Marchandages de listes électorales,La CNSEL favorable à l’ouverture d’une enquête judiciaire

Marchandages de listes électorales,La CNSEL favorable à l’ouverture d’une enquête judiciaire

Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA), a jeté un pavé dans la mare. Ses récentes déclarations, dans lesquelles il avoue ouvrir grandement les portes de son parti aux plus offrants parmi les candidats aux prochaines législatives, n’ont laissé indifférents ni le ministère de l’Intérieur ni les représentants de la Commission nationale de surveillance des élections législatives (CNSEL).

S’agissant du département d’Ould Kablia, la réaction de Mohamed Talbi, le directeur des Affaires juridiques et des libertés publiques, a consisté à dénoncer ce qu’il qualifie de «business des listes électorales», tout en interpellant les membres de la CNSEL pour prendre les mesures appropriées.



Du côté de la commission, son président Mohamed Seddiki a évoqué, hier, et pour la première fois depuis son installation, la nécessité d’ouvrir une enquête judiciaire sur cette pratique de «business des listes électorales» qui s’inscrit à contrario de l’esprit et de l’éthique politique.

«A partir du moment où Mohamed Talbi, le représentant du ministère de l’Intérieur, a publiquement dénoncé cette pratique, nous considérons qu’il est utile que la justice se saisisse de cette affaire», a soutenu hier le président de la CNSEL, contacté par nos soins. Il poursuit en affirmant que lui-même et les autres membres de la CNSEL n’ont en leur possession «aucune preuve matérielle» pouvant certifier le marchandage des listes électorales.

Il insiste toutefois sur le recours à une enquête judiciaire pour lever le doute et tirer au clair les équivoques et autres imbroglios qui ont mené l’opinion publique à accuser les partis politiques de «vendre» les places les plus prisées des listes électorales.

100 à 500 millions de centimes pour figurer sur la liste du FNA

Pour en revenir aux propos du président du FNA, Moussa Touati, il a clairement soutenu au cours d’une conférence de presse qu’il a animée la semaine écoulée à Alger que «les candidats désirant se porter sous la bannière du parti doivent émettre sur le compte bancaire du FNA des montants oscillant entre 100 et 500 millions de centimes qui seront déboursés dans le cadre du financement de la campagne électorale».

De tels propos ont suscité moult commentaires de la part des observateurs qui n’ont pas hésité à qualifier cette manière de glaner des ressources au profit du FNA «de vente aux enchères pure et dure».

Il reste que le financement des partis politiques, toutes tendances confondues, reste une problématique difficile à solutionner, tant la majorité des formations formant l’échiquier national font de ce volet un secret bien gardé. Certains partis d’obédience islamiste en lice ont été récemment accusés de recevoir des aides financières à partir de l’étranger, ce qui est interdit et sévèrement puni par la nouvelle loi relative au régime électoral.

L’accusation s’est érigée, rappelle-t-on, en véritable polémique relayée des jours durant par des écrits de presse, à telle enseigne que le ministre de l’Intérieur avait décidé de lance une enquête.

Sa décision, annoncée pompeusement, s’est limitée hélas à un simple effet d’annonce, puisque le même représentant du gouvernement n’a plus rebondi depuis sur le sujet.

L’inscription des militaires tranchée aujourd’hui

L’affaire de l’inscription de milliers de militaires sur les listes électorales après l’achèvement des délais de révision exceptionnelle du fichier électoral sera tranchée aujourd’hui au niveau de la Commission nationale de la surveillance des élections législatives. «Nous allons tenir une réunion aujourd’hui pour le traitement de cette affaire», a révélé, hier, Mohamed Seddiki.

Il affirme, par ailleurs, que la commission qu’il dirige a achevé sa structuration des 48 wilayas du pays et que l’étape à venir sera celle de l’installation des sous-commissions au niveau communal.

K. A.