De grandes quantités de fruits et de légumes sont jetées quotidiennement au niveau du marché de gros des Eucalyptus. Depuis le début du mois sacré, intervenant en plein août, ce marché procède à la destruction de 690 tonnes de légumes et de 780 tonnes de fruits chaque jour.
Cette quantité représente 30% des approvisionnements en la matière. Cette année, les tonnes jetées sont plus importantes que celles de l’année dernière à la même période. Le principal facteur à l’origine de cette «grande perte» est la forte chaleur observée durant ces derniers jours.
«C’est l’été. La plus grande quantité jetée est celle des fruits, des produits facilement périssables et à faible résistance à la chaleur», affirme Mohamed Mestoumi, chef de département exploitation et de contrôle de l’activité commerciale au niveau de ce marché.
La laitue, la tomate, la courgette, les oignons, la pêche, l’abricot, la pomme sont les principaux produits jetés et détruits après trois jours de conservation maximale. «Il y a des produits qui nous viennent des frigos. En général, on stocke ces aliments durant trois jours au maximum en fonction de leur état. S’ils ne sont pas vendus au bout de cette période, ils sont jetés», a-t-il expliqué.

Pourtant, la production a été très forte cette année et s’est matérialisé, sur le terrain, par une large disponibilité de toutes sortes de produits. Le volume des quantités réceptionnées par ce marché depuis le début du mois de Ramadhan en sont la meilleure preuve.
Ainsi, 2300 tonnes de légumes et 2600 tonnes de fruits sont reçus quotidiennement au niveau de ce marché qui connaît une affluence record des mandataires et alimente les wilayas du territoire national. «Il faut avouer que c’est une perte sèche pour tous les acteurs de la chaîne, qu’ils soient agriculteurs ou mandataires.
Nous avons enregistré une production de très bonne qualité et en quantité et écoulé beaucoup de marchandises. Le manque de réseaux de récupération, de conditionnement et de conservation sont les maillons faibles de la chaîne de commercialisation des fruits et légumes», a-t-il encore expliqué.
En dehors de quelques transformateurs industriels qui viennent récupérer les fruits pour la fabrication des boissons, ou la tomate en conserve, aucune chaîne de conservation n’est opérationnelle chez nous. Un créneau complètement délaissé en dépit de son importance.
Appel à l’intervention de l’Etat
«L’Etat doit intervenir pour trouver une solution à ce problème. Ce sont des pertes astronomiques que nous faisons quotidiennement car nous ne trouvons pas preneur à cette marchandise.
La conservation nécessite une technicité et un savoir-faire pointu mais il faut s’y mettre», ajoute notre interlocuteur, soulignant que ces produits peuvent être utilisés comme engrais ou être récupérés par les éleveurs d’animaux.
A propos de l’évolution des prix durant cette première quinzaine du mois de ramadhan, M. Mestoumi relève une certaine stabilité depuis une semaine.
«Il y a eu une effervescence durant les deux semaines avant et après le Ramadhan, mais là, ça a stagné à des prix abordables», affirmant que «la perte des fruits et légumes n’est pas due à la hausse des prix affichés» par les mandataires. «Ni l’agriculteur, ni le mandataire ne peuvent cautionner les pertes des produits, surtout lorsqu’il y a abondance. Ils sont les principaux perdants et ça ne les arrange pas de maintenir les prix hauts sachant qu’il n’y a pas preneur. Ce n’est pas le cas des détaillants qui manipulent les prix à leur guise», a-t-il souligné.
La grosse perte de cette année a été enregistrée dans la commercialisation de l’abricot. «Il y a eu une production record et d’une excellente qualité de l’abricot, qui n’est même pas arrivée sur le marché vu qu’elle s’est détériorée avant sa récolte.
C’est un produit très fragile, le manque de moyens de conservation et un petit retard dans la récolte peut tout détruire».
Il est à rappeler que pour une meilleure régularisation du marché, le président de la République a demandé la généralisation du dispositif Syrpalac afin d’éviter les pénuries et assurer un approvisionnement régulier des produits de large consommation. Le fait de jeter les fruits et légumes fera avorter sans doute tous les efforts déployés pour organiser le marché et développer le secteur de l’agriculture.
N. B.