Le gouvernement algérien qui fait du label local son cheval de bataille pour faire face à la contraction de recettes en devises, vient d’opérer un tour de vis dans l’attribution des marchés publics dans le secteur des travaux publics à très forte consommation de devises.
Désormais seules les entreprises nationales -publiques ou privées- seront concernées par les avis d’appel d’offres pour la réalisation des projets du secteur. Mieux encore, la formule de gré à gré qui a fait le bonheur de certains flibustiers sera non pas une règle mais une exception.
C’est du moins ce qu’a déclaré le ministre du secteur, Abdelkader Ouali en marge de sa réunion avec les responsables et les cadres de l’Agence nationale des autoroutes (ANA) et des responsables de l’Algérienne de gestion des autoroutes (AGA). «Tous les projets du secteur des Travaux publics seront soumis à l’avenir à des appels d’offres nationaux ouverts aux seules entreprises nationales afin d’encourager l’investissement local en Algérie», a dit le ministre.
L’objectif de cette mesure étant d’après lui d’«encourager les entreprises nationales les plus qualifiées et proposant leurs services à moindre coût». Pour autant a précisé le ministre, «On aura exceptionnellement recours aux appels d’offres internationaux pour les projets qui exigent une maîtrise et des moyens qui ne sont pas disponibles localement».

Plus d’offres internationales
En clair, les grandes infrastructures qui nécessitent un haut degré de technicité et des gros moyens, seront confiées à des firmes internationales de renom tant les entreprises algériennes n’ont pas atteint la taille critique leur permettant de réaliser ce genre de méga projets.
Abdelkader Ouali qui a annoncé ces décisions ne fait que mettre en pratique les instructions du président Bouteflika, énoncées lors du dernier Conseil des ministre du 6 octobre 2015, à l’effet d’encourager l’investissement national, ce qui se traduira dorénavant par l’attribution prioritaire des projets publics aux entreprises nationales afin d’éviter autant que faire ce peut de recourir aux firmes étrangères.
L’objectif étant de ne pas solliciter le matelas de devises de la banque d’Algérie qui fond comme neige au soleil sous l’effet de sollicitations massives et récurrentes.
Sauver ce qui peut l’être…
C’est là l’unes des décisions phares du plan anticrise du gouvernement emballé sous le vocable de «rationalisation» des dépenses et qui se décline comme un plan d’austérité pour certains. Quoi qu’il en soit, il était grand temps que le gouvernement mette fin à une politique d’importation à tout va qui a saigné les finances de l’Etat et qui grossissait les chiffres d’affaires des firmes étrangères et les bénéfices nets d’une faune d’importateurs de tous poils.
Pour cause, le gouvernement a aujourd’hui le couteau sur la gorge tant l’incertitude de redressement des cours du pétrole espérée reste entière. Le gouvernement avait expliqué récemment à juste titre d’ailleurs que le recours aux biens et services d’origine algérienne «s’avère une option stratégique et un choix déterminant pour le développement de l’économie nationale».
Mais au-delà de ce souci de développement intra-muros l’Algérie ne pourra plus continuer à payer des factures salées qui plus est en devises pour des projets qui auraient pu être réalisés par des entreprises nationales et avec la même qualité.