Marasme à l’université,Des milliers d’étudiants assiègent le ministère

Marasme à l’université,Des milliers d’étudiants assiègent le ministère
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Le mouvement de contestation des étudiants s’amplifie et s’élargit à d’autres université du pays. Hier, ils étaient près de 3 000 étudiants venus des quatre coins du pays à investir le siège du ministère de l’Enseignement supérieur à Ben Aknoun.

Outre les étudiants de huit grandes écoles en grève depuis plus d’un mois, les étudiants de la Faculté des sciences humaines de Bouzaréah, de l’Institut d’éducation physique et sportive, ont rejoint le mouvement de protestation. Les facultés qui n’étaient pas touchées par la grève intègrent le mouvement. Ni la matraque ni les dernières mesures adoptées lors du dernier Conseil des ministres, dont l’abrogation du décret 10-315, n’ont suffi pour dissuader les étudiants à continuer dans le chemin de la contestation.

La mobilisation est toujours intacte. Le département de Harraoubia, qui a annoncé l’abrogation du décret et la tenue d’ateliers de travail pour mettre en place les correspondances entre l’ancien et le nouveau système, est assiégé chaque jour davantage. Les étudiants hissent le smig de leur revendication. Outre l’annulation immédiate dudit décret et le départ du ministre de tutelle, ils exigent l’amélioration de leurs conditions socio-pédagogiques. Le mal est plus profond à l’université. «Le décret n’était qu’un déclencheur.

Nous avons d’autres revendications qui n’ont pas été évoquées par la tutelle. On demande l’amélioration de nos conditions d’études et une université performante», nous explique Hafid, étudiant en quatrième année à l’Institut national de commerce. Au départ, ce fut le décret présidentiel de décembre 2010 qui a mis le feu aux poudres. Ensuite, la contestation s’est propagée tant et si bien que chaque université ou école supérieure vient avec sa propre plate-forme de revendications.

Les étudiants de la Faculté de Bouzaréah sont venus également exprimer leur ras-le-bol. Ces deniers ont soulevé d’autres problèmes liés à l’insécurité à l’intérieur de leur campus et à l’indisponibilité des livres à la bibliothèque. Les étudiants de la faculté de Dely Brahim sont montés également en créneau. Ils dénoncent vigoureusement le système LMD.

«Nous demandons la revalorisation de nos diplômes. Le système d’équivalence mis en place est discriminatoire. J’ai étudié quatre ans à la fac pour avoir un diplôme bac+3. C’est inamissible !», déplore Walid, étudiant en quatrième année d’éducation physique et sportive. «Nous évoluons dans des conditions catastrophiques à la résidence universitaire ou à la fac», poursuit-il. Les étudiants dénoncent le traitement que réserve le ministère de tutelle à leurs revendications. Rachid Harraoubia a récemment promis de prendre en charge le dossier de l’équivalence des diplômes entre le système LMD et le système classique. Il a élaboré, en ce sens, un planning qui s’étale sur trois phases, du 27 février au 27 mars.

Les étudiants estiment que cette initiative a visiblement échoué. L’abrogation du décret présidentiel n°10-315, lors du dernier Conseil des ministres est loin de calmer les étudiants. «La décision ne peut être effective qu’après sa publication au Journal officiel», précise Azzedine, étudiant à l’École nationale supérieure des statistiques et d’économie appliquée (Enssea, ex-Inps).

«Le ministre se confine à un silence radio. Il n’a même pas daigné nous rassurer pour qu’on reprenne les cours», fait remarqué l’étudiant. A noter, enfin, que les étudiants de huit grandes écoles tiendront demain une réunion afin de décider de la suite à donner à leur mouvement de contestation. Un rassemblement à la place de la Liberté de la presse, rue Hassiba Ben Bouali, ou une marche vers le siège de la présidence de la République n’est pas à écarter.

Par Hocine Larabi