Mariage à Alger : Des traditions en déperdition

Mariage à Alger : Des traditions en déperdition

La fête du mariage reste un moment d’une grande importance dans la vie d’une personne où les traditions sont revisitées.

Bien qu’au jour d’aujourd’hui des pans entiers de ces traditions sont délaissées par certains, faute de moyens financiers dit- on, il est bon de revoir ce qu’est réellement un mariage dans le centre du pays. Les préparatifs débutent par faire rouler le couscous et préparer les gâteaux. Pour cela, on fait appel à la famille et le voisinage qui s’adonnent avec joie à cette tâche.

La fête s’annonce le premier jour avec le bain de la mariée. C’est tout un cérémonial à lequel les voisines et les cousines sont conviées. La future mariée parée de sa «fouta» rose et d’un «houiyek» pour couvrir sa tête, entre dans la salle d’eau sous les youyous des femmes portant des bougies. A la fin de ce bain, des gâteaux et des boissons (charbates) sont offerts.

Pour lancer les invitations aux proches et amis, la maman procède au «essadane», on dit alors «halan essadane». Ceci consiste à diluer dans de l’eau fraîche du sucre, de l’eau de fleur d’oranger et de la cannelle. Ce breuvage est servi au voisinage au moment de les convier à la «khouara ou tesdira», El khouara est la fête donnée par la mère de la mariée Amies et proches sont invités pour découvrir les différentes tenues de la mariée. Cette dernière s’adonne à un défilé rythmé par le son de la derbouka et boissons, gâteaux et cafés sont distribués tout au long de l’après midi. Au terme de cette après-midi, on procède au «ktiaa essalef». Les invités principalement la famille proche, donnent de l’argent qu’ils déposent dans une «tassa» (cuvette en cuivre) préalablement disposé sur ses genoux.

Le lendemain, c’est au tour du «taalik». Il s’agit de prendre le trousseau de la mariée à sa nouvelle demeure. Les affaires bien rangées et nouées de ruban sont présentées à la famille du marié avant d’être rangés dans l’armoire. Lors de cette cérémonie, les youyous ne désemplissent pas la maison. La veille du départ, c’est la cérémonie du henné. Les beaux parents viennent avec «eldjhaz» dans le cas où il n’y a pas eu des fiançailles ou «d’fouû Tourki».

Un couscous avec de la viande était servi. Une fois le repas consommé, a lieu la cérémonie du henné. Le visage de la mariée est recouvert d’un houiyek magnifiquement brodé (voile). Les femmes de préférence une vieille dame chante «tkadem» sorte de poèmes. La mariée doit retirer la chaussure de son pied droit pour casser brodé des œufs en signe de fécondité, des cones de sucre roux (sucre candli). Les paumes des mains sont recouvertes de henné dans lesquelles la belle-mère met un louis d’or dans chacune des mains ou offre une bague ou encore une liasse de billets de banque. Vient enfin le départ de la mariée. Les klaxons raisonnant de loin annoncent l’arrivée des «byatates» celles qui sont venues chercher la mariée. Tous les habitants observent le spectacle depuis leurs fenêtres.

C’est un moment bien triste pour la mariée et sa famille puisque celle-ci quitte désormais le domicile de ses parents. Son père met son bras sur la porte et sa fille sort en dessous. La mariée est accueillie par sa belle-mère avec qui elle partage du lait et du sucre, comme signe de bonne entente, procréation et longévité du couple. Ensuite, durant toute l’après-midi la mariée portera à nouveau ses tenues et terminera par la robe blanche. Là, le marié pourra entrer pour l’échange des alliances. Un repas est donné en l’honneur des parents de la mariée, le 7e jour. La tradition veut que durant sept jours, la mariée portera ses tenues et ne devra effectuer aucune tâche ménagère. Chaque homme de la famille du marié en voyant pour la première fois la mariée lui glisse un billet.

Toutefois, pour des raisons qu’on dit financières, plusieurs pans de cette tradition sont ignorés, délaissés. Est il raisonnable de laisser partir notre mémoire.