Marche des médecins contre la nouvelle loi

Marche des médecins contre la nouvelle loi
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Impressionnante et grandiose la marche qui a été organisée hier à l’hôpital Mustapha- Pacha par les professionnels de la santé publique.

L’espace de cette structure hospitalière s’est avéré trop exigu pour contenir les milliers de médecins de différents corps, venus de plusieurs wilayas afin d’observer cette action de protestation. En tout, se sont six syndicats exerçant dans le secteur de la santé publique, à savoir le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), ceux des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), des maîtres assistants en sciences médicales (SNMASM), des professeurs et docents en sciences médicales (SNPDSM), du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) et enfin le Conseil de l’ordre des médecins.

Ajouter à cela, l’invité- surprise de ce rassemblement, le Collectif autonome des médecins résidents en l’occurrence qui est venu apporter son soutien aux médecins. D’Alger, de Sétif, de Tizi-Ouzou, de Chlef, de Tlemcen, ils sont près de 3 000 professionnels de la santé à avoir investi hier l’enceinte dudit hôpital. Les manifestants ont scandé des heures durant des slogans hostiles au département de Ouled Abbès et surtout contre ce fameux projet de la nouvelle loi sanitaire, de la politique de la santé et de la réforme hospitalière. Cette loi a poussé les syndicats représentant différents corps médicaux à se rassembler en une seule entité. C’est la première fois, après plusieurs années de divergences corporatistes, que ces organisations ont décidé de créer un front commun pour «sauver la santé». «La loi sanitaire sans nous, c’est

fou !!», «y a Abbès y a Abbès, on en a marre des promesses», «santé publique, unité syndicale», «one two tree où va la santé» ou encore «Ould Abbès

dégage !», lit-on sur les pancartes et banderoles brandies par les médecins pour protester contre leur exclusion dans l’élaboration de la nouvelle loi sanitaire. Les revendications socioprofessionnelles de chaque syndicat n’ont pas été omises lors du sit-in. Bulletins de paie en main, les manifestants ont scandé également : «un statut, un salaire, une dignité», «basta à la clochardisation d’une profession noble».

Une prise de parole a été observée à la fin du rassemblement par les protestataires, après avoir marché jusqu’au portail principal de l’hôpital qui a été quadrillé par un important dispositif sécuritaire. Pour Lounès Ghachi, porte-parole du SAP, en grève illimitée, «le ministre de la santé a réussi à rassembler tous les syndicats après avoir échoué à régler les problèmes du secteur». Pour lui, les paramédicaux sont déterminés à aller jusqu’au bout dans leur mouvement de débrayage, qui se poursuivra tant que leurs revendications ne sont pas prises en charge. Le responsable dénonce «l’attitude et la fuite en avant du ministère».

Pour Djidjli de la SNPDSM, les professionnels de la santé «doivent être heureux de la naissance de ce beau bébé (la confédération des syndicats)». Djidjli accuse frontalement le patron de la centrale syndicale de l’UGTA, Sidi Saïd d’«escroquerie» et «de faux et usage de faux», soulignant que cette instance est «un héritage» et ne représente pas les travailleurs de la santé. «À bat l’UGTA», rétorquent les manifestants. Pour le Dr Mérabet du SNPSP, les médecins «doivent être fiers de cette journée historique».

Le responsable dénonce «les intimidations et les menaces» exercées par la tutelle afin de «confisquer» aux médecins le droit de grève. D’après lui, les revendications des praticiens de la santé publique «ne sont pas encore satisfaites, en dépit des multiples promesses de la tutelle». De son côté, le Dr Yousfi du SNPSSP, exige des autorités «le respect des partenaires sociaux dans l’élaboration de la loi sanitaire».

«Sans nous, cette loi sera boycottée. Le ministre est allé négocier avec des syndicats qui ne représentent rien», dit-il. Bekat, du conseil de l’ordre des médecins, dénonce également l’opacité caractérisant la démarche du ministre concernant la concertation initiée autour du projet de la nouvelle loi sanitaire. A rappeler que ces syndicats autonomes se sont retirés au début du mois en cours de la Conférence nationale sur la politique de la santé et ont refusé de participer aux travaux. Une réunion aurait été tenue dans l’après-midi d’hier entre ces syndicats pour décider de la suite à donner à leur action.

Par Hocine Larabi