Le phénomène est de retour en ce début du mois de ramadhan. L’informel a bel et bien repris ses droits, mais aussi ses endroits.
La décision prise dernièrement par les pouvoirs publics d’éradiquer le fléau n’a pas finalement pas eu les résultats escomptés. Preuve en est : à chaque mur de la capitale s’adosse, aujourd’hui, l’étalage d’un marchand ambulant. Des produits alimentaires, à ceux de l’électroménager, en passant par les articles pour enfants et femmes, tout s’expose. Chut…on vend. Rien n’est laissé au hasard.
Certes, les prix sont relativement bas, il n’en reste pas moins que le préjudice pourrait être fatal aux consommateurs. Il y va de leur santé. D’autant que les produits exposés ne respectent pas, forcément, les conditions d’hygiène requises. Tout se vend à ciel ouvert. Le contrôle est aux abonnés absents.
A peine 8 ans, Ramzy se voit déjà marchand. Il détient une table de produits de conserve et laitiers. L’enfant a pris son quartier libre à la rue des frères Zoubiri, à la place des Martyrs. Avec l’argent qu’il gagne il veut, dit-il, aider son père dans ses dépenses qui, en ce mois de jeûne, passent du simple au double. «Le salaire de mon père est insuffisant surtout avec le ramadhan. C’est un devoir d’aider ma famille», lance-t-il. A quelques encablures, rue Bouchali Nourdine.

Un jeune de 13 ans occupe une table de produits pour lave-vaisselle. Celui-ci pense d’ores et déjà à la prochaine rentrée scolaire. «Elle est pour bientôt. Ce mois est une aubaine pour amasser un peu d’argent », sourit-il. Face à lui, Omar, la trentaine, soutient qu’à défaut de diplôme, il a choisi cette activité. Omar vend des articles pour femmes qui constituent, à ses dires, «un marché juteux».
L’invité surprise : les vendeurs de zlabia. Ils n’ont pas trop attendu pour passer à l’acte en proposant leur marchandise. Les prix sont inférieurs à ceux pratiqués par les préparateurs eux-mêmes. A Bab el-Oued, la situation n’est guère meilleure. Des tables de marchands ambulants sont exposées à proximité des espaces de vente. C’est le cas du marché Nelson.
Des vendeurs à la sauvette étalent leurs marchandises, essentiellement composées de produits alimentaires. Même décor à la rue Achour Ahcène : le pain se vend à ciel ouvert. « Il faut venir deux heures avant l’Adhan pour se rendre compte de l’ampleur de l’informel», souligne un quadragénaire.
INDIGNATION DES COMMERÇANTS
Les commerçants exerçant dans la légalité s’indignent quant à cette situation. Ils réclament, haut et fort, l’intervention de l’Etat. Ammi Salah, qui a pignon sur rue à la rue Debbih-Chérif (Soustara) se montre navré devant cet état de fait. «Que voulez-vous qu’on fasse ? C’est l’Etat qui doit intervenir pour mettre fin à cette anarchie.
Inutile de dire que cela représente pour nous un manque à gagner considérable», observe-t-il. Et de poursuivre : «Malgré la décision des autorités d’éradiquer le mal, les vendeurs informels sont omniprésents. Au point où vont les choses, le mal, cette fois-ci, n’en sera que profond». Quid de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) ?
Son secrétaire général, Salah Souilah pense que la flambée des prix des produits alimentaires constatée, actuellement, est la résultante, «sans conteste», de l’activité informelle. Pour lui, l’éradication du phénomène devient une nécessité absolue.
De son côté, le ministère du Commerce tente, tant bien que mal, de mettre de l’ordre sans, toutefois, arriver à en finir avec le fléau. Les pouvoirs publics avaient décidé récemment de délocaliser les commerçants exerçant dans l’informel vers des lieux mieux «adéquats» et «organisés» que chaque commune doit désigner.
Amokrane H