S’il y a un marché informel à Alger qui résume toute la problématique de ce phénomène, c’est bien celui de Bab Ezzouar. Tous les ingrédients s’y retrouvent : nuisances sonores, absence d’hygiène et circulation anarchique.
La colère des habitants de la cité AADL n’a pas duré longtemps. Au mois de juillet 2013, des habitants de ce quartier, situé à l’est d’Alger, ont menacé de démanteler le marché informel et de manifester devant le siège de l’APC. Ils protestaient contre une situation imposée depuis des années. Tous les samedis et mardis, des jeunes issus de la localité et des régions environnantes se retrouvent sur une place qui jouxte la nouvelle cité AADL, la cité CNEP et la cité Ismaïl Yefsah.
Ils installent très tôt leurs marchandises, créant un tapage insupportable pour les riverains, agacés par leurs vociférations et les coups de klaxon. Le tintamarre se poursuit souvent toute la matinée jusqu’en début d’après-midi. Le va-et-vient incessant des voitures et des clients habitués des lieux mettent à rude épreuve les nerfs des habitants. « En plus du bruit qu’ils occasionnent, ils laissent derrière eux plein de détritus », témoigne un résidant du quartier.
Et les agents de Netcom éprouvent toutes les peines du monde à nettoyer les lieux encombrés d’immondices. « Un tel endroit ne devrait pas être aussi repoussant, au moment où des locaux réalisés dans le cadre de la disposition du président de la République « 100 locaux par commune » et ceux de l’ancien marché couvert restent fermés », se désole notre interlocuteur.
Bourbier
Non loin de là, un autre marché informel ne cesse de prendre des proportions non maîtrisables. Il s’agit du marché de la cité Sorecal. Réputé pour ses prix défiant toute concurrence, ce marché, ouvert toute la semaine, même le vendredi, continue d’attirer les marchands ambulants pour qui les mots propreté et environnement ne signifient rien. Le grand terrain vague faisant face au marché couvert est un véritable bourbier par temps de pluie.
Les clients, dont la majeure partie sont des femmes d’un âge avancé, trouvent de multiples difficultés à avancer. Les cageots de fruits et légumes et des étals de fortune rendent le déplacement difficile. Aucun aménagement n’a été réalisé. De vieux cartons et des planchettes sont étalés par terre pour éviter aux passants de s’embourber. Là aussi, les marchands laissent des détritus dont les odeurs empestent les lieux à longueur de journée. Ces deux marchés répondent certes à de vrais besoins. Mais cela ne suffit pas à certains habitants. « Ce que nous voulons, c’est un marché parisien digne d’une cité urbaine.
Le commerçant serait dans l’obligation de venir avec des étals propres, et l’APC doit veiller à l’hygiène des lieux contre le paiement d’un droit de place », commente un citoyen. « Nous méritons une meilleure attention de la part des autorités locales et des services d’hygiène de la commune, car le marché construit est exigu et ne répond pas aux normes, d’où notre préférence pour les marchés parisiens, en sus des prix pratiqués », renchérit un autre. Ces marchés informels ne sont pas, tout le temps, les mieux indiqués pour effectuer des emplettes de qualité. « Chacun trouve son compte, sauf les résidents. Là, je reste solidaire pour l’hygiène », reconnaît un autre.
Des solutions concrètes
L’impact de ces marchés informels sur l’environnement et la quiétude du citoyen inquiète les autorités locales qui veulent régler ce problème. Pour le président de l’APC de Bab Ezzouar, Laâmri Kermia, « le problème du marché informel est pris à bras-le-corps par nos services. C’est un marché qui porte atteinte à l’environnement et constitue un danger pour les citoyens puisque des cas de chutes par glissade sur des restes de légumes ont été enregistrés ».
« La semaine prochaine, nous allons entamer une opération d’éradication de ces lieux qui sont pris d’assaut par des marchands issus des autres commune et des wilayas du Centre », nous dira notre interlocuteur. Toutefois, il reconnaît la nécessité de créer des marchés de proximité. « Nous sommes en phase de création de marchés parisiens au sein des quartiers pour permettre au citoyen d’acquérir ce dont il a besoin en matière de fruits et légumes frais », ajoute l’élu.
« Des assiettes foncières situées entre les immeubles seront identifiées pour permettre aux commerçants, par groupe de quatre ou de trois, d’installer leurs étals sans gêner le mouvement des habitants ou porter atteinte à leur quiétude », expliquera M. Kermia. L’autre solution proposée par la commune de Bab Ezzouar est la distribution prochainement des « 100 locaux ». « Avec cette opération, un autre point de vente sera mis à la disposition des citoyens. Les premières listes des bénéficiaires ont été déjà établies, et nous avons pris connaissance du rejet d’une cinquantaine de dossiers pour des motifs illogiques. Nous avons jugé nécessaire de redonner une autre chance aux personnes déboutées.
Mardi dernier, un tirage au sort a été effectué en présence d’un huissier de justice. L’opération a permis de récupérer 29 postulants des 48 dossiers tirés et deux ont refusé d’y participer », nous explique le P/APC de Bab Ezzouar. Avec ces deux dispositions, la commune va certainement arborer, dans les prochains, un visage plus avenant.
Souhila Habib