La Coordination nationale pour le changement et la démocratie ne cesse d’accumuler des échecs. Fragilisée par le retrait de plusieurs associations et syndicats, la CNCD aile partis politiques, n’a pas fait sortir le peuple dans la rue comme elle prétendait le faire.
L’appel à la marche qu’elle avait lancée pour hier a été boycotté par le peuple. Mobilisation faible, la nouvelle CNCD s’est suicidée hier à la place des Martyrs. Cette troisième tentative de la CNCD d’organiser une marche dans la capitale a drainé quelques dizaines de personnes, nettement moins que les rassemblements du samedi 12 et samedi 19 février. Les manifestants se réduisent comme peau de chagrin. Récit d’une journée ordinaire à Alger :
La marche prévue de la Place des Martyrs au 1er Mai a été avortée avant l’heure de son départ. A 10h, le premier groupe, une quarantaine à peu près, qui voulait se regrouper sur le boulevard Ziroud Youcef a été rapidement dispersé par les forces de l’ordre. La Place des Martyrs est entièrement barricadée par la police anti-émeutes. Cette dernière n’a pas fourni beaucoup d’efforts, contrairement aux manifestations précédentes. Le peu d’engouement a bien facilité la tâche des policiers. La circulation automobile n’a pas été bloquée sur ce grand boulevard.
Le dispositif déployé pour empêcher cette troisième manifestation était moindre cette fois-ci. A 10h30, Saïd Sadi est violemment bousculé par une nuée de policiers. Après avoir essayé de monter sur un véhicule de police pour parler à ces militants, il est violemment renversé par des policiers. « Y a Saadi rouh el darek, Bouteflika matchi Moubarak (Said Sadi rentre chez toi, Bouteflika n’est pas Moubarak», scandaient un groupuscule de jeunes. Saïd Sadi et ses partisans ont été repoussés par la police vers les escaliers de la Place des Martyrs. «Nous serons ici autant de fois qu’il faudra jusqu’à ce que le peuple algérien puisse marcher librement dans son pays», a déclaré le président du RCD à la presse.
A 11h, l’heure prévue pour la marche, la police maîtrise la situation. Les manifestants étaient bloqués sur le trottoir du boulevard. Un groupe de manifestants s’est formé sur le boulevard Che Guevara, mais il est vite dispersé par les policiers. Ces derniers ont adopté la même technique que celle des marches précédentes ; à chaque fois qu’un groupe de manifestants se forme, les forces de l’ordre tentent de le disperser. Le député du RCD, Mohammed Khandek, a été blessé lors de la manifestation. Il a été évacué à l’hôpital Mustapha-Pacha. Le scénario de la marche du 19 février a été réédité hier. Des jeunes du quartier populaire de Bab El Oued organisent une contre-manifestation. Brandissant des pancartes avec des slogans insolites comme «le peuple veut zetla gratos» ou encore des vulgarités et grossièretés, ils ont lancé des projectiles en direction des manifestants. Les forces de l’ordre qui formaient un cordon de sécurité ont séparé les deux antagonistes. Présent sur les lieux, le doyen des avocats algériens, Ali Yahia Abdenour, s’est adressé à la presse. Selon lui,
«le pouvoir veut faire baisser les prix des produits alimentaires pour calmer le front social. C’est une erreur. Le peuple n’est pas un tube digestif. La levée de l’état d’urgence et le changement de gouvernement ne changeront rien.
On veut un changement du régime et non un changement dans le régime. Nous continuerons à manifester chaque samedi jusqu’à ce que le régime tombe !» Contrairement aux manifestations précédentes, on ne signale aucune arrestation parmi les manifestants. A 13h00, la manifestation est quasiment terminée. Les quelques manifestants restés sur place ont été dispersés progressivement. La semaine dernière, la CNCD s’est scindée en deux. Les membres fondateurs de la CNCD (LADDH, Snapap, CLA, Satef, SOS Disparus et Algérie Pacifique) ont décidé de ne pas prendre part à la marche organisée hier par la nouvelle CNCD.
Par Hocine Larabi
Le FFS organise un meeting à Alger le 4 mars
Le front des forces socialistes (FFS) envisage d’organiser un meeting populaire le vendredi 4 mars à la salle Atlas de Bab El Oued, a indiqué un communiqué du parti, rendu public hier.
À travers ce meeting, le plus vieux parti d’opposition entend lancer un travail de terrain et de sensibilisation pour mobiliser ses troupes. Le FFS se penchera, lors du prochain meeting, sur la situation politique du pays à la lumière des derniers développements. A rappeler que le FFS s’est retiré de l’ex-Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), après avoir pris part à la première réunion de ladite organisation.
H.L.