Le marché de l’économie verte en Algérie ne semble plus être une simple vue de l’esprit ou un dossier de plus à remiser dans le tiroir des décideurs tant le programme gouvernemental ambitionne, théoriquement, de se positionner, par son truchement, comme l’un des fournisseurs de l’Europe concernant certains produits.
Sortant ainsi des “coursives” des salons dédiés au double événement indissociable des énergies renouvelables et son corollaire l’économie verte, tant les deux vont de pair, l’Algérie veut se placer en leader sur la scène continentale et multiplie les initiatives pour mieux s’assurer l’apport technique des grandes puissances dans le domaine. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le soulignant lors de la dernière Conférence africaine sur l’économie verte qui s’est tenue dernièrement à Oran, en considérant que pour réussir une transition vers les économies vertes, il est indispensable de trouver un partenariat international en matière de financement, de transfert de technologie et de tirer profit des expériences réussies et les généraliser à travers la coopération Nord-Sud et Sud-Sud.
Au-delà de l’aspect purement économique, en termes de recettes principalement énergétiques, l’économie verte, de l’avis de tous les économistes, sera l’un des vecteurs fondamentaux de la résorption du chômage dans le monde et, surtout, dans les pays en voie de transition. Ainsi, un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) estime qu’au moins la moitié de la main-d’œuvre mondiale sera touchée par la transition vers une économie dite verte. Le développement de nouvelles technologies, des énergies renouvelables, de modes de production plus propres, ou encore le développement d’une agriculture plus durable sont pressentis, de par le monde, comme étant un nouvel essor pour l’économie mondiale. L’OIT estime également que l’économie verte pourrait créer “de 15 à 60 millions d’emplois supplémentaires à l’échelle mondiale au cours des vingt prochaines années et sortir des dizaines de millions de travailleurs de la pauvreté”. Qu’en est-il alors de l’Algérie ? Les secteurs d’activité touchés par cette transition, particulièrement le développement de nouvelles technologies, celui des énergies renouvelables et d’une agriculture bio concernent, et de près, le pays qui s’inscrit dans une dynamique d’énergie verte à travers un programme lancé en 2011 pour le développement des énergies nouvelles et renouvelables et de l’efficacité énergétique axée sur la mise en valeur des ressources inépuisables, comme le solaire. Comme objectif premier de ce redéploiement des priorités, l’Algérie aspire à produire 40% de son électricité, à l’horizon 2030, à partir des énergies renouvelables et également de se positionner comme fournisseur majeur d’électricité verte en direction du marché européen. Lors de cette conférence africaine, l’occasion a été donnée aux participants de faire une première lecture du dossier et de se situer par rapport aux pays de la rive Nord. Le président d’honneur de l’ONG R 20, Arnold Schwarzenegger, a estimé que le continent noir “dispose de fortes potentialités” pour développer son économie verte, investir en elle et assurer son avenir. Le “Terminator” a également salué les réalisations de l’Algérie dans le domaine du développement de l’économie verte. Pourtant, et même si Oran a été choisie comme la cinquième capitale du R 20 (Régions of climate action), après Los Angeles, Genève, Rio et Pékin, malgré la multiplication des discours de bonne volonté, des rendez-vous thématiques en Algérie, plus précisément à Oran, à l’image du Salon international des énergies renouvelables, des énergies propres et du développement durable, nous sommes encore loin des standards reconnus, ce qui a fait réagir l’économiste Kouider Boutaleb qui a estimé que “l’Algérie ne peut pas rester en marge de ce processus”, mais “qu’avant de parler d’économie verte, il faudra déjà assainir l’économie du pays et avoir une vision sur le long terme”. Il évoquera l’apport régional avec l’implication des collectivités locales pour peu qu’elles soient dotées de moyens financiers et humains suffisants. C’est également ce décalage entre les initiatives locales et la capitale qui est pointé du doigt pour expliquer une mauvaise performance de l’agriculture au Sud capable d’assurer l’autosuffisance alimentaire, sinon d’exporter vers le reste du monde. Mais en l’absence d’une réelle volonté politique des décideurs, l’Algérie perd un énorme potentiel agricole en n’investissant pas assez dans le sud du pays où le rendement à l’hectare est très supérieur par rapport à d’autres régions. Ainsi, des responsables en charge du secteur de l’agriculture dans la wilaya d’Adrar estiment que les produits agricoles en grandes quantités et de qualité supérieure sont susceptibles d’être compétitifs sur le marché international. Cependant, ils déplorent le manque de moyens de transport aériens pour acheminer leurs marchandises et assurer la liaison avec les pays européens pour l’approvisionnement en fruits et légumes. Pourtant des débats sur la nécessité de création de PME spécialisées dans le développement durable dans les toutes prochaines années ont déjà eu lieu. Les interventions d’experts ont mis en exergue l’urgence de l’émergence d’un tissu de PME basé sur l’exploitation des immenses gisements qu’offre l’économie verte en Algérie. Durant ces journées d’informations, on a pu avoir un aperçu des perspectives qu’offre le marché du travail de l’économie verte, notamment pour les femmes, ainsi que dans les secteurs des énergies renouvelables, le traitement des déchets et le recyclage, le transport et la logistique. L’étude de l’agence allemande a relevé, par ailleurs, que près de 600 000 personnes, dont beaucoup de jeunes, travaillaient actuellement en Algérie dans des activités liées à l’économie verte comme le recyclage des déchets ménagers, l’agriculture ou les énergies renouvelables.
Par ailleurs, une étude réalisée par l’agence de coopération allemande au développement (GIZ) estime à plus de 1,4 million d’emplois qui pourront être créés en Algérie à l’horizon 2025 dans des activités liées à l’économie verte. L’étude de GIZ a également révélé que près de 600 000 Algériens travaillent actuellement dans des activités liées à l’économie verte comme le recyclage des déchets ménagers, l’agriculture ou les énergies renouvelables. En 2010, le nombre d’entreprises exerçant ce type d’activités s’élevait à 273 202 unités. 3 407 entreprises activaient dans la récupération et la valorisation des déchets, 1 470 dans la gestion de l’eau, 168 648 dans le bâtiment vert, 68 631 dans la gestion des espaces verts et 30 085 autres dans les services liés à l’environnement, tels que l’audit, les études, le conseil et la formation.
S O