accompli 20 premières bonnes minutes d’égal à égal, puis après leur premier but, on a laissé des espaces qui ont profité à l’adversaire. Un tel derby se joue sur des détails et comme à Annaba, on a été pris au dépourvu sur des détails. Quand un défenseur, Benatia en l’occurrence, fait une course de 50 mètres balle au pied pour donner le second but ça fait mal. La physionomie du match pouvait être autre, malheureusement aujourd’hui on a été à côté. Je dis aussi qu’on n’a pas profité de nos moments forts durant le match car même à 2-0, on s’était créées des occasions.. Comme le match va vite, alors on a commis beaucoup d’erreurs et on les a payées cash. Il ne faut pas accabler la défense ou des individus. Moi, je protège mon équipe et j’endosse la responsabilité de cette défaite. Maintenant, mathématiquement, on est encore en course. Je suis triste pour notre peuple. Quant à mon avenir, on en parlera en Algérie.
Abdenour Kaoua (entraîneur des gardiens) : «C’est la cata »
«On est complètement passés à côté. C’est une catastrophe. On a commis des erreurs de gamin. Seul Mbolhi a tiré son épingle de jeu.»
Eric Gerets (entraîneur du Maroc) : «Taârabt a dû apprécier qu’il n’avait plus sa place »
Je n’étais pas sûr de gagner ce match. Ce dont j’étais certain, c’est que mes joueurs allaient donner tout ce qu’ils avaient dans le ventre. Taârabt doit avoir honte. Il a dû certainement voir ce match où 15 joueurs ont sué pour offrir du bonheur à 35 millions de leurs compatriotes. Essaidi a prouvé qu’il était meilleur que pas mal de vos stars. Boussoufa y compris. Aujourd’hui, on a remporté les trois points, c’est bien. On a bien joué, et c’est mieux. Mais on ne doit pas se dire qu’on est qualifiés. Le chemin est encore long.»
Belkhayat savoure sa revanche
A sa sortie du stade, le ministre de la Jeunesse et des Sports marocain, Moncef Belkhayat, a lancé à ses collaborateurs et à des ministres qui avaient assisté au derby que le Maroc a pris sa revanche sur un vieil adversaire. «Aujourd’hui, on a gagné et on a effacé l’humiliation de 1978 (1-5 en faveur de l’Algérie). On ne peut qu’être heureux», a-t-il lancé.
M. B.