Tabassés à coups de matraques et coups de pied, les étudiants ont pu franchir, hier, le cordon de sécurité et marcher de la Grande Poste jusqu’à la Présidence de la République.
Ils étaient plus de 20 000, selon un membre de la Coordination nationale autonome des étudiants, qui a appelé à la marche. Arrivés à la Place Audin, située à quelques centaines de mètres de la Grande Poste, les marcheurs Y campent quelques minutes avant de décider de parcourir le boulevard Mohamed V, jusqu’à la présidence.
Ils scandaient tout au long du chemin des slogans hostiles au pouvoir et en faveur de la démocratisation de l’université. Ils tenaient des banderoles sur lesquelles on peut lire «Halte à la répression des étudiants, non à la dévalorisation du diplôme d’ingénieur». La répression était «féroce» et les affrontements ont gagné en intensité entre policiers et étudiants.
À l’aide des matraques, le renfort policier à réussi à diviser les étudiants en deux groupes et les éloigner au maximum de la Présidence et les repousser jusqu’à proximité de l’hôtel El Djazair (ex-Saint- Georges). Une bonne dizaine d’étudiants et au moins cinq policiers ont également été blessés, a-t-on constaté sur place. Le nombre d’étudiants marcheurs a fortement augmenté.
Ils sont désormais plusieurs milliers mais le chiffre est impossible à vérifier. La police a tenté de stopper les manifestants à proximité du Palais du Peuple. À ce niveau, au moins trois étudiants ont été blessés. Les policiers ont fini par renoncer. La marche se poursuit, jusqu’à El Mouradia. La population s’est montrée solidaire avec les marcheurs, des riverains lançaient des bouteilles d’eau depuis leurs balcons. À 12h30, les affrontements étaient à leur paroxysme entre étudiants et policiers à proximité de la Présidence de la République. Les policiers ont bloqué les accès menant à la Présidence, en plaçant leurs fourgons de façon à empêcher aussi les marcheurs que les automobilistes.
À 15h, les étudiants ont quitté les lieux, en affichant de la satisfaction par rapport à leur action. Certains, rencontrés à la fin de la manifestation, estiment avoir brisé un tabou, celui de percer un tel dispositif sécuritaire. Un étudiant de la faculté des sciences politiques et du journalisme dira qu’ « il serait inconcevable de garder Harraoubia à la tête du ministère après cette marche ». De nombreux étudiants, une quarantaine, selon des sources sûres, et cinq policiers ont été blessés durant les affrontements à proximité de la Présidence de la République.
Rebiha Akriche