Le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni, a déclaré, hier depuis Tunis, que les producteurs pétroliers recherchent la stabilité du marché et se réuniraient, à Riyad en avril, pour discuter des efforts en cours destinés à réduire la production afin de soutenir les prix.
« Nous cherchons la stabilité. La question ne concerne pas seulement le prix, mais l’équilibre entre les producteurs et les consommateurs », a déclaré Mustapha Guitouni à la presse, lors d’une visite à Tunis. « Il y aura une réunion à Riyad en avril. Nous discuterons de la politique à mener. Nous avons besoin d’une position commune pour savoir ce que nous pouvons faire », a-t-il précisé. Lui emboîtant le pas, le président en exercice de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Souhail Al-Mazrouei, a affirmé, hier, s’attendre à un marché pétrolier mondial équilibré cette année, les producteurs continuant à limiter leur production pour soutenir les prix du brut tombés à leur plus bas en 2014. « Je suis confiant que pour cette année, nous parviendrons à un équilibre du marché » entre l’offre et la demande, a déclaré le président de l’Opep, qui est également ministre de l’Energie des Emirats arabes unis, lors d’un forum des marchés financiers mondiaux qui se tient à Abou Dhabi. Cependant, d’autres membres de l’Organisation ne cachent plus leur inquiétude quant à la hausse effrénée de l’offre américaine, y voyant une réelle menace pour l’équilibre du marché et les efforts des producteurs. Dans son dernier rapport mensuel de janvier, l’Opep est allée jusqu’à se déclarer « préoccupée » par le rythme auquel évolue la production américaine de pétrole brut. Une cadence qui pourrait, à terme, saper les efforts de l’Opep et ses partenaires qui se sont investis dans une tentative de rééquilibrer le marché par le moyen d’une limitation de l’offre. En effet, les membres de l’Opep, exception faite du Nigeria et de la Libye, associés à dix autres producteurs non membres, dont la Russie, s’étaient mis d’accord fin 2016 pour limiter la production afin de contenir la chute des cours. L’accord prévoyait de baisser la production de 1,8 million de barils par jour (mbj) afin de réduire l’excédent d’offre sur le marché. Le respect de la baisse de production a atteint 133% en janvier, ce qui, selon le ministre émirati, est supérieur à l’engagement dicté par l’accord.
En décembre, le respect de la réduction a été de 129% et en novembre de 122%. Le président de l’Opep a estimé, hier, que la coopération entre pays producteurs pétroliers, dont la Russie, a atteint des niveaux « supérieurs aux attentes ».
L’évolution du taux d’adhésion aux accords de réduction de la production, combinée à la faiblesse du dollar et à la hausse de la demande hivernale du brut, a eu pour conséquences un rebond des cours pour atteindre 70 dollars le baril. Ceci étant, les prix ont décroché ces dernières semaines sous l’effet de la hausse de la production américaine et des stocks de ce même pays. Cette tendance à la baisse a incité l’Opep et ses partenaires à réfléchir à un partenariat de long terme afin de pouvoir endiguer l’impact de l’offre américaine sur le marché. Le 15 février dernier, le chef de l’Opep a indiqué que son organisation cherchait à parvenir avant la fin 2018 à un accord sur une coopération à long terme avec les pays non membres de l’organisation pour stabiliser le marché. Souhail Al-Mazrouei a par ailleurs prévenu qu’avec le retour de l’équilibre du marché et la hausse de la demande mondiale de pétrole, le secteur de l’énergie aura besoin de gros investissements dans un proche avenir de la part, non seulement des riches monarchies pétrolières du Golfe, mais également des majors pétroliers. « Nous allons devoir produire 15 millions de barils de pétrole de plus en 2040 pour satisfaire la demande», a-t-il dit, comme pour mettre en garde contre la baisse des investissements dans les hydrocarbures et les possibles conséquences sur les prix à long terme.
Écrit par Hakim Ould Mohamed