C’est en principe aujourd’hui que les autorités de la wilaya d’Alger vont donner le coup d’envoi à une opération d’envergure : mettre fin à la prolifération des marchés informels qui ont gangrené l’économie et enlaidi l’aspect de nos villes. D’importants moyens seront mobilisés pour la réussite de cette campagne de salubrité publique.
Il n’y aura plus de vendeurs sur les trottoirs de la capitale dans peu de temps, avons-nous appris au niveau du secrétariat général de la wilaya d’Alger. La tâche s’annonce tout de même difficile, tant le phénomène de l’informel, qui persiste depuis de longues années, a pris de l’ampleur. Mais du côté de la wilaya d’Alger on insiste. «La capitale devra être débarrassée de ces innombrables commerces informels qui se sont multipliés beaucoup plus durant le mois de ramadan, squattant les trottoirs et les rues de la capitale», indique-t-on, tout en précisant que pour ce faire un grand plan de «nettoyage» a déjà été mis en place et devra être exécuté juste après la célébration de la fête de l’Aïd el-fitr. «Les services de sécurité ont été instruits. Les rues et les quartiers concernés ont été recensés et dûment identifiés», précise notre source, selon laquelle «cette opération musclée, puisqu’il y aura utilisation de la force publique, va être entamée dès cette soirée pour éviter des désagréments aux nombreux citoyens qui, dans la journée vaquent à leurs obligations», a-t-il ajouté.
La décision de la wilaya d’Alger de mettre un terme au commerce informel sur les trottoirs de la capitale a été motivée, entre autres, indique-t-on, par les nombreuses plaintes de milliers de commerçants qui honorent leurs impôts et qui se trouvent lourdement pénalisés par ces pratiques commerciales anarchiques qui échappent à l’impôt et à toute autre forme de contrôle. Elle est également justifiée par les désagréments causés aux piétons qui, souvent, sont contraints de marcher au milieu de la chaussée, au risque d’être fauchés par les véhicules, alors que les trottoirs sont indûment occupés par ces vendeurs informels qui ne contribuent nullement à l’économie nationale. Pis encore, les services de sécurité ont découvert des bandes de voyous qui «louent» des bouts de trottoir au niveau de certaines rues marchandes de la capitale à des commerçants informels.
Certaines de ces bandes ont été démantelées et leurs éléments mis sous les verrous, affirme-t-on du côté des services de sécurité, lesquels confirment la mobilisation d’un important escadron de brigades d’intervention pour la réussite de l’opération. Pour revenir à ces groupes maffieux qui louent des emplacements à des vendeurs à la sauvette, notre source sécuritaire indique que des complices à ceux actuellement sous les verrous, «semblent poursuivre cette activité criminelle, en soustrayant de l’argent à leurs clients sous la menace».
«La solution pour la wilaya d’Alger, c’est d’appliquer simplement la loi qui interdit toute vente et tout commerce non déclaré et autorisé», souligne-t-on également au niveau de la wilaya d’Alger. Pour rappel, certaines estimations indiquent que 40 % de l’activité commerciale de la capitale est informelle. Une opération similaire a été lancée en 2005 touchant 96 marchés informels recensés à Alger réédités.
Après avoir lâché du lest lors du printemps arabe, l’Etat veut, semble-t-il, mettre un terme à ce phénomène qui a touché tous les quartiers de la capitale et d’autres villes du pays.
Si les commerçants inscrits au registre du commerce, que nous avons interrogés dans l’après-midi d’hier, accueillent favorablement cette initiative du premier responsable de la wilaya, les jeunes vendeurs disent qu’ils ne vont pas se laisser faire «s’il n’y a pas une contrepartie pour subvenir à nos besoins et à ceux de leur famille».
R.K