Le problème a fini par atterrir à l’APN avec l’interpellation du gouverneur de la Banque d’Algérie par certains députés au sujet de la non-délivrance par ses services des autorisations nécessaires à l’ouverture de bureaux de change.
Après les bidonvilles, les parkings sauvages et le commerce informel, les pouvoirs publics veulent s’attaquer au marché parallèle de la devise, soupçonné d’être à l’origine de nombreuses affaires de blanchiment d’argent et de trafic de monnaie. Pour ce faire, les services de la Gendarmerie nationale ont effectué, récemment, des opérations coup de poing destinées à démanteler les réseaux activant dans ce créneau, particulièrement au niveau de la capitale.
Pour le premier responsable du groupement d’Alger qui s’exprimait récemment devant la presse nationale, la lutte engagée s’inscrit dans la durée avec pour objectif d’arrêter tous ceux qui tirent profit de cette activité. «Nous avons engagé plusieurs opérations en même temps. Tous les cambistes seront appréhendés. Mieux, nous allons procéder à des enquêtes minutieuses sur les biens des personnes incriminées», a affirmé en substance le commandant Mustapha Tayebi. Et d’ajouter : «Des descentes seront opérées dans tous les lieux où il y a trafic de devises.»
Pour leur part, les services de la police ont resserré l’étau autour des cambistes. Conséquence directe de cette situation, l’euro et, à un degré moindre, le dollar américain ont connu une flambée sans précédent au niveau du marché parallèle de la devise au grand dam des citoyens qui ont pour habitude de se déplacer régulièrement à l’étranger. «Où allons-nous trouver les devises dont nous avons besoin à présent ? Nous n’avons droit qu’à une allocation-voyage de moins de 150 euros par mois, alors que tout un chacun sait que cette somme suffit à peine à couvrir les frais de deux ou trois jours en France», se plaignent-ils.
Le problème a fini par atterrir à l’Assemblée populaire nationale, où le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, a été apostrophé par des députés au sujet de la non-délivrance par ses services des autorisations nécessaires à l’ouverture de bureaux de change officiels. Ce à quoi M. Laksaci a répondu : «La loi régissant cette activité est entrée en vigueur en 1996. Elle permet également aux banques d’ouvrir des bureaux de change en dehors de leurs sièges.»
Selon lui, aucune demande n’a été formulée dans ce sens. «Nous sommes prêts pourtant à accorder le feu vert à ceux qui sont intéressés pour investir dans ce créneau», a-t-il poursuivi. Une question dès lors s’impose : qu’est-ce qui empêche l’ouverture de bureaux de change dans notre pays ?