Une dizaine de facteurs négatifs «scotchent» dans un immobilisme inquiétant le marché de l’emploi dans notre pays.
Selon des experts, la faible création d’entreprises publiques, le recul des IDE, les effets pervers des réformes économiques, l’émergence du commerce de bazar et de l’informel contribuent à la perte de milliers d’emplois.
Ces aspects ont été soulevés, hier, par Abdelmalek Serraï, expert en économie, lors d’une table ronde sur le marché du travail et les conditions de son évolution, organisée par le centre de presse du quotidien El Moudjahid.
Décortiquant l’environnement socio-économique du pays, M. Seraï a énuméré une dizaine de facteurs négatifs qu’on doit absolument écarter si on veut que le marché de l’emploi évolue, et, par ricochet, que le taux de chômage baisse. D’abord, il faut promouvoir les investissements privés et publics. «S’il n’y a pas un effort considérable dans la promotion des investissements privés et publics, l’emploi n’ira pas aux chiffres que nous souhaitons obtenir», estime l’expert, en recommandant la restructuration du secteur de l’industrie qui reste, à ses yeux, le maillon faible de l’économie algérienne. «Tant qu’on n’a pas un taux de croissance au-delà de 7 à 10%, on ne peut pas prétendre à la création de nouveaux postes d’emploi à travers l’industrie», indique-t-il, en rappelant que le taux de croissance dans ce secteur ne dépasse pas 1,7%.
Dans le chapitre des IDE (Investissements directs étrangers), tout en déplorant leur faible pénétration dans le marché national, M. Serraï pense que la réglementation en vigueur, introduite dans la LFC de 2009 (51/49), n’encourage guère les investisseurs étrangers à s’installer chez nous, d’où la nécessité de revoir cet «obstacle» afin d’activer un facteur essentiel, d’après lui, à l’évolution du marché de l’emploi. Outre cela, le conférencier s’est étalé sur les réformes récurrentes de l’économie dont les effets pervers affectent, selon lui, l’économie nationale. «La transition de l’économie nationale et les effets pervers de cette réforme font perdre des milliers d’emploi», déclare-t-il. Idem pour la réforme systématique du commerce international qui n’arrange pas, selon lui, les affaires de nos entreprises.
«Nous avons un fort taux de disparition des sociétés qui meurent à cause de la réforme systématique du commerce extérieure», fait-il remarquer en expliquant que cela cause la perte des milliers d’emplois également.
D’ailleurs, cette situation a contribué, d’après lui, à l’émergence du «commerce de bazar» et de l’informel qui n’aident pas au développement économique en général et à la création d’emploi. A ce propos, l’expert recommande que ce phénomène soit pris en charge par les pouvoirs publics en mettant ce secteur (l’informel) sous contrôle en vue de le faire contribuer à la promotion de l’emploi. Last but not least, l’hôte d’El Moudjahid propose de développer le secteur des services. «Les services sont des sources de création d’emploi multiples à effets multiplicatifs. Ils aident les jeunes à s’y insérer», estime-t-il. Quant aux ressources financières, en dehors du budget de l’Etat, M. Serraï préconise d’aller vers la fiscalité et l’épargne.
ANEM : bientôt inscription on-line
L’Agence nationale de l’emploi (Anem) compte lancer incessamment un site web (www.anem.dz) pour recevoir les demandes d’emploi à fin de faciliter la tâche aux demandeurs d’emploi qui peuvent, ainsi, transmettre leurs requêtes à partir de chez eux ou d’un cybercafé sans avoir à faire le déplacement et subir l’attente fatigante dans les halls de l’agence à travers les 48 wilayas.
C’est du moins ce qu’a affirmé Chalal Mohamed Tahar, directeur général de cet organisme, en marge du forum d’El Moudjahid. «On va juste leur demander, après inscription sur Internet, de se présenter au niveau de l’agence pour valider les informations», indique-t-il en promettant le traitement des dossiers dans des délais plus courts d’autant que les conditions de travail des agents de l’Anem seront meilleures.