MARCHÉ PARALLÈLE DE LA DEVISE, Le printemps arabe, le Ramadhan et le retour des émigrés compromettent les affaires des cambistes à Oran

MARCHÉ PARALLÈLE DE LA DEVISE,  Le printemps arabe, le Ramadhan et le retour des émigrés compromettent les affaires des cambistes à Oran

Le retour des émigrés semble avoir eu un impact sur le cours des devises. Ainsi, les cambistes qui s’apprêtaient à réaliser de bonnes affaires avec la campagne Omra spécial Ramadhan ont été obligés de modérer leur enthousiasme avec l’arrivée sur le marché d’une masse de devises, venue brouiller leurs cartes.

«On attendait cette arrivée mais elle devait se faire aux environs de la mi-juillet. C’est généralement au cours de cette période que sont signalées des opérations que nous ne contrôlons pas et qui nous poussent à décider des baisses des taux de change pour ne pas perdre», affirme un cambiste d’Oran qui ne manquera pas de souligner que l’euro qui s’échangeait à 14,90 et parfois jusqu’à 15,10 est en train de subir les contrecoups de l’arrivée progressive de vagues d’émigrés venus passer leurs vacances dans le pays.

Mais ce qui inquiète les professionnels du change parallèle est l’activité au ralenti des agences de voyages. La destination Turquie ne se vend pas bien alors que la Syrie, un pays très prisé par les trabendistes, commence à disparaître des prestations des voyagistes.

Et avec les événements que connaissent la Tunisie et l’Egypte, nous risquons de nous retrouver avec une masse de devises entre les mains. Notre chiffre d’affaires estival pourrait durement ressentir ces aléas que nous n’avons pas vu venir, estime un cambiste de M’dina J’dida.

Ces derniers qui comptaient sur la campagne Omra spécial Ramadhan pour doper leurs affaires ont revu leurs prévisions à la baisse.

«D’habitude, les arrivées massives d’émigrés n’influaient que légèrement sur notre chiffre d’affaires, mais pour cet été, elles pourront se faire ressentir durement, et ce, pour la simple raison que nous avions de grosses sommes en reliquat que nous n’avions pas liquidées. Les petits cambistes et les occasionnels ne prenaient d’habitude qu’un faible pourcentage du marché estival mais pour cette année, les choses ont changé.

Il ne faut pas oublier que beaucoup de nos compatriotes, installés à l’étranger, passaient leurs vacances en Egypte ou en Tunisie, grâce à des réservations auprès de tour-opérateurs étrangers. Cette année, ces destinations ont été déclassées des programmes d’un grand nombre d’agences à l’étranger et cette masse d’argent va automatiquement se retrouver en circulation en Algérie, ce qui va déstabiliser, inéluctablement, le marché», fera remarquer un autre cambiste du centre-ville.

Des temps difficiles

Et pour mieux saisir cette appréhension, un tour vers les lieux connus de change montre combien les temps sont devenus difficiles pour ceux qui ont choisi cette activité. Aujourd’hui, des rabatteurs sont installés aux abords des magasins pour tenter de séduire la clientèle.

On ne se montre plus discret, on va à la pêche au potentiel client pour ne pas baisser rideau. «Comment seront les mois de juillet et août quand des vagues d’émigrés vont débarquer à Oran. Ceux qui avaient l’habitude de partir en vacances à l’étranger durant cette période resteront en Algérie pour passer le Ramadhan. Nous attendons de voir comment va se dérouler la campagne Omra, pour connaître la réaction du marché», estiment de nombreux cambistes qui avouent qu’ils seront tôt ou tard contraints à céder sur le prix de vente des devises pour ne pas compromettre leur chiffre d’affaires annuel.

«Si on ne cède pas sur le prix de vente, nous allons nous retrouver avec de grosses sommes à éponger plus tard. C’est pourquoi nous devons baisser les prix maintenant pour maintenir un volume gérable de la monnaie en circulation sur le marché», avouent-ils.

F. Ben