Le marché de l’automobile en Algérie traverse une phase difficile et déterminante pour son avenir immédiat. L’entrée en vigueur du nouveau cahier des charges ne s’est pas faite sans remous. Une confusion sans précédent s’est installée, conjuguée à des interprétations hâtives et diverses de certaines de ses dispositions. S’en est suivi alors un blocage simple et sans appel de toutes les opérations liées à l’importation des véhicules.
L’association de banques (Abef) enfonce le clou, une note transmise aux banques recommande de suspendre toutes les opérations de domiciliation. La panique s’empare de l’ensemble des concessionnaires.
Et alors qu’ils espéraient une réaction positive de la part du gouvernement en vue de débloquer tout au moins la situation des commandes établies avant la mise en application du cahier des charges, ils sont surpris par les dernières déclarations du ministre du Commerce qui annonce la prochaine institution de licences d’importation qui seraient applicables également au secteur de l’automobile et où il soulignait que «certains concessionnaires disposaient de stocks très importants de véhicules non encore vendus et qui continuent d’en importer encore». Autant dire que le gouvernement semble plus que jamais déterminé à passer à une vitesse supérieure dans l’exécution immédiate de son texte publié dans le Journal officiel le 15 avril dernier.
Des «fuites organisées» auraient toutefois laissé planer l’espoir d’une mesure d’apaisement des pouvoirs publics pour permettre une application graduelle avec un délai de grâce pour la mise en conformité de tous les intervenants dans le secteur. La presse a même évoqué un gel de ce document fondateur.
Dans une ultime tentative, l’Association des concessionnaires automobile (AC2A) s’en est même remise, à travers un courrier, au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans lequel elle sollicite une période probatoire de 12 mois pour régulariser toutes les opérations initiées avant la mise en application de ce cahier des charges.
De même qu’elle soulève le problème «des commandes ayant fait l’objet d’ouverture de lettre de crédit après le 23 mars et avant la publication de l’arrêté au Journal officiel et bloquée par la note de l’Abef et dont les véhicules sont en cours d’acheminement». Cette démarche s’est fondée sur un recueil d’informations de base sur les commandes effectuées par les concessionnaires durant ces derniers mois, les homologations obtenues, les agréments d’activité, etc.
Rappelons qu’une douzaine de navires avec leurs cargaisons de milliers de véhicules sont restés immobilisés en rade au large des principaux ports de débarquement, Jijel et Mostaganem, durant près de deux semaines pour un coût global de surestaries qui avoisinerait les 720 000 euros.
A cela s’ajouteraient des frais de stockage en zone sous-douane à raison de 1 euro / véhicule/jour.
Ceci étant, les perspectives du marché de l’automobile sont loin d’être optimistes.
L’incertitude s’intensifie, l’étau semble se resserrer encore plus, une menace insistante plane sur des centaines d’emplois, la crédibilité du pays est, encore une fois, mise à rude épreuve, la raréfaction des produits est de mise chez la plupart des concessionnaires, les commandes sont suspendues à l’exception de quelques rares modèles, la hausse des tarifs poursuit sa lugubre chevauchée, les revendeurs de véhicules d’occasion se frottent les mains, le client algérien voit ses rêves fondre comme la neige du Djurdjura sous le soleil de ce mois d’avril…
B. Bellil