Marche de la CNCD,Un air de déjà vu

Marche de la CNCD,Un air de déjà vu

La place du 1er-Mai, d’où devait s’ébranler la manifestation vers la place des Martyrs, était dominée par la couleur bleue, et ce dès le début de la matinée. Elle était quadrillée par d’importantes forces de sécurité.

Vers 10 heures, Me Ali Yahia Abdenour arrive. C’est le premier membre de la CNCD à être aperçu sur les lieux. Le premier groupe de manifestants qui a réussi à se rassembler non loin de la place du 1er-Mai a été dispersé par la police et refoulé vers un autre quartier.

Dans une déclaration au Jeune Indépendant, Me Ali Yahia Abdenour dit : «Aujourd’hui, c’est la marche du peuple, et personne ne réussira à la récupérer. Malgré un important dispositif déployé par les autorités, ces jeunes sont arrivés à la place du 1er-Mai, ce qui veut dire que personne ne pourra arrêter la volonté populaire.» Et d’ajouter : «C’est de notre droit d’organiser une marche pacifique pour demander une liberté d’expression. Le régime actuel a marginalisé la société depuis plus de 20 ans.»

L’infatigable militant des droits de l’homme a estimé que «le nombre des forces de l’ordre déployées dépasse les 40 000 policiers».

Au fur et à mesure que le temps passe, le nombre de manifestants augmente. Les policiers qui ont formé un cordon hermétique repoussaient les manifestants vers d’autres ruelles. Les manifestants se sont retrouvés à passer d’une ruelle à l’autre dans l’espoir de trouver un moyen de rejoindre la place du 1er-Mai, lieu de départ de la marche.

A 11 heures, heure prévue pour le début de la marche, il n’y avait que des groupes épars bloqués par un arsenal policier.

A ce moment-là, un groupe de jeunes scandant des slogans pro-Bouteflika entre en scène en brandissant des portraits du Président. Certains donnent le chiffre de plusieurs centaines. M. Badaoui Mohammed, président du comité des libertés syndicales, a refusé de s’exprimer au nom de la CNCD, mais il a indiqué que «les autorités ont donné des ordres aux policiers de disperser les manifestants pour rendre insignifiante la marche à l’opinion publique nationale et internationale. En vérité, le nombre de participants est largement supérieur à celui de la marche précédente». Selon lui, «l’initiative politique a démontré encore une fois que le mur de la peur est tombé. Et elle doit être prise en charge».

Une rumeur selon laquelle Me Ali Yahia Abdnour avait été interpellé a circulé. Finalement, celui-ci, présent avec les manifestants, a déclaré : «Je suis debout avec le peuple malgré mon âge avancé, je vais continuer le combat pour le changement du système et pas un changement dans le système.»

Il a ajouté : «Nous sommes des citoyens qui veulent libérer la liberté. Personne ne peut arrêter la marche de l’histoire. Personne ne peut empêcher la rue de se révolter.»

Mohammed Zerrouki