Le secteur de la santé est en perpétuelle effervescence. Praticiens et spécialistes, reçus hier par la commission santé de l’APN, poursuivent leur grève entamée il y a plusieurs semaines et tiennent aujourd’hui des rassemblements à travers le territoire national pour exprimer encore une fois «le ras-le-bol d’une corporation blessée dans son amour-propre et sacrifiée en l’absence de prise en charge effective de ses revendications légitimes».
Les paramédicaux, qui sont à leur troisième jour de grève, promettent, pour leur part, de durcir le ton en attendant l’issue de la rencontre qui aura lieu aujourd’hui avec les responsables du ministère, alors que les hospitalo-universitaires ont décidé à la faveur de leur assemblée générale d’interpeller le ministre de la Santé qui a décidé «unilatéralement de suspendre les activités complémentaires», auquel cas ils menacent de rallier la protesta.
Fortement mécontents suite à l’interdiction par le ministère de la Santé aux chefs de service d’entreprendre des activités complémentaires dans le secteur privé, les hospitalo-universitaires menacent de recourir à la protesta.
Réunis hier en assemblée générale, les adhérents au Syndicat national des maîtres assistants, docents et professeurs en sciences médicales (SNPDSC) ont décidé d’interpeller M. Barkat en premier lieu sur «la suppression de façon unilatérale des activités complémentaires».
Joint hier par téléphone, le président du syndicat, le professeur Nacer Djidjeli, dénonce cette décision «prise sans notre consentement». «Nous sommes des partenaires sociaux à part entière», peste-t-il avant de préciser que le ministre veut pousser les professeurs au conflit. «Nous allons l’interpeller dans les meilleurs délais, auquel cas le recours à d’autres actions de protestations reste le seul moyen», explique Nacer Djidjeli.
Un mouvement de protestation qui va s’amplifiant, menaçant ainsi de paralyser totalement le secteur déjà sérieusement perturbé par les grèves de l’intersyndicale (SNPSP-SNPSSP) et du Syndicat des paramédicaux (SAP) en grève depuis trois jours.
«Si d’ici la fin du mois la tutelle ne se décide pas à engager des négociations sérieuses avec nous pour prendre en charge nos revendications, nous déclencherons une grève illimitée», avait menacé au premier jour de grève, le porte-parole du syndicat, Lounes Ghachi. Une délégation du SAP devra être reçue aujourd’hui par les responsables du ministère pour tenter de dénouer la crise.
Du côté des praticiens et des spécialistes, soutenus dans leur action par les syndicats des psychologues (Snapsy), de l’éducation (Cnapest et Unpef) et les groupes parlementaires du MSP, du PT et du RCD, la radicalisation du mouvement est de mise. La commission santé et affaires sociales de l’APN a reçu une délégation de l’intersyndicale hier dans la soirée.
Des rassemblements à travers le territoire national sont par ailleurs prévus pour aujourd’hui pour dénoncer une énième fois «toutes les formes d’entraves au libre exercice du droit syndical et du droit de grève».
Ces derniers, qui promettent «des actions plus sévères pour se faire entendre», réclament notamment le respect des engagements du ministère de la Santé de faire aboutir le statut particulier dans sa forme adoptée en commission mixte le 30 mars 2008 et la mise en place d’une commission mixte pour le régime indemnitaire.
Tous les ingrédients sont réunis pour un «cataclysme» total qui ébranlera le secteur de la santé, d’autant plus que la plupart des dirigeants syndicaux ont émis le vœu de converger leurs efforts vers «une large intersyndicale» à même de faire plier la tutelle «qui se mure dans un silence profond».
S. M.