Marché du lait: une “niche” très disputée

Marché du lait: une “niche” très disputée

L’Algérien consommE en moyenne 130 litres de lait par an.

L’Association des producteurs algériens de boissons (Apab), et le programme CAP-PME, ont collaboré pour l’élaboration d’une «Etude lait et boissons lactées». C’est dans cet esprit innovant que l’Apab a organisé hier à Alger une rencontre-séminaire afin de «cerner les réponses à une meilleure connaissance de ce segment du marché par l’incorporation au sein de l’Apab, depuis octobre 2015, des producteurs de lait, de lait aromatisé et de boissons lactées».

L’étude s’appuie sur le constat d’une évolution qualitative et quantitative du marché du lait en Algérie. Selon l’Apab, si le lait est un produit alimentaire séculaire pour le consommateur algérien, sa production actuelle se mue dans sa diversité. En effet, elle sollicite de nombreux acteurs des secteurs de l’agriculture, de l’industrie, des services et du marché mondial. Elle implique aussi les politiques publiques de régulation du marché et de soutien à la production agricole en subventionnant par exemple le lait en sachet. Ainsi, la dynamique du marché évolue, avec de nouvelles entreprises qui apparaissent, de nouveaux produits ou packaging qui sont mis sur le marché, et des nouvelles stratégies qui se mettent en place.

«Longtemps limité à l’offre des entreprises publiques en lait pasteurisé conditionné en sachet et commercialisé avec un prix soutenu», le marché s’ouvre aujourd’hui à de nombreux producteurs privés qui offrent des produits innovants à des prix libres. Ces entreprises ont aussi introduit sur le marché des produits plus élaborés, comme les boissons lactées ou aromatisées.

La filière du lait conditionné évolue ainsi en suivant les tendances en cours à l’étranger. Cette évolution interpelle et pose plusieurs questionnements que l’étude tente d’éclairer. La méthodologie retenue comprend deux analyses complémentaires à savoir la description de la chaîne de valeur de la filière et l’analyse stratégique du segment «industrie», précise l’Apab.. C’est pour disséquer les différentes constations, recommandations et problématiques posées par ces études, que s’est tenu hier à Alger un séminaire axé sur la «Restitution de l’étude lait et boissons lactées». La filière lait est fortement dépendante dans notre pays, autour de 70%, alors que chez notre voisin la Tunisie, l’autosuffisance a été atteinte dés 1999 et le Maroc couvre ses besoins nationaux à hauteur de 86%.

L’Algérie, dont la consommation de lait s’établit à 130 litres/an per capita, contre 88 en 2011, dispose de 34.000 éleveurs environ. Les entreprises commercialisant ce produit s’élèvent à 778 dont 22% existaient avant l’an 2000. Ce mouvement de création de nouvelles entités s’est poursuivi jusqu’en 2016. Le nombre de laiteries opérationnelles enregistrées en 2014 s’élevait à 175 contre 182 de nos jours avec cinq projets en cours. Leur capacités sont de l’ordre de 2,9 à 3,2 milliards/litres/an. 28% d’entre-elles sont de «très petites laiteries qui produisent moins de 5000 litres/jour et 20% sont de grandes unités qui fournissent plus de 100.000 l/j. vingt entreprises seulement travaillent à pleine utilisation. L’ensemble de ces laiteries emploient 14.000 agents soit plus d’une centaine (105) chacune. Le marché s’ouvre aujourd’hui à de nouveaux producteurs privés qui offrent des produits innovants à des «prix libres». Ces nouveaux capitaines d’industrie du secteur agroalimentaire, ont également investi dans la production et la commercialisation de produits plus élaborés, à savoir les boissons lactées, aux fruits ou encore au chocolat, ce dernier volet ayant dépassé les prévisions les plus espérées et domine de loin le marché. La consommation de boissons lactées est en plein essor grâce notamment à la démographie en hausse, l’urbanisation des populations et l’augmentation du niveau de vie de l’Algérien.

Le niveau de la consommation de boissons lactées se situait aux alentours de 45 millions/l/an en 2015 dont 60% de boissons chocolatées ou aromatisées de différents parfums fruitiers naturels. Ce marché est évalué à 124.100 millions/DA alors que le lait acidulé (L’ben et lait caillé) se fraie le record non négligeable de 79 millions/l/an. Il faut rappeler que le lait en sachet (LPC), cédé à 25Da/l, ne comprend aucune taxe tandis que le lait pasteurisé conditionné bénéficie d’une fiscalité avantageuse. Des intervenants ont regretté la faible intégration du lait local, mais salué le soutien de l’Etat à la production et de l’intégration du produit du terroir.