Marches des rappelés du Service national à Bouira, Béjaïa et Tizi Ouzou

Marches des rappelés du Service national à Bouira, Béjaïa et Tizi Ouzou

Ils revendiquent “une reconnaissance officielle, des indemnités, une pension mensuelle, l’accès aux soins et une prise en charge médicale, la priorité dans l’accès au logement et à l’emploi, la régularisation de leur situation vis-à-vis de la Sécurité sociale”.

Ils étaient près de deux cents personnes, hier matin, à tenir un sit-in devant le parvis du siège de la wilaya pour exiger des autorités leurs droits à la suite de leur mobilisation dans les rangs de l’ANP au cours de la décennie noire. Venus des quatre coins de la wilaya, les protestataires ont délégué cinq membres pour s’entretenir avec les responsables locaux de la wilaya, et ce, après avoir lu une lettre dans laquelle ils ont interpellé le président de la République. “Nous voulons la reconnaissance de la patrie pour les sacrifices consentis tout au long de la décennie noire de 1994 à 1999… Plus de 123 000 rappelés ont souffert tout au long de cette période, et il est inadmissible qu’ils se retrouvent ainsi marginalisés, sans logement, sans travail…’’ Réitérant leur leitmotiv qui est la reconnaissance de leur participation pour la sauvegarde de la République, M. Ferradji, originaire de Haïzer, affirme qu’à travers le territoire de la wilaya, près de 10 300 rappelés sont dans une situation peu reluisante : “Il y a plus de 10 200 quadragénaires aujourd’hui, dont une cinquantaine de blessés de la wilaya de Bouira qui attendent d’être indemnisés suite à leurs blessures et autres séquelles. Récemment, quelques-uns d’entre eux ont perçu un rappel en plus d’une pension mensuelle de 14 000 DA, mais il s’agit là d’une somme dérisoire. Aucune priorité pour accéder au logement social, la plupart d’entre nous ne travaille pas et il est difficile pour nous de faire valoir nos droits.’’ Les rappelés du Service national estiment qu’il est temps pour eux d’être indemnisés en conséquence : “Après avoir servi l’Algérie hier, nous sommes toujours prêts à la servir aujourd’hui et demain !”

Par ailleurs, des centaines de rappelés du Service national de la wilaya de Béjaïa ont investi, encore une fois, hier, les rues de la ville de Béjaïa, pour réclamer leurs droits. La manifestation s’est ébranlée de la gare routière vers le siège de la wilaya où un rassemblement a été tenu. Après avoir observé leur sit-in d’une heure environ, les manifestants se sont dirigés vers le siège de la radio Soummam pour faire entendre, nous dit-on, leur voix sur les ondes de la radio. Pour rappel, l’Armée nationale populaire (ANP) les a rappelés au milieu des années 1990 dans le cadre de la lutte antiterroriste. “Après un sacrifice consenti par nous dans la lutte antiterroriste, les plus hautes autorités du pays nous ont oubliés”, nous déclare un groupe de rappelés protestataires. Les rappelés de la wilaya de Béjaïa ne sont pas à leur première manifestation de rue. Ils ont maintes fois battu le pavé sans jamais se faire entendre. À rappeler qu’ils revendiquent “une reconnaissance officielle, des indemnités, une pension mensuelle, l’accès aux soins et une prise en charge médicale, la priorité dans l’accès au logement et à l’emploi, la régularisation de leur situation vis-à-vis de la Sécurité sociale”. Les rappelés de la wilaya de Béjaïa se déclarent déterminés à faire aboutir leur plateforme de revendications. “On se rappelle que Bouteflika avait déclaré dans son discours de Sétif que nous ouvrons droit à une retraite sur la base d’une cotisation à partir de l’année de notre incorporation avec un appoint de 12 années supplémentaires.” À Tizi Ouzou, une seule banderole et un seul slogan résume les revendications des manifestants. “Nous, les ex-rappelés, demandons un statut”, lit-on sur le large tissu brandi par-dessus les têtes des marcheurs. La marche qui a réuni environ 300 ex-rappelés s’est ébranlée à 10h de l’ex-gare routière de Tizi Ouzou pour se diriger vers le siège de la wilaya. “Y en a marre de la politique, donnez-nous nos droits”, scandaient à tue-tête les marcheurs en empruntant le boulevard Abane-Ramdane, appelé communément la Grande rue.

S. LESLOUS/ H. Bessaoudi/L. OUBIRA