Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a réitéré hier l’interdiction des marches à Alger. Il s’expliquera aussi sur l’état d’urgence et ses conséquences sur la vie politique nationale, l’agrément de nouveaux partis et rassurera les gardes communaux quant à la prise en charge de leurs doléances.
«P OURQUOI rien n’a changé ?»
s’est-il d’emblée interrogé hier en marge de l’ouverture de la session de printemps du Parlement, lorsque est évoqué le maintien de l’interdiction des marches à Alger alors que l’état d’urgence est levé. «Les marches, ce n’est pas l’état d’urgence qui les interdisait. C’est la loi 91-19 qui figure au Journal officiel», a expliqué Ould Kablia, rappelant que «dans tous les pays du monde, y compris les pays démocratiques, les réunions et les manifestations publiques sont régies par des lois». «En France, on ne manifeste pas si on n’obtient pas une autorisation selon les modalités définies par la loi», a-t-il fait remarquer, non sans donner les raisons de la non-autorisation des marches dans la capitale. «La marche n’est pas autorisée à Alger parce qu’il y a des impératifs de sécurité qui font que la marche crée du désordre. Nous ne sommes pas actuellement en mesure d’empêcher ce désordre, et des désordre marginaux et collatéraux plus importants que sont les manifestations du terrorisme», a-t-il martelé. Par impératifs de sécurité, le ministre évoque «la sécurité des marcheurs eux-mêmes et ensuite la sécurité de la ville contre toute menace terroriste». La levée de l’état d’urgence est une réalité pour Ould Kablia. «L’état d’urgence est levé et il y a des lois spéciales pour la lutte contre le terrorisme», a-t-il en outre expliqué, non sans s’emporter alors que les journalistes insistaient sur «l’interdiction de toutes les marches». «Les marches ainsi que les réunions sont autorisées dans l’ensemble du pays», a tonné le ministre, citant l’exemple d’Oran où la CNCD a pu tenir une réunion après avoir été autorisée. Interrogé par ailleurs sur l’agrément de nouveaux partis politiques, le ministre de l’Intérieur est resté évasif. «Pour l’heure, l’urgence est la prise en charge des problèmes socioéconomiques des citoyens, tels l’emploi, le logement ou encore l’amélioration de leur accueil au niveau des institutions publiques», a-t-il répondu. «C’est cela la priorité», insistera Ould Kablia, qui reléguera ainsi au second plan les questions politiques. «Il y a des choses politiques qui vont suivre, le jour où le gouvernement décidera», s’est-il contenté d’expliquer. “Je n’ai jamais parlé de lieux de détention secrets” Interrogé sur les supposés centres de détention secrets qu’il a évoqués sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, Daho Ould kablia nie avoir parlé de ces endroits. «Je n’ai jamais parlé de lieux de détention secrets. Moi-même j’ignore s’ils existent », a-t-il affirmé. «Ce que j’ai dit, c’est que la loi sur l’état d’urgence donnait au ministre de l’Intérieur la faculté de placer des personnes suspectes en internement administratif », a expliqué Ould Kablia, ajoutant que «cette disposition est levée au même temps que l’état d’urgence ». Plus explicite à ce sujet, il dira : «Maintenant, pour interner, à titre administratif, une personne dont les activités se révèlent dangereuses pour l’Etat, c’est la justice qui doit trancher. C’est-à-dire qu’on doit passer désormais par les voies de droit.» Revenant sur la situation des gardes communaux, Ould Kablia reconnaît que leur cas délicat a été traité d’une façon «un peu trop rapide», affirmant que leur situation a été examinée. «J’ai tenu une réunion de 2 heures avec les représentants de la garde communale dans 20 wilayas différentes», a-t-il expliqué, tout en leur rendant hommage pour leur dévouement. «Je dois dire dès cet instant toute notre reconnaissance et notre gratitude pour le travail gigantesque qui a été fait par ce corps pour protéger le pays et s’engager en premier dans la lutte contre le terrorisme», a-t-il dit. La situation sécuritaire s’étant améliorée,
«il n’est plus nécessaire de mobiliser un aussi grand nombre de personnes dans ce contexte», a expliqué Ould Kablia, avant de rassurer les gardes communaux : «Il a été examiné la possibilité de leur redéploiement ou de leur réinsertion selon les cas. Cela s’est fait au départ dans des conditions un peu trop rapides», reconnaît-il. «Nous les avons écoutés, enregistré leur doléances et des solutions seront apportées en concertation avec eux sur leur devenir», tient-il à préciser. Un devenir qui doit, selon lui, «être à la hauteur des efforts et des sacrifices consentis et également des possibilités qu’ils peuvent offrir pour servir le pays».
S. M