Marché parallèle des devises du square port-saïd, Les députés «désapprouvent» les déclarations d’Ould Kablia

Marché parallèle des devises du square port-saïd, Les députés «désapprouvent» les déclarations d’Ould Kablia

La récente sortie médiatique du ministre de l’Intérieur, pour qui il ne fallait pas éradiquer le marché informel des devises du square Port-Saïd sous prétexte que les citoyens y trouvaient leur compte, était loin d’être du goût de plusieurs députés, interrogés, hier, en marge de la présentation du rapport annuel de la Banque d’Algérie à l’APN.

Pour Ramdhane Taâzibt, député et membre de la direction nationale du Parti des travailleurs (PT), les déclarations de Daho Ould Kablia confirment, si besoin est, que «l’État prend à la légère un problème sérieux qui porte atteinte à l’économie nationale».

«C’est un problème (le marché parallèle de la devise) qui dure depuis des années et porte atteinte à notre économie car lequel marché est sollicité même par les étrangers», a-t-il dit.

Plus explicite, le député du PT a précisé que le marché de Port-Saïd représente une menace du fait surtout, a-t-il estimé, qu’il permet aux lobbies de vider l’Algérie de sa devise. C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, l’État, qui a des réserves de change importantes, doit ouvrir le dialogue pour traiter ce dossier.

«C’est un problème qui ne doit pas être traité avec facilité et légèreté comme l’a fait le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales», at- il ajouté. Toujours dans le même ordre d’idées, Ramdhane Taâzibt, a souligné que le Parti des travailleurs est contre la création des bureaux de change, qui a été proposée par certains députés car, d’après lui, ceux-ci (les bureaux de change) peuvent être aussi utilisés par les lobbies comme moyen pour «expatrier » la devise vers l’étranger.

Pour sa part, le député du Front de la justice et du développement (FJD), Lakhdar Benkhellaf, a estimé que la «légalisation» du marché parallèle de la devise est un feu vert pour la mafia du blanchiment d’argent et une reconnaissance indirecte de l’existence de réseaux de trafic de la devise.

Selon lui, les pouvoirs publics n’ont pas pu créer des bureaux de change malgré l’existence d’un texte de loi promulgué le 23/12/1995 par la Banque d’Algérie à cause de la nonrentabilité de cette activité et le grand écart qui existe entre le taux de change appliqué dans les marchés parallèles et celui des institutions officielles.

Par ailleurs, le député de FJD a plaidé pour la révision à la hausse de la «location touristique ». «La somme insignifiante accordée aux Algériens qui se rendent à l’étranger dans le cadre de l’allocation touristique, et qui ne dépasse pas les 140 euros, pousse ces derniers à solliciter le marché parallèle de la devise», a-t-il encore ajouté. L’Algérie est à l’abri de la crise financière.

De son côté, le chef du groupe parlementaire du Front des forces socialistes (FFS), Ahmed Batatache, a qualifié les déclarations du premier responsable du département de l’Intérieur et des Collectivités locales de «graves». «Ce sont des déclarations graves d’autant plus qu’elles émanent du chef suprême des forces de l’ordre», a déclaré Ahmed Batatache, en soulignant qu’il faut toute une politique de change pour mettre un terme à ce problème.

Toujours dans le même ordre d’idées, Mustapha Bouchachi, député FFS, a déploré le fait que «l’Etat refuse d’appliquer des lois que lui-même a promulguées ou instaurées ». L’ex-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) a, en outre, laissé entendre que le marché parallèle de la devise, sis à Port-Saïd, ne profite qu’aux barons.

«En tous cas, une chose est sûre : le simple citoyen ne bénéficie pas de ce marché», a-t-il conclu. Sur un autre chapitre, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, a souligné, lors de la présentation du rapport annuel de cette institution, que le système monétaire algérien est susceptible de mettre le pays à l’abri de la crise financière mondiale malgré, a-t-il dit, de la fragilité de l’économie nationale.

Cependant, le responsable a indiqué que la Banque d’Algérie va adopter une politique monétaire bien précise pour réduire, un tant soit peu, le taux de l’inflation qui ne cesse de s’accroître. Ainsi, Mohamed Laksaci a rappelé que le taux de l’inflation a atteint un «pic» record en juin 2012, à savoir 7,29 %.

S. Dadi