Loin d’être un simple rebond conjoncturel, le mouvement actuel sur le marché automobile algérien prélude à un basculement tangible.
Dans un contexte marqué par l’absence quasi totale d’importations commerciales, c’est l’essor des véhicules importés par les particuliers, notamment depuis la Chine, qui fait bouger les lignes.
En quelques mois, la chute des prix sur le segment importé a redonné de l’air aux acheteurs. Mais derrière cette éclaircie, une question demeure. Ce phénomène suffit-il à redéfinir durablement le marché local ?
Le marché automobile reprend son souffle, porté par les importations de Chine
Depuis le gel de l’assemblage en 2019 et l’arrêt des importations commerciales de véhicules neufs, le marché automobile en Algérie s’est retrouvé sans véritable canal officiel d’approvisionnement. Cela a provoqué une envolée des prix, tant pour les véhicules neufs que pour les occasions, via l’effet de rareté.
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L’offre étant réduite à celle des particuliers important eux-mêmes des voitures, ce contexte a alimenté la spéculation. Toutefois, la donne commence à changer :
- Les importations individuelles de voitures chinoises sont en plein essor grâce à des écarts de prix significatifs vis-à-vis des modèles européens.
- Les autorités douanières ont révisé certains barèmes et simplifié les procédures de dédouanement afin de « réduire les délais et coûts de dédouanement des véhicules importés par les particuliers ».
- Cette configuration a permis une baisse palpable des prix récents sur le marché local.
Par exemple, un modèle comme la Volkswagen Passat essence (1.5 TSI) est passé d’environ 8,5 millions de dinars à moins de 7,8 millions. Pour un SUV chinois comme la Geely X3 Pro, le tarif est passé de 4,1 millions à 3,65 millions de dinars selon le média L’Algérie Aujourd’hui. Ces ajustements illustrent une baisse de 200 000 à plus de 600 000 DA selon les modèles.
La stratégie chinoise : d’abord l’Europe, puis l’Afrique, et maintenant l’Algérie
Les constructeurs chinois ne se contentent pas d’être compétitifs. Ils déploient une véritable stratégie mondiale. Selon Jato Dynamics et Motor Finance Online, leur percée en Europe est spectaculaire ! Les marques chinoises ont doublé leur part de marché en un an, atteignant 5,9 % des immatriculations en mai 2025, contre 2,9 % douze mois plus tôt.
Par ailleurs, des groupes comme BYD, MG, Chery ou Xpeng mènent cette offensive en investissant massivement dans les usines et les concessions du Vieux Continent, d’après Reuters.
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Sur le continent africain, un rapport cité par 36Kr Europe indique que plus de 222 000 voitures chinoises ont été vendues dans plusieurs pays africains au cours des premiers mois de 2025, l’Algérie figurant parmi les marchés les plus dynamiques.
En somme, la présence chinoise dans l’automobile algérienne n’en est plus au stade des intentions. Entre projets industriels concrets, volumes d’importation en hausse et stratégie d’expansion bien rodée, Pékin s’impose désormais comme un acteur clé du nouvel équilibre du marché automobile national.
Pourquoi ce virage profite au consommateur algérien et quels sont les verrous persistants ?
Sur le terrain, l’impact de cette ouverture se fait déjà sentir, avec plusieurs retombées concrètes pour les automobilistes et le marché local :
- Diminution des prix : le retour à des tarifs plus « raisonnables » redonne du pouvoir d’achat.
- Diversification de l’offre : la concurrence chinoise stimule les revendeurs locaux et réduit l’emprise des « opportunistes-revendeurs ».
- Un soulagement : en l’absence d’une offre nationale suffisante, cette voie import permet de répondre à une demande longtemps insatisfaite.
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Cependant, à moyen terme, pour que ce marché retrouve un fonctionnement fluide, plusieurs conditions devront être remplies :
- L’ouverture et la régularisation des importations commerciales via des concessionnaires agréés.
- Le développement d’un service après-vente crédible, avec garanties et pièces détachées.
- La montée en puissance de la production locale, pour réduire la dépendance à l’importation.
- Une régulation efficace pour éviter que le redressement ne profite qu’à un cercle restreint d’opérateurs.
Sans ces facteurs, l’Algérie pourrait rester dans une logique d’import-remédiation, plutôt que de véritable relance industrielle.
