Il est à peine quatorze heures. L’avenue du Colonel Lotfi qui débouche sur le marché de fruits et légumes des Trois-Horloges à Bab El Oued (Alger), est déjà pleine de monde.
Squattés à nouveau par des jeunes vendeurs, les trottoirs s’avèrent trop exigus pour contenir cette foule compacte qui s’agite dans tous les sens. Les acheteurs trouvent du mal à se frayer un chemin. Les consommateurs sont obligés de se rabattre sur la chaussée, gênant ainsi de nombreux véhicules empruntant cette avenue. Et c’est ainsi depuis la veille du jeûne puisque les habitants de la commune et des quartiers alentours ont, depuis quelques jours déjà, pris d’assaut les artères commerciales pour faire leurs emplettes. La fièvre acheteuse semble avoir gagné particulièrement les ménagères qui ont jeté leur dévolu sur les ustensiles de cuisine pour renouveler leur vaisselle.
Tout s’achète : assiettes, bols, couteaux, fourchettes, cuillères, louches… Apparemment, elles ont l’intention de changer toute leur cuisine. Même que certaines d’entre elles se permettent également de nouvelles tables. En somme, les clients, en majorité des femmes, font d’incessants va-et-vient dans l’espoir de réaliser une bonne affaire. Ce n’est pas chose facile, il est vrai, mais certaines y parviennent tout de même et ne cachent pas leur satisfaction. Considérée comme le cœur de la commune, la place des Trois-Horloges est, elle aussi, noire de monde.
Les vendeurs de l’informel proposent toutes sortes de produits ; des fromages, du jus, du chocolats, des produits laitiers…, et ce, même si la température frôle les 30°C. Des marchands de vêtements se sont convertis en vendeurs d’épices et de condiments, activité très lucrative durant cette période. Bab El Oued connaît également un rush sur le « cherbet », du jus maison qui se vend à 30 DA le sachet. « Sans cherbet, Ramdane n’est pas Ramdane », dira un consommateur qui vient de prendre deux sachets. Pour ce qui est du prix des fruits et légumes, c’est parfois le double.
Ça flambe. « Excessif ! », lance une dame à la face d’un détaillant, commentant les prix affichés sur les étals. La pomme de terre coûte 40 DA le kilo, celle provenant des chambres froides est proposée à 30 DA. La tomate est cédée à 70 DA, les haricots verts à 150 DA, la carotte à 50 DA, la courgette à 80 DA, le poivron et le piment à 120 DA et l’oignon à 45 DA, alors que la laitue qui, habituellement, orne la table, est pratiquement introuvable ou commercialisée à des prix qui dépassent tout entendement. Pour ce qui est des fruits, les pêches coûtent 100 DA, le raisin 250 DA et les pommes 150 DA.
Tandis que les prix de la viande blanche ont connu une augmentation vertigineuse. Le poulet cédé il y a à peine un mois à 200 DA le kilo est proposé à 310 DA et la viande rouge à 1400 DA. Les ménagères et chefs de famille sont désemparés face à cette flambée qui s’accentue en ce début du mois sacré. Les commerçants tirent les prix vers le haut, au grand dam des consommateurs.
Abbas A. H.