Marché informel : Côté cour, côté jardin

Marché informel : Côté cour, côté jardin
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Le marché informel tant décrié, à raison d’ailleurs, vu les pertes qu’il occasionne au Trésor public, mais aussi les dangers qu’il représente  pour la santé, n’a pas que des inconvénients. Il a aussi ses avantages. L’idéal serait donc d’arriver à adopter des mesures permettant à la fois de bénéficier de ses avantages, tout en évitant ses inconvénients.

Ce qu’il faut tirer comme conclusion, c’est que le marché informel, tant décrié et à raison d’ailleurs, vu les pertes faramineuses qu’il occasionne au Trésor public, contribue d’une certaine façon à la sauvegarde de la paix sociale. Les petites bourses y trouvent leur compte, puisqu’elles y recourent pour fuir aux prix fous, échappant à tout contrôle, du marché légal. 100 000 DA/an, d’économie c’est très appréciable pour les ménages algériens. Ce n’est donc pas fortuit si partout dans le monde, il existe un «seuil de tolérance» pour le commerce parallèle, auquel on «ne doit en aucun cas s’opposer avec des méthodes répressives», comme le rappellent les spécialistes chez nous. Dans le traitement de ce dossier de l’informel, il convient de tenir compte aussi «de la mentalité du consommateur algérien qui cherche son intérêt, en acquérant des marchandises à moindre coût, sans s’intéresser aux conditions de leur vente», a souligné l’expert économiste algérien auprès de la Banque mondiale, M’Hamed Hamidouche, hier lors d’une rencontre sur le sujet à Tipasa.

Cette mentalité qui, nous devons quand même bien le rappeler, est conditionnée par un pouvoir d’achat de plus en plus bas et des prix de moins en moins accessibles. D’où le danger, dans cette ruée sur les produits en ne regardant que le côté alléchant de leur accessibilité, d’aller au devant de complications sanitaires. Tout le monde sait, en effet, que la contrefaçon fait rage dans le marché parallèle. Et c’est le revers de la médaille de ce dernier. Ceci pour  ce qui concerne le citoyen et la famille. Quant aux pouvoirs publics, si ce marché les aide dans une certaine mesure à gagner la paix sociale, il est aussi une source de pertes financières importantes. Le Trésor public accuse en effet, une perte fiscale de 8 milliards de dollars, à cause du commerce informel, dont 5 milliards sous forme de taxes sur la valeur ajoutée, en plus des pertes financières accusées par la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (CNAS) et la Caisse nationale de la sécurité sociale des non-salariés (CASNOS), auxquels s’ajoutent les transferts illégaux en devises estimés à 2,7 milliards de dollars. Des chiffres à ne pas prendre à la légère. Comme on le voit, le marché informel a son côté cour et son côté jardin.

Et pour pouvoir bénéficier de ses avantages tout en se préservant de ses inconvénients, les spécialistes réunis, hier, à Tipasa autour de la question, ont  plaidé pour le «recensement des vendeurs de l’informel pour leur intégration dans le tissu économique national».

LG Algérie

Lors de cette rencontre à laquelle ont pris part près de 150 commerçants et opérateurs économiques, M. Hamidouche a, en outre, appelé à la création d’un «observatoire pour le suivi et le contrôle des statistiques fournies en la matière», qui permettra une «évaluation réaliste», a-t-il dit «de la valeur du commerce parallèle, son développement et de son impact sur l’économie nationale».

F. A.