Le gouvernement mise sur le développement du marché financier, l’amélioration des recouvrements fiscaux et la bancarisation des capitaux informels pour diversifier le financement de l’économie par des moyens extrabudgétaires, a indiqué, mardi, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, dans un entretien à l’APS.
Le gouvernement compte ainsi mobiliser les capitaux informels, devant être drainés par les banques, pour diversifier ses ressources de financement sur fond de baisse des prix du pétrole, a indiqué le ministre.
Interrogé sur les mesures prévues par son département en matière de moyens alternatifs pour financer les projets publics par des fonds extrabudgétaires, M. Benkhalfa a affirmé qu’il y avait trois types de mesures visant à diversifier les ressources budgétaires de l’Etat.
Il s’agit en particulier de l’inclusion des capitaux informels dans la sphère bancaire en vertu de la disposition de la loi de finance complémentaire (LFC) pour 2015 qui incite les détenteurs de ces capitaux à les déposer dans les banques contre paiement d’une taxe forfaitaire de 7%.
« A partir du 15 août, les banques vont commencer à recevoir ces fonds et qui vont être progressivement intégrés dans la sphère économique », a assuré le ministre ajoutant que le gouvernement travaillait pour atteindre une économie basée sur le marché au lieu du budget.
« Nous devons optimiser ces ressources et gaspiller moins celles que nous avons », a estimé M. Benkhalfa soulignant que cette mesure allait engendrer un double impact positif, soit pour ces détenteurs de capitaux et pour l’économie nationale.
Dans ce sens, M. Benkhlfa a fait savoir que les banques ont été instruites pour mener au mieux l’opération d’intégration des fonds informels dans la sphère bancaire.
De plus, poursuit-il, le gouvernement mise sur le développement du marché financier et l’amélioration des recouvrements fiscaux afin d’accroître ses ressources, citant en ce sens les nouvelles mesures fiscales introduites par la LFC 2015.
Toutes ces mesures et autres vont permettre, selon le premier argentier du pays à impulser une nouvelle dynamique de croissance économique devant être générée par les secteurs productifs hors hydrocarbures.
« En 2018, nous allons sortir d’une économie moins diversifiée à une économie diversifiée mais surtout faire en sorte que les acteurs de la sphère réelle soient des acteurs qui travaillent en toute sécurité. Ils ne doivent pas cacher leur argent mais doivent faire profiter l’économie du pays de ces fonds », a-t-il résumé.
Pas de retour en arrière sur la politique sociale
Sur un autre plan, le premier argentier du pays a indiqué que le gouvernement n’envisageait pas pour l’heure de réviser la politique des subventions et de soutien aux prix, y compris ceux du carburant.
L’abandon de subventions « n’est pas à l’ordre du jour », a assuré le ministre en insistant toutefois sur la nécessité d’arrêter le gaspillage des ressources de l’Etat et des tous les produits soutenus.
« Nous allons continuer à dépenser mais nous devons veiller à gaspiller moins (…). Nous devons arrêter de gaspiller tous ces produits et ressources qui sont soutenus par l’Etat: sucre, huile, farine, électricité et carburant », insiste-t-il
Pour lui, si tous les Algériens s’inscrivent dans cette logique, l’Etat va économiser des ressources importantes dans son budget qui est déjà alourdi par les transferts sociaux.
Il explique qu’en dépit de la dégringolade des cours du brut, l’Algérie dispose encore d’une marge de manoeuvre pour faire face à cette situation et qu’elle n’est pas au stade d’adopter une politique d’austérité ou d’arrêter les subventions.
Cette situation résulte en particulier, selon lui, de la démarche du gouvernement ayant abouti au payement anticipé de la dette extérieure et à la constitution d’une épargne conséquente.
« La politique sociale de l’Algérie est, pour le moment, maintenue grâce à la politique anticipatrice du gouvernement », explique le ministre appelant les Algériens à « apprendre à ne pas gaspiller ».
« Nous ne sommes pas en situation de crise et nous n’adoptons pas une politique d’austérité mais plutôt de rigueur. Nous sommes maintenant à l’abri (de la crise) mais nous devons nous préparer à une économie plus efficiente et plus forte », a soutenu le ministre.
Interrogé, par ailleurs, sur l’installation de la centrale des risques pour la mise en oeuvre du crédit à la consommation pour les produits nationaux, M. Benkhalfa a indiqué que la Banque d’Algérie était en cours de travailler avec le ministère du Commerce pour mettre en place cet outil.