La marche du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), aujourd’hui à Alger, remet sur le tapis la question d’interdiction des marches dans la capitale. Le parti de Saïd Sadi semble décidé de braver le refus catégorique exprimé par les autorités publiques. Des organisations et autres personnalités politiques devraient répondre à l’appel du RCD.
A Tizi Ouzou et à Béjaïa, des affiches appelant les militants et sympathisants du parti à prendre part à cette action ont été placardées. Au-delà de l’affluence et du nombre de personnes que cette marche drainera, le RCD aura marqué un point en osant exprimé sur le terrain ce que bien d’autres formations politiques ont remis en cause et dénoncé, mais à travers les discours et déclarations de presse.
En fait, faut-il rappeler que des acteurs de la scène politique nationale ne cessent, depuis plusieurs années, d’appeler à la levée de l’état d’urgence et l’interdiction qui frappe l’organisation des marches à Alger. Ces derniers mois et semaines, les appels sont devenus plus pressants. A citer le Parti des travailleurs, dont la première responsable a déclaré, il y a quelques jours, que rien ne justifie cette mesure d’autant que la paix est relativement revenue au pays. Des partis islamistes tels que le Mouvement Nahda et El Islah, ainsi que le FFS pour ne citer que ces trois formations, ont déjà affiché leur opposition, voire incompréhension du maintien de certaines mesures que rien ne justifie actuellement.
Les partis au pouvoir demeurent les seuls à défendre la loi interdisant les marches au niveau de la capitale, ou, encore plus, le maintien de l’état d’urgence. Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN) Abdelaziz Belkhadem a justifié récemment la mesure interdisant les marches à Alger par la crainte d’infiltrations de terroristes parmi les citoyens et le risque d’attentats spectaculaires. Des arguments qui demeurent toutefois peu convaincants. Le MSP, membre du gouvernement et de l’Alliance présidentielle, pour ne citer que lui, a déjà affiché sa désapprobation quant à cette mesure, notamment lors de l’agression israélienne contre Ghaza. Mieux encore, l’Etat s’est retrouvé, à maintes reprises, dans l’incapacité d’imposer sa volonté et convaincre les citoyens de la nécessité de ne plus marcher à Alger. Lors de l’agression sur Ghaza, des milliers de citoyens sont sortis dans les rues de la capitale et ont manifesté leur solidarité avec le peuple palestinien, malgré l’interdiction officielle. Un scénario similaire s’est produit à l’occasion du match de football qui a opposé l’Algérie à l’Egypte, où des milliers de jeunes supporters avaient défilé au Centre et dans tous les quartiers de la première ville du pays. Chaque fois, les autorités publiques se retrouvent sur la défensive et dans l’obligation de gérer les foules pour éviter d’éventuels dérapages.
Cela d’autant que ces mouvements de rue sont souvent spontanés et ne sont encadré par aucune organisation ni formation politique.
A. Fekrache